La France vit dans la peur. Le débat a surgi des écrans pour envahir les rues, les maisons et tout ce qui compose le quotidien d'une population mise face à un « choix historique ». Dans trois jours exactement, ce choix devra être fait et, du coup, les candidats des trois principales formations en lice ont choisi de dramatiser les enjeux. L'extrême droite étant plus que jamais favorite, les autres coalitions de gauche et centre-droite ont ouvert le débat d'un hypothétique barrage pour barrer la route au Rassemblement national. Marine Le Pen n'hésite pas, ainsi, à pointer l'habitude, selon elle, de la gauche à recourir aux barricades et à « pourrir », souligne-t-elle encore, le climat. Elle va même jusqu'à se demander si, en cas de victoire du RN, des forces du Nouveau Front populaire (NFP), la coalition de la gauche pour les législatives anticipées, iraient « s'attaquer au Capitole », comme l'ont fait les partisans de l'ancien président Donald Trump, accourus de l'extrême droite américaine. Si les sondages persistent à donner le RN en tête des intentions de vote (36%), il reste néanmoins talonné par la coalition de gauche (28,5%) suivie de la composante centriste (21%). Il semble qu'un fort taux de participation puisse changer le donne, le RN ayant fait le plein de son électorat putatif alors que la gauche est en droit d'espérer bénéficier du vote des nombreux abstentionnistes pour une fois interpellés par la « menace » de l'extrême droite. Si ce taux passe de 47,8%, en 2022, à 60-64%, les 30 juin et 7 juillet prochains, il aura un impact indéniable sur la composition des sièges à la future Assemblée nationale. Mardi soir, les ténors des trois formations en lice ont participé à un débat télévisé plus ou moins tendu mais qui a laissé les téléspectateurs sur leur faim. On aura remarqué l'assurance, voire même l'arrogance, de Jordan Bardella, tant il est convaincu de la victoire de son parti. Pour sa part, le porte-voix de la gauche, Manuel Bompard, a exhorté les électeurs à faire en sorte que « la France ne s'abîme pas dans le racisme, la détestation, le chacun pour soi ». Quant au Premier ministre Gabriel Attal, il a conforté la démarche du président Macron en renvoyant dos à dos les extrêmes persuadé que « la France a rendez-vous avec ses valeurs et son destin ». « J'ai confiance en vous, a-t-il dit, et j'ai confiance en nous ». A peine le débat achevé, les trois sont repartis en campagne, Bardella misant sur l'arme médiatique avec une double intervention programmée sur la radio et la télévision du milliardaire Vincent Bolloré, des médias très engagés aux côtés de l'extrême droite et, surtout, du sionisme. Dans ce contexte trouble, environ 200 personnalités du PS, du mouvement écologiste et de la majorité présidentielle sortante ont exhorté, dans une tribune parue dans le journal Le Monde, la droite, le centre la gauche à « afficher clairement dès maintenant » un accord de désistement pour le second tour afin de contrer la menace de l'extrême droite. Une invite déjà entendue, apparemment par les dirigeants des formations regroupées au sein du NFP.