Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, trois pays dirigés par des régimes militaires et regroupés au sein de l'Alliance des Etats du Sahel (AES), ont annoncé leur volonté de renforcer leur coopération, à l'occasion d'une réunion de leurs Premiers ministres à Niamey. «Nous avons décidé à partir de cet instant de tenir des commissions de coopération unifiées pour les trois pays», au lieu de commissions bilatérales sur le sujet, a affirmé le Premier ministre nigérien Ali Mahaman Lamine Zeine. Selon Zeine, les trois Etats ont aussi décidé que «tous les projets et programmes structurant (communs) seront mis sur la table très rapidement» pour être examinés, citant notamment une autoroute et un chemin de fer entre ces trois pays voisins arides et enclavés. Zeine tenait une conférence à Niamey aux côtés de ses homologues du Mali, Choguel Maïga et du Burkina Faso, Apollinaire Kyélèm de Tambéla. Maïga et Tambéla sont arrivés vendredi à Niamey pour une visite de travail de trois jours et ont participé à une manifestation célébrant le départ des militaires français du Niger. Les trois pays, tous minés par des violences terroristes récurrentes et où des militaires sont arrivés au pouvoir par des coups d'Etat, entre 2020 et 2023, et ont tourné le dos à la France, ancien allié historique. Maiga et Tambéla ont également vivement critiqué samedi la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) qui a imposé de lourdes sanctions après les coups d'Etat. «Si notre peuple dit +nous voulons être gouvernés par un militaire, pourquoi nous allons le refuser ? Pourquoi la Cedeao doit avoir son oeil sur la façon dont nous devons nous gouverner ?», a lancé le premier ministre burkinabè. Son homologue malien a de son côté encouragé le projet de fédération entre les trois pays, appelant à la persévérance.»Nos adversaires sont convaincus que les Africains ne peuvent pas tenir (sur) une course de longue haleine», a-t-il affirmé. Des milliers de personnes ont célébré également le départ, il y a une semaine, des derniers militaires français déployés au Niger, en présence des Premiers ministres nigérien, burkinabé et malien. Ce rassemblement «marque la fin» des «sit-in» commencés «le 2 septembre devant la base» aérienne de Niamey, répétés «jusqu'au départ des forces françaises», a expliqué Adamou Issa, un membre de la société civile. Des concerts, des spectacles d'acrobates et d'habituels slogans anti-français ont accompagné le rassemblement. Les drapeaux du Niger, du Burkina Faso, du Mali et de la Russie, dont les trois pays sahéliens se rapprochent, étaient visibles. Suite à la dénonciation par le régime nigérien de plusieurs accords militaires qui reliaient Niamey à Paris, la France a officiellement terminé le retrait de ses quelque 1.500 militaires, mettant fin à dix ans de lutte antiterroriste française au Sahel. Dans cette région, le Niger était l'un des derniers alliés de Paris avant le coup d'Etat du 26 juillet qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum. Le Tchad, pays voisin du Niger, abrite toujours le commandement des forces françaises au Sahel.