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Quand Trump rencontre Méphisto...
77e Festival de Cannes/The Apprentice de Ali Abbasi
Publié dans L'Expression le 22 - 05 - 2024

À l'entame de la seconde mi-temps du Festival, les chances qu'un électrochoc allait enfin secouer une programmation prometteuse, comme toujours, sur le papier, mais qui peine à surmonter l'épreuve de la salle obscure, du grand écran. Et cette édition ne semblait pas y déroger jusque-là. Et voilà que débarqua sur la Croisette le Danois d'origine iranienne Ali Abasi, remarqué déjà lors de son passage par deux fois à Cannes, avec Border (2019) et Les Nuits de Mashad (2022). Cette année, il arrive avec The Apprentice (L'Apprenti), une incroyable «psychanalyse» d'un Donald Trump dont le retour à la Maison-Blanche est appréhendé par des millions de personnes de par le monde. Et pour cause, le cinéaste scandinave en esquisse un portrait peu rassurant. Et pourtant, ce «biopic» ne s'arrête qu'aux années quatre-vingts. Mais cela suffit amplement pour craindre le pire avec le retour éventuel (?) de Donald Trump aux affaires en novembre prochain. L'histoire commence dans les Etats-Unis des seventies, où le jeune Donald (Sebastian Stan), pas encore affranchi du joug de son milliardaire (endetté) de père, est repéré par un redoutable avocat d'affaires, Roy Cohn (Jeremy Strong), dans un restaurant huppé new-yorkais. L'avocat au physique reptilien va s'enrouler autour de sa proie, de manière glaciale et ferme, jusqu'à ce que sa proie jette les armes. Roy initiera Donald aux techniques du combat-tueur où la règle unique est de se mettre dans la posture du vainqueur, quelles que soient la situation et la taille de l'adversaire. Cet esprit tueur va plaire à Tump junior qui va, petit à petit, l'assimiler jusqu'à l'endosser comme une seconde peau. Il faut dire que Roy Cohn n'est pas un personnage de fiction; il a bel et bien existé et laissé un douloureux souvenir auprès de générations d'Américains. Il était le bras droit du psychopathe procureur Joseph McCarthy, tristement célèbre pour sa chasse aux sorcières qu'il mena sans relâche de 1950 à 1954.
Juste assez pour que le maccarthysme envoie des centaines de cinéastes, d'écrivains, entre autres, au chômage ou à l'exil. Roy Cohn, son disciple, se vantera devant le jeune Trump d'avoir envoyé à la chaise électrique les époux Rosenberg, accusés de «communisme». Ali Abasi situera son histoire dans une Amérique proche de la banqueroute, enlisée au Viet-Nâm, délabrée. Des villes scarifiées par de larges lézardes de misère. Une aubaine pour les spéculateurs pour saisir l'occasion afin de mettre la main sur le foncier, de repousser les classes défavorisées hors des grandes villes, comme New York, par exemple. Et parmi ces prédateurs aux tempes grises, le «gamin» Trump faisait figure d'intrus, mais c'était sans compter avec l'habileté meurtrière de son mentor, Cohn. Trump finira par se faire accepter, difficilement certes, par les magnats qui ont pour nom Murdoch, Hilton, etc. Cohn, en initiant son protégé au mensonge, va lui inculquer le sens de l'auto-persuasion. Ne jamais admettre une défaite sera la règle d'airain qui façonnera l'ethos de Trump. Il ira de conquête en conquête, s'offrant tout ce qu'il désire, même celle qui deviendra sa femme, qu'il réussira à rendre «objet» pour s'en désintéresser par la suite, comme il le fera avec celui qui l'a fait, son véreux d'avocat et qu'il n'hésitera pas à marginaliser, à l'humilier, profitant de sa faiblesse physique, le sida étant passé par là... Lui, qui lui avait confié les clés des affaires: intimidation, chantage, mensonge... Abasi ne répugne pas à pointer le côté trash du personnage principal, sans tomber dans l'excès. Pour ce faire, il évitera de mettre une touche scorcesienne à la peinture d'un New York sillonné par un «taxi driver» ployant sous le poids des années Nixon, un autre menteur et ami de l'avocat Coy. Annonçant l'arrivée des années Reagan, fastes pour les riches, le cinéaste danois profitera de ce prélude pour esquisser les contours de ce futur tycoon qui ne se contentera plus de ses Trump Towers, symbole assumé de son arrogance et de son désir d'écraser la concurrence et les rivaux, en premier lieu son père à qui il signifiera dans une scène, d'un cynisme qui n'a d'égal que l'éclat du sourire de son rejeton de fils, son entrée dans la case des has been.
The Apprentice a tout pour plaire au jury de la compétition, il a déjà séduit une large partie de la critique. Un bémol, cependant, sans lequel une place en haut du palmarès lui reviendrait de droit, elle réside dans ce choix scénaristique de Ali Abasi de prendre, un peu trop tôt, ses distances avec son second personnage, l'avocat Roy Cohn, celui qui a fait Trump mais aussi celui qui faisait évoluer le personnage principal de ce biopic. Ils constituaient la paire, obligeant même le spectateur à faire du crawl pour rester dans leur sillage. Sans Cohn, c'est en faisant seulement la planche qu'on suivrait les péripéties du personnage Trump, moins réel que sa caricature.
Charles Dantzig, l'auteur de la pièce inspirée par le destin de cet avocat maléfico-tragique: «Roy Cohn est un homme brutal, serpentin, vulgaire et maléfique. C'est une personne devenue personnage», écrira la critique à propos du héros de Angels in America, la pièce de théâtre de T. Kushner, qui raconte le parcours de «cet avocat cynique, ancien conseiller du sénateur McCarthy, dans l'Amérique fanatiquement anti-communiste des années 1950, jusqu'à la chute de cet homme puissant dans les années 1980, années sida du New York gay».
Un véritable Méphisto, symbole, selon Goethe «du démon intellectuel qui procure à l'homme l'illusion de tout comprendre et de tout dominer».
Aussi un Prix d'interprétation ne serait pas une erreur pour l'un d'eux et, pourquoi pas, pour... les deux!


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