Le discours tenu avant-hier par Ahmed Attaf à la réunion du Conseil de sécurité était remarquable. Dans le fond, comme dans la forme, l'allocution du ministre des Affaires étrangères n'a pas laissé indifférent ceux qui l'ont suivie. Et ils étaient nombreux, dans le Monde arabe, notamment à suivre cette réunion de haut niveau du Conseil de sécurité sur la question palestinienne. L'Algérie a pris part à cette réunion comme seul membre arabe du Conseil de sécurité. D'où l'importance et la singularité du plaidoyer de Attaf à New York. Pas uniquement pour le fait que la cause palestinienne a eu droit à cette réunion de l'organe onusien, mais aussi pour suivre le plaidoyer de l'Algérie pour le peuple palestinien. En la matière, l'Algérie a réussi la partie. Ce qui confirme que son accession au Conseil de sécurité n'a pas pour mission de chauffer un siège de cette Assemblée. Preuve en est, les échos suscités dans d'autres contrées, en Palestine et ailleurs. En plus de sa tonalité, le discours de Ahmed Attaf était surtout porteur de propositions. La principale consiste en l'organisation d'une Conférence internationale pour la paix, sous l'égide des Nations unies. Ce n'est pas la première fois que l'Algérie défend cette proposition. Mais sans doute que le contexte lui confère davantage de légitimité au vu de ce qui se passe depuis le 7 octobre dernier. Pour Alger, il sera convenu, à l'issue de cette conférence, de mettre fin au conflit arabo-israélien de manière définitive. Celle-ci sera conforme aux résolutions de la légalité internationale, et de mettre en oeuvre la solution à deux Etats «sous la surveillance rigoureuse, le suivi étroit et la garantie sûre» de la Communauté internationale. On aura ainsi noté que le conflit, contrairement aux discours de l'Occident et ses médias, n'oppose pas l'entité sioniste à Hamas. En plus d'avoir remis les mots justes du conflit, l'Algérie a plaidé pour l'adoption d'une nouvelle approche. Celle qui vise à relancer l'option de la paix et parvenir à un règlement «équitable et inclusif» de la cause palestinienne. Attaf a ainsi mis l'accent sur l'impératif de riposter fermement aux appels sionistes qui rejettent ouvertement la solution à deux Etats. D'autant plus que cette solution est appuyée par la Communauté internationale comme règlement équitable, viable et définitif du conflit au Proche-Orient. Dans son allocution, Ahmed Attaf a transmis un message de reconnaissance et de gratitude du président Tebboune au secrétaire général (SG) de l'ONU, Antonio Guterres et à l'ensemble des organes de l'ONU, pour les efforts qu'ils n'ont eu de cesse de mener en vue d'atténuer les tragédies qui s'abattent sur Ghaza, panser ses plaies et y arrêter l'effusion de sang. Il s'agit d'un message de soutien et de reconnaissance des efforts incessants consentis, en dépit des critiques et tentatives d'atteinte à leur crédibilité et autorité, à travers des actes de provocation et de chantage émanant d'une occupation qui se croit invincible et inexpugnable. Pour Ahmed Attaf, il y a nécessité de contrecarrer les campagnes de confiscation et d'annexion des terres palestiniennes, et d'implantation et d'expansion de colonies israéliennes, dans une tentative d'empêcher l'établissement d'un Etat de Palestine indépendant et souverain. À propos de la solution à deux Etats, il a appelé l'ONU et le Conseil de sécurité à répondre avec «fermeté» aux voix israéliennes qui clament haut et fort leur rejet de cette solution. Sur sa lancée, Ahmed Attaf a affirmé que la priorité majeure est au cessez-le-feu dont les atermoiements pour sa mise en oeuvre sont fustigés de jour en jour, tout comme sont critiqués les prétextes réfutables avancés pour justifier ces lenteurs. Ahmed Attaf a rappelé l'initiative du président Tebboune portant mobilisation des experts juridiques en vue de poursuivre l'entité sioniste en justice devant les instances internationales. Finalité: mettre un terme à des décennies d'impunité et de non-reddition de comptes dont jouit cette entité. La démarche a été suivie par l'initiative de l'Afrique du Sud d'intenter une action en justice contre l'occupant devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour génocide contre Ghaza. Il a réitéré l'appel de l'Algérie à l'octroi à l'Etat de Palestine la qualité de membre à part entière à l'ONU. Cette demande a été appuyée par le MNA lors du dernier Sommet (Kampala), en tant que mesure urgente à même de consacrer les fondements essentiels de la solution à deux Etats... Cette solution est d'ailleurs partagée par d'autres pays. C'est le cas de la France qui assure la présidence du Conseil de sécurité en janvier. Son ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a plaidé, lors de la réunion d'avant-hier, pour la reconnaissance d'un Etat palestinien. «Il faut un Etat palestinien», a-t-il déclaré au CS. Il a appelé à la fin des violences, notamment celles commises par les «colons extrémistes» israéliens, et a rappelé l'importance du respect du droit international. Il a déclaré que les «Palestiniens devraient y exercer leur autorité pleine et entière».