L'Espagne, l'Irlande et la Norvège ont été jusqu'au bout de leur démarche de reconnaissance de l'Etat de Palestine. Hier donc, au même moment, à Madrid, Dublin et Oslo ont défié l'entité sioniste et une partie du monde occidental. Le gouvernement d'Espagne a adopté, lors d'un Conseil des ministres, un décret reconnaissant officiellement l'Etat de Palestine. A Oslo, ville qui a abrité les accords israélo-palestiniens, l'Etat de Palestine a trouvé sa place trente ans après le moment historique qui a abouti à la poignée de mains entre le Palestinien Yasser Arafat et l'Israélien Yitzhak Rabin. Depuis cette date, «la Norvège est l'un des plus fervents défenseurs d'un Etat palestinien», rapporte un communiqué du ministère norvégien des Affaires étrangères. «Le jour où la Norvège reconnaît officiellement la Palestine comme Etat est une journée marquante pour la relation entre la Norvège et la Palestine», a souligné le chef de la diplomatie norvégienne, Espen Barth Eide. Comme pour l'Espagne et la Norvège, la détermination de l'Etat irlandais était forte hier. La reconnaissance officielle de l'Etat de Palestine par Dublin est aussi l'expression d'une volonté assumée du Conseil des ministres, dont l'objectif est «maintenir l'espoir en vie». Le propos n'est pas anodin, et le Premier ministre irlandais n'a pas manqué d'exhorter l'entité sioniste à «écouter le monde et arrêter la catastrophe humanitaire» à Ghaza. Cette action coordonnée donne à l'initiative un large écho à l'international, isole Tel-Aviv et montre clairement que l'entêtement occidental à soutenir le régime sioniste n'est pas unanime. Cet acte concret et courageux, qu'on pourrait qualifier de fissure salutaire dans la cuirasse qui protégeait jusque-là le sionisme international, constitue un sérieux coup à la crédibilité d'Israël auprès de l'opinion occidentale. Celle-ci, consternée par le génocide à Ghaza, était néanmoins «bombardée» par un discours médiatique qui mélangeait, à dessein, anti-sionisme et anti-sémitisme. L'alignement d'Oslo, Madrid et Dublin sur le discours prôné par le reste du monde interpelle cette opinion publique. A cette fissure irréversible dans l'unanimisme occidental de façade s'ajoute un autre coup susceptible d'être fatal à l'entité sioniste. L'initiative est belge. Bruxelles entreprend, en effet, de rassembler un «large groupe de pays européens pour la reconnaissance de l'Etat palestinien». La démarche se concentre prioritairement sur la fin de l'agression sioniste, a déclaré le Premier ministre belge, Alexander De Croo. Le chef de la diplomatie belge a révélé cette initiative après un tête à tête l'ayant réuni avec le ministre palestinien des Affaires étrangères, Mohammad Mustafa. La Belgique n'est pas à sa première initiative dans le dossier, et la probabilité d'une annonce officielle de reconnaissance de l'Etat palestinien est on ne peut plus forte, dans le cadre d'une nouvelle vague que Bruxelles travaille à provoquer. Il faut savoir que pour la seule année 2024, la Barbade, la Jamaïque, Trinité-et-Tobago, les Bahamas ont annoncé avoir reconnu la Palestine. Les deux derniers bombardements, qui ont respectivement fait 45 martyrs avant-hier et 26 hier, ont conforté l'ensemble de la communauté internationale, moins quelques pays occidentaux, dans leur conviction de la barbarie de l'entité sioniste. L'un des soutiens inconditionnels d'Israël, l'Australie, a dénoncé le massacre de dimanche dernier. «Les frappes (sionistes) à Rafah ont eu des conséquences horribles et inacceptables», a déclaré Penny Wong dans un communiqué publié, hier, sur la plate-forme de médias sociaux X. Les Maldives se joignent aux aussi à l'avalanche de réactions internationales depuis ce dimanche et condamnent «énergiquement» l'agression sioniste contre Ghaza. Avant les Maldives, c'était au président du Conseil européen, Charles Michel, d'affirmer qu'il était «horrible de voir des civils palestiniens innocents tués lors de la récente attaque». Le problème, c'est qu'Israël demeure sourd à toutes ces dénonciations et poursuit inlassablement son entreprise génocidaire. Il reste, cependant, que les derniers développements ont provoqué un vent de panique dans l'establishment sioniste. On en veut pour preuve les réactions hystériques à la triple reconnaissance d'hier. Natanyahou et son cabinet usent d'un lexique irrévérencieux pour s'adresser aux Etats européens, tout en accentuant le massacre des Palestiniens. Cette attitude hâte l'effondrement de son gouvernement. Et plus encore, l'exode des Israéliens risque à terme de vider l'entité sioniste de ses habitants. Ce n'est pas la seule fin du gouvernement, mais carrément la disparition d'Israël que craignent les alliés traditionnels de l'entité sioniste.