La présence algérienne en France n'est pas récente, comme beaucoup de gens le pensaient en prétendant qu'elle avait débuté avec la guerre d'Algérie. Certains historiens français soutiennent également que les Algériens sont arrivés en métropole en 1920. En réalité, ils sont arrivés bien avant et plus précisément pendant la Première Guerre mondiale entre 1914 et 1918, où ils étaient enrôlés de manière forcée dans l'armée française pour combattre l'Allemagne et dont beaucoup sont morts au combat, notamment lors de la bataille de Verdun un certain 21 février 1916, une bataille qui restera comme le plus sanglant affrontement de la Première Guerre mondiale. Parmi les centaines de milliers de victimes, on trouvera des dizaines de milliers de conscrits «Algériens», constituant ainsi, une preuve irréfutable que de jeunes Algériens sont bien arrivés en France bien avant les années vingt malgré eux. D'ailleurs la Grande mosquée de Paris, dont la première pierre a été posée le 19 octobre 1922, symbolise la volonté de la France de reconnaître le rôle des musulmans auprès de la nation française, notamment ceux qui sont morts entre 1914 et 1918 lors de la Première Guerre mondiale. En fait, c'était un enrôlement forcé, ils les ont jetés d'emblée, par grandes masses, au premier rang des troupes françaises, sans avoir choisi ce destin les obligeant à combattre pour la France et défendre son honneur face à l'armée allemande en le faisant avec courage, en dépit qu'ils soient étrangers à cette guerre et ramenés d'un pays colonisé et spolié par la France coloniale. Le même scénario s'est répété à la veille de la Seconde Guerre mondiale, avec un nombre important d'Algériens mobilisés dans les rangs de l'armée française pour aller combattre l'Allemagne nazie d'Hitler. C'est pourquoi, les jeunes Français d'origine algérienne doivent savoir que leurs aïeux ont payé le tribut du sang durant les deux guerres mondiales et la Révolution du 1er Novembre 1954 pour qu'ils puissent vivre, aujourd'hui, en toute liberté et que leur appartenance à la société française est une résultante historique d'une intégration de générations successives, sans se soucier des milieux politico-intellectuels appartenant à la droite conservatrice et à l'extrême droite, qui exploitent l'immigration comme un enjeu de politique politicienne de très bas niveau. En outre, il est important de rappeler qu'une fois la Grande Guerre mondiale de 1939-1945 terminée, l'immigration algérienne est alors essentiellement économique et encouragée par la France qui était en pleine reconstruction...Elle se caractérise également depuis l'entame des années 1950 par la naissance de l'immigration familiale (Regroupement familial) à travers laquelle on assiste à une autre construction de l'exil algérien. Mobilisation forcée À ce titre, nous devons relever que la France avait encore une fois fait appel aux Algériens comme main-d'oeuvre nécessaire à la carte de la reconstruction de la France. On voit bien que cette vague d'immigration algérienne était aussi forcée, dans le sens où les conditions politiques, socio-économiques et culturelles dans lesquelles vivait le peuple algérien sous domination coloniale française, étaient à l'origine de cet exil forcé. En fin de compte, le choix n'a jamais été laissé aux Algériens, car durant les deux guerres mondiales, il s'agissait d'une mobilisation forcée, puis par la suite, notamment après la fin de la Seconde Guerre mondiale, c'était une vague d'immigration forcée de par les conséquences de la colonisation française de l'Algérie et aussi de par les choix historiques de la France qu'elle doit assumer, après avoir choisi son destin économique avec la politique d'immigration, donc elle devait et doit composer avec cette réalité. Dans ce sillage, on n'omettra pas de rappeler que l'immigration algérienne en France a cohabité parfaitement avec le militantisme en faveur du Mouvement national et plus particulièrement avec la révolution de Libération nationale de novembre 1954. Cette période a été particulièrement et doublement difficile pour nos compatriotes qui vivaient la douleur de l'exil et les campagnes répressives à connotation raciste menées par la police française. En tout état de cause, le peuple algérien et tous les Français épris de justice ne pourront jamais oublier les violences policières françaises, comme cette nuit tragique du 17 octobre 1961 où périrent de nombreux Algériens en plein Paris, notamment ceux jetés volontairement dans la Seine par des policiers français racistes sous les ordres du sinistre et criminel Maurice Papon qui s'était illustré par les crimes commis contre les Algériens durant la période 1956-1958, lorsqu'il occupait le poste