Le pouvoir marocain a incontestablement davantage compliqué une conjoncture économique déjà bien détériorée à travers l'ensemble du royaume. Son bellicisme affiché envers l'Algérie a contraint cette dernière à exiger un visa obligatoire pour tous les ressortissants étrangers détenteurs d'un passeport marocain désirant se rendre en Algérie. Ce qui n'est pas fait pour arranger les affaires de ceux qui y séjournaient. Entre 700 000 et 1 million de ressortissants marocains vivant en Algérie, dont certains en situation irrégulière, n'avaient pas besoin de ce document. Une force de travail exceptionnelle dans le bâtiment, notamment, qui exerçait de façon saisonnière. Ce qui permettait à cette main-d'oeuvre composée de travailleurs qualifiés de percevoir d'appréciables revenus qui permettaient de subvenir aux besoins de leurs familles restées au Maroc où le marché du travail traverse une crise notoire. Leur éventuel retour définitif dans leur pays d'origine exacerberait un contexte socio-économique déjà bien explosif. Une «bombe» à retardement dans un pays où le chômage fait des ravages, chez les jeunes en particulier. «Le taux de chômage parmi les jeunes (15-24 ans) est passé de 46,1 à 48,8% entre le deuxième trimestre 2023 et 2024», selon un compte rendu du site d'informations espagnol elfradoceuta, évoqué lors d'une conférence de presse à Rabat, par le gouverneur de la Banque centrale marocaine, Bank Al Maghrib (BAM), Abdelatif Juahri. Ce qui a sans doute poussé des dizaines de milliers de jeunes Marocains à prendre d'assaut ces derniers jours les enclaves espagnoles, notamment Ceuta, à partir de la ville frontalière de Fnideq. Un pays qui veut miser sur l'avenir parie sur sa jeunesse, sa génération montante. Le Maroc en a apparemment décidé autrement. Il a opté pour les privilèges d'une classe qui squatte les allées du Palais royal, des lèche-bottes et des adeptes du baisemain. Un conglomérat garant de la pérennité d'une monarchie qui puise son fondement dans les inégalités sociales. Les statistiques d'une étude menée conjointement par l'Observatoire marocain du développement humain (ONDH), le ministère marocain de la Famille, de la Solidarité, de l'Egalité et du Développement social et l'Unicef (Fonds des Nations unies pour l'enfance) le démontrent. 4 enfants sur 10 vivent dans une situation de pauvreté multidimensionnelle au Maroc, soulignait cette enquête sur «le profil de la pauvreté des enfants au Maroc». En 2019, près de 45% des Marocains se considéraient comme pauvres (38,6% en milieu urbain et 85,4% en milieu rural), alors que plus de 40% des jeunes âgés entre 15 et 24 ans étaient au chômage tandis que le système éducatif se montrait largement défaillant. La durée moyenne de scolarisation y est de 4,4 ans, soit deux années de moins que la moyenne des pays arabes, souligne-t-on. Un contexte qui a donné lieu à d'imposantes manifestations socio-économiques mais aussi politiques sur lesquelles s'est greffée une véritable bombe à retardement: la normalisation des relations avec l'entité sioniste que le peuple marocain a en travers de la gorge. Un réservoir de contestation qui peut faire vaciller le royaume. Un juste retour de boomerang pour notre voisin de l'Ouest qui a décidé de jouer avec le feu. Quelles perspectives d'avenir, en effet, avec de telles statistiques et un front social en ébullition? Dans quel état sera livré le Maroc au successeur de Mohammed VI et à son peuple? Cette interrogation n'est incontestablement entourée d'aucun mystère, l'héritier de feu Hassan II laissera un royaume asphyxié économiquement, entre les fourches caudines du Fonds monétaire international, écrasé par une dette de plus de 63 milliards de dollars en septembre 2022, avec des relations exécrables avec un de ses voisins immédiats, l'Algérie pays pivot dans la région, qui a rompu ses relations diplomatiques avec lui. Tout comme il laissera en héritage la normalisation de ses relations avec l'Etat sioniste avec lequel il a signé de surcroît des accords militaires: signes incontestables de la trahison de la cause palestinienne. Une question sacrée pour tout musulman, pour tout pays soutenant la liberté des peuples à disposer de leur destin.