Le Sommet Italie-Afrique qui s'est tenu à Rome est certes, une occasion d'explorer les perspectives d'une coopération gagnant-gagnant. Il se trouve cependant que les participants à ce rendez-vous majeur du dialogue euro-africain n'ont pas besoin de faire montre d'imagination pour esquisser les contours d'un partenariat nécessaire pour stabiliser une très vaste région. Ils disposent d'un exemple parfait dans la coopération algéro-italienne. Dans la transition énergétique, le gazoduc transportant, le gaz naturel, l'électricité solaire, l'ammoniac et l'hydrogène vert est l'illustration idéal d'un partenariat réussi. Et sa réussite tient dans l'association dans son projet de deux autres pays africains que sont le Niger et le Nigeria et de deux pays européens, l'Allemagne et l'Autriche. Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, fort de ce bel exemple validé par l'UE, développe la vision algérienne qui porte sur trois axes stratégiques. Le ministre note le nécessaire soutien effectif au gazoduc transsaharien (Nigeria-Niger-Algérie), qui garantira l'alimentation de l'Europe de 25 milliards de m3 de gaz naturel par an. Cet investissement aura pour fonction de «renforcer la position de l'Italie en tant que pôle énergétique» européen, confie Ahmed Attaf. Cette assurance de l'alimentation d'une grande partie de l'Europe en énergie peu polluante n'est que transitoire, puisque l'Algérie ambitionne d'adosser à cette réalisation majeure un mégaprogramme d'énergie solaire, raccordé au réseau électrique national des pays africains. L'ambition est véritablement remarquable au regard des 15 000 MW d'électricité/jour que produiront les centrales solaires à l'horizon 2030. Une énergie totalement verte qui sera transportée vers l'Europe au travers du gazoduc algéro-italien. Cette même énergie servira à la production de l'hydrogène vert exclusivement destiné à alimenter l'Europe à hauteur de 10% de ses besoins en ce produit à la même échéance. Il y a dans la démarche algérienne un triptyque gaz, solaire, hydrogène vert, une stratégie qui fera durer l'exploitation du gaz naturel bien plus longtemps et donnera à l'espace euro-africain la possibilité de gérer au mieux une énergie fossile non renouvelable, tout en réduisant l'indice carbone dans cette région du monde. Cette vision défendue par l'Algérie et exprimée par Ahmed Attaf à Rome suppose une coopération d'égal à égal en Afrique et Europe. Car si l'Algérie et l'Italie se présentent comme deux Hubs où convergent les producteurs africains d'énergie et les consommateurs européens, ces deux pays constituent également, de par la qualité de leur partenariat un exemple de stabilité censé inspirer tout l'espace euro-méditerranéen et plus largement une bonne partie des deux continents qui se font face. L'approche algérienne qui prend déjà forme, après les succès remportés par le gazoduc algéro-italien à quatre tubes, est une base sérieuse pour amorcer un dialogue fécond entre le nord et le sud dans cette partie du monde. C'est ainsi que l'axe Alger-Rome est parti pour structurer les nouveaux rapports entre une Europe, actuellement en insécurité énergétique et une Afrique qui a un grand besoin de transfert de technologie et d'investissements pour rattraper son retard de développement. La consolidation de cet axe requiert un niveau de coopération et de solidarité nord-sud conséquent. Cela oblige l'Occident à se défaire de son réflexe prédateur et construire une relation sereine avec les pays africains, sans recourir à l'ingérence. Ce n'est peut -être pas évident pour l'heure, mais c'est vital pour la survie de l'Europe et de l'Afrique.