de préfet de Constantine et Igame (Inspecteur général de l'administration en mission extraordinaire) de l'Est algérien. Il dirigeait avec ses sbires comme le bachagha Taouti, les bombardements au napalm contre les maquis des Aurès... Dans les années 1960-1980, de nombreux enfants d'immigrés sont encore élevés dans l'idée de retour au pays. La nostalgie du pays se transmet de génération en génération. En revanche, d'autres s'engagent dans la vie politique française et certains adhérents à la lutte syndicale. Une avant-garde s'instruit et se politise sans aucun complexe, s'inscrivant ainsi, dans différents combats sociopolitiques comme l'antiracisme, l'égalité des chances en faveur des jeunes issus des cités, et pour l'égalité des droits civiques. Cette trajectoire s'est confirmée avec un évènement majeur lors de la marche de 1983, dite «marche des beurs», qui a consacré définitivement une nouvelle génération française aux origines étrangères, qui entend bien s'inscrire dans les débats et les combats menés au fin fond de la société française. Immigration dite choisie À ce propos, notre communauté nationale en France ne pourra pas oublier les attentats racistes perpétrés dans les années 1970 par les résidus de l'OAS en France contre des travailleurs immigrés algériens. C'est ce qui a conduit feu le président de la République à l'époque, Houari Boumediene, à stopper l'arrivée de nouveaux immigrés algériens en France, en annonçant cette décision lors d'un discours prononcé à l'occasion de sa visite à la wilaya de Tébessa en septembre 1973. Plusieurs décennies après la fin de la guerre d'Algérie, des politiciens sans vision politique sérieuse se réclamant de l'extrême droite et parfois même de la droite dite conservatrice, n'hésitent pas à instrumentaliser les effets des crises socio-économiques en incriminant injustement les communautés immigrées dans une propagande démagogique et populiste, en visant particulièrement la communauté algérienne établie légalement sur le sol français. À ce sujet, il est utile de souligner que l'Algérie et la France ont signé le 27 décembre 1968 un accord qui définit les conditions de circulation, de séjour et de travail des Algériens en France. Actuellement, certains cercles politiques français considèrent que cet accord est plus avantageux pour la partie algérienne en raison de son caractère dérogatoire au cadre juridique commun régissant la question migratoire en France. Parmi eux, on trouve ceux qui réclament ainsi sa révision et d'autres demandent carrément son abrogation. Seulement, ils omettent tous de souligner que cet accord a déjà été révisé en 1985,1994 et 2001 lui ôtant ainsi sa raison d'être. Cependant, la réalité est totalement différente. Ce serait exactement le contraire qui serait juste, car cet accord est principalement en faveur de la partie française depuis sa signature jusqu'à nos jours. Il convient de rappeler que cet accord a été conclu sur la demande insistante de la partie française qui a toujours été bénéficiaire de l'apport des Algériennes et des Algériens. Cela s'étend depuis l'époque de l'immigration des ouvriers jusqu'à l'immigration dite choisie, promue selon une approche sélective, ces dernières années en France, en encourageant l'arrivée de talents et de diplômés de haut niveau, sans aucune contrepartie pour l'Algérie, qui est devenue un pays pourvoyeur de cette richesse et de cette valeur ajoutée humaine au profit exclusif de la société française. Exploitation politicienne À cet égard, il est tout à fait pertinent de souligner que le président de la République Abdelmadjid Tebboune a évoqué l'accord algéro-francais de 1968, lors de l'entrevue périodique accordée aux médias nationaux, diffusée samedi 5 octobre 2024. Il a justement bien estimé que cet accord est devenu un «étendard derrière lequel marche l'armée des extrémistes» de droite en France...». En guise de conclusion, il est tout à fait évident que personne ne peut contester l'apport de l'immigration algérienne à la France. Dire le contraire serait une insulte envers l'Histoire et les milliers d'Algériens qui ont perdu la vie sur les champs de bataille durant les deux grandes guerres mondiales. Maintenant, en ce qui concerne le fait d'exploiter la question migratoire à des fins politiciennes et s'attaquer spécifiquement et injustement à l'immigration en provenance d'Algérie, démontrerait clairement, la décadence politique qui touche une partie, et non pas l'ensemble de la classe politique française. Heureusement, il est toujours possible d'avoir en France des politiciens clairvoyants qui ont une connaissance approfondie de l'Histoire et qui reconnaissent l'importance d'un pays tel que l'Algérie. Cela confirme