Promptement relayé, comme le font les perroquets, par les blogueurs algériens établis en France, et qui se sont mis au service de leur pays d'accueil, le ministre français de l'Intérieur a annoncé au quotidien Le Figaro son intention de demander aux préfectures françaises de «ne pas tenir compte des passeports délivrés par les consulats algériens aux ressortissants algériens, aux fins d'obtention de titres de séjour».Ce n'est pas la première fois que Bruno Retailleau montre qu'il ne connaît pas sa législation. L'essentiel pour lui est de s'attaquer aux Algériens et plus largement aux musulmans. Notre ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a beau le recadrer, Retailleau reste incorrigible. Il faut reconnaître que l'enjeu est de taille : Retailleau veut être plus à droite que l'extrême droite, d'où la rage qui l'aveugle quand il s'agit de l'Algérie et des Algériens. Cette fois, après les élucubrations du ministre français qui a dit qu'il avait l'intention de demander aux préfectures françaises de «ne pas tenir compte des passeports délivrés par les consulats algériens aux ressortissants algériens, aux fins d'obtention de titres de séjours», c'est une source proche du ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l'étranger et des Affaires africaines, qui a mis les choses au point. D'abord, l'octroi de ces passeports est un droit pour les citoyens algériens et une obligation de l'Etat algérien souverain. De même, leur reconnaissance s'impose à l'Etat français. Par ailleurs, la même source estime que la déclaration du ministre français relève clairement de l'arbitraire, de la discrimination et de l'abus de pouvoir, en ce qu'elle s'inscrit en opposition frontale à la législation française elle-même. Connaissant son auteur, cette déclaration est également politiquement marquée. Elle est, enfin, légalement contestable, car sans fondement aucun du point de vue du droit français. En effet, les passeports dont il est question sont délivrés à la demande des préfectures françaises elles-mêmes, comme documents de référence indispensables à l'établissement des titres de séjours. En conséquence, une non-reconnaissance de ces documents, comme annoncé par le ministre français de l'Intérieur, constituerait tout autant une violation de droits individuels et un autre manquement aux engagements bilatéraux de la France. L'acharnement algérophobe de Bruno Retailleau est une évidence qui saute aux yeux. Il est contre toute désescalade et apaisement des tensions qui marquent la relation algéro-française. Sa haine de l'Algérie est sa marque de fabrique et le ressort de ce qu'il croît être son ascension politique irrésistible. Ce n'est pas surprenant, car, comme le font remarquer nombre d'observateurs, le ministre français de l'Intérieur appartient à une partie de la droite française qui n'a jamais accepté que l'Algérie ait arraché son indépendance et que cette dernière ne lui a pas été octroyée par la France. Il lui est insupportable de se rappeler que l'Algérie a fait une révolution en 1954, qu'elle a arraché son indépendance après une longue lutte armée et qu'en définitive, elle a dit «non» à la France. Alors, Bruno Retailleau utilise n'importe quel prétexte qui lui tombe sous les yeux ou qui lui est suggéré pour s'attaquer à l'Algérie, en comptant sur ses relais-perroquets algériens qui se sont mis à son service et amplifient ses élucubrations à partir de blogs installés en France. Il est également appuyé par certains médias français qui jouent un rôle déterminant dans la diffusion et la banalisation de l'algérophobie. Il s'agit pour Bruno Retailleau et ses alliés de diaboliser l'Algérie et les Algériens, en alimentant les préjugés et les ressentiments, et en insinuant qu'ils menaceraient la France. Le ministre français de l'Intérieur ne craint pas d'entrer en conflit avec le ministre des Affaires étrangères qui siège avec lui au sein du même gouvernement. Il multiplie ses provocations qui aggravent la crise politique en France. Il ne pense qu'à l'élection présidentielle de 2027 en France et est obnubilé par son ambition de battre Mme Lepen sur son terrain, à l'extrême droite. Pour gagner son électorat de l'extrême droite algérophobe et islamophobe, en vue de la prochaine élection présidentielle en France, Bruno Retailleau favorise le climat de racisme anti-musulman ayant conduit au meurtre de plusieurs personnes. Il devrait écouter les personnalités françaises qui l'appellent à démissionner pour avoir failli à sa mission de protéger les Français.