Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken rencontrait hier le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dans le cadre d'une intense tournée centrée sur les moyens d'éviter un embrasement régional du conflit dans la bande de Gaza, avant de se rendre auprès de l'entité sioniste. Cette tournée - sa quatrième depuis le début de ll'agression sioniste le 7 octobre - l'a déjà conduit en Turquie, en Grèce, en Jordanie, au Qatar et aux Emirats arabes unis. A Abou Dhabi, Blinken a évoqué avec le président des Emirats arabes unis, Mohammed ben Zayed, la situation à Ghaza et au Soudan en guerre, selon le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller. Il «a souligné l'importance de répondre d'urgence aux besoins humanitaires à Ghaza» et a remercié les Emirats pour «leur importante contribution à l'acheminement de l'aide humanitaire aux civils» de Ghaza, a déclaré le porte-parole. Blinken a insisté, selon le porte-parole, sur la nécessité «d'empêcher que le conflit ne s'étende davantage» et rappelé l'engagement de Washington à assurer «une paix durable qui garantisse la sécurité d'Israël et favorise la création d'un Etat palestinien indépendant». Blinken devait se rendre dans la soirée à Tel-Aviv en vue d'entretiens avec les responsables sionistes qui s'annoncent tendus, puis en Cisjordanie occupée mercredi, et en Egypte.»C'est un moment de profonde tension dans la région. C'est un conflit qui pourrait aisément se métastaser causant encore plus d'insécurité et plus de souffrances», a averti Blinken dimanche soir à Doha, au Qatar, alors que la guerre est entrée dans son quatrième mois. L'objectif de la tournée de Blinken est triple, selon des responsables américains: éviter une escalade et notamment que les tensions entre l'entité sioniste et le Hezbollah libanais, allié de l'Iran, ne débordent hors de contrôle, presser l'entité sioniste d'entrer dans une nouvelle phase de son agression militaire à Ghaza «moins coûteuse en vies palestiniennes», et engager un dialogue «difficile» sur l'après-guerre. Face à un bilan qui dépasse désormais les 22.800 morts dans la bande de Ghaza selon le gouvernement du Hamas, le secrétaire d'Etat américain estime «particulièrement important que dans la mesure où les opérations (militaires) continuent, elles soient conçues pour protéger les civils et permettre d'acheminer l'aide humanitaire. Blinken s'efforce aussi de voir comment chaque pays pourrait contribuer dans la période d'après-guerre, que ce soit en matière de reconstruction à Ghaza ou sa gouvernance. Au cours des «discussions jusqu'à présent, nos partenaires affichent la volonté d'avoir ces conversations difficiles et de prendre des décisions difficiles», a-t-il souligné. C'est notamment le cas de la Turquie et des pays arabes même s'ils réclament avant tout publiquement l'arrêt des combats et un cessez-le-feu durable, souligne-t-on du côté américain. En Arabie saoudite, les entretiens dans la ville historique d'Al-Ula entre Blinken et le prince Ben Salmane, dirigeant de facto du royaume, devaient notamment porter sur les attaques que mènent les Houthis du Yémen contre les navires marchands en mer Rouge en soutien aux Palestiniens. Par ailleurs, s'il n'est pas question d'une reprise des discussions sur une éventuelle normalisation saoudo-sioniste, sous les auspices des Etats-Unis, le sujet n'en demeure pas moins en arrière-plan. Les Etats-Unis n'ont pas perdu de vue l'objectif à terme et la rencontre avec Mohammed ben Salmane devait permettre de sonder les Saoudiens, selon un haut responsable américain. Le royaume, gardien des premiers lieux saints de l'islam, n'a pas adhéré aux accords d'Abraham de 2020, négociés par les Etats-Unis, qui ont permis à Bahreïn, les Emirats arabes unis et le Maroc, d'établir des liens officiels et très engagés avec l'entité sioniste.