De Rome en Italie, à Aburi au Ghana, en passant par Alger, l'Afrique a marqué, hier, ses ambitions de développement économique, de solidarité et de volonté de paix. Sur les trois théâtres, la diplomatie algérienne était présente. Alger a ainsi démontré une détermination à agir sur tous les plans, mais aussi une grande disponibilité à l'écoute, au partenariat et l'action concrète sur le terrain des réformes, tant politique qu'économique. L'Algérie n'est certainement pas dans une posture stérile, comme elle n'a jamais été dans le complot ou encore dans la corruption des élites africaines. Dans son attitude, il n'a jamais été question de prendre de haut un quelconque pays ou de se poser en donneur de leçons. Le poids démographique, économique ou politique des partenaires africains de l'Algérie ne constituent pas des critères déterminants dans l'acte de partenariat que noue l'Algérie avec les membres de l'UA. On peut en vouloir pour preuve, les nombreux accords conclus avec de «petits» pays au plan démographique. On disait les marchés trop petits, le PIB du partenaire insuffisant pour initier des actions d'envergure ou encore que l'enclavement désavantage une coopération fructueuse. Avec le Niger, la Mauritanie, la Libye et la Tunisie, les projets communs foisonnent et les investissements de l'Algérie ne se font pas du seul point de vue du bénéfice immédiat. Les projets de Sonatrach et Sonelgaz au Niger, en Libye et ailleurs, renvoient à une volonté de placer ces deux entreprises publiques comme de grands leaders africains, non pas pour rafler des marchés aux locaux, mais pour affirmer une volonté, d'abord africaine de réussir une électrification et un potentiel énergétique du continent par des bras et une ingénie africains. L'exemple de ces investissements, de même que la route Tindouf-Zouerate, en Mauritanie, traduit une volonté algérienne, intiment intégrée dans un esprit panafricain. L'objectif de la démarche tient, comme l'explique le chef de l'Etat dans son message aux participants des «Dialogues de Aburi», d'une vision qui concrétise le slogan «L'Afrique aux Africains». Cet esprit rejoint parfaitement toutes les résolutions de l'UA. L'on en veut pour illustration l'affectation d'un milliard de dollars pour des projets de développement en Afrique. Une initiative qui gagnerait à être reproduite par d'autres pays africains, disposant d'une trésorerie excédentaire. Car, l'objectif est de développer le continent loin des chantages et pressions occidentales. Il s'agit surtout d'éviter autant que faire se peut le recours au FMI et à la Banque mondiale. Il serait peut- être illusoire d'obtenir des résultats dans le court terme, mais l'idée maîtresse consiste à lancer la machine de l'indépendance économique et du compter sur soi. Mais l'Afrique est encore trop fragile pour se passer de l'Europe, de la Chine, de la Russie et d'autres puissances du moment. Il reste à savoir négocier au mieux des intérêts du continent. Il n'est pas dit pour autant que tout le monde soit sur la même longueur d'onde. C'est tout l'effort qu'il va falloir fournir pour faire parler l'Afrique d'une même voix. Face à l'Italie qui organise depuis, hier, un sommet conjoint avec l'Afrique, l'objectif assumé d'Alger consiste à nouer des rapports de partenariat mutuellement bénéfiques. La coopération algéro-italienne peut être citée en exemple, notamment à travers le gazoduc qui transportera du gaz naturel algérien et nigérian, l'électricité, l'ammoniac et l'hydrogène vert. Ce projet, véritablement afro-européen, puisqu'il intéresse également l'Autriche et l'Allemagne est en soi, un signal clair d'un continent qui entend redéfinir les clauses du partenariat. En cela, l'Algérie est pionnière et montre la voie aux autres pays de l'Afrique. Il reste que les défis demeurent nombreux et toujours difficiles à relever. La raison tient dans les ingérences qui exacerbent l'instabilité de nombreuses régions, au Sahel, au Soudan, en RDC, au nord du Nigeria et ailleurs où les coups d'Etat se suivent et tirent l'Afrique vers le bas. Sur tous ces terrains, l'Algérie apporte sa parole, dénonce l'ingérence et milite pour des solutions inclusives. La visite, hier, à Alger du président du Conseil de souveraineté de la République du Soudan est une séquence parlante de l'intérêt qu'accorde l'Algérie à la paix en Afrique. Le président Tebboune a mis en évidence la détermination du pays pour «le règlement des conflits par une approche purement interne, loin de toute forme d'ingérence étrangère». Ce propos permet de mesurer la justesse de la position algérienne, dans un continent qui vit, ces dernières semaines, des tentatives malsaines de déstabilisation. Le but de la manoeuvre est de poursuivre le pillage du continent en toute impunité. Le déploiement de l'Algérie en Afrique, à travers ses dessertes aériennes, ses banques, ses projets dans beaucoup de pays fait peur aux tenants du chaos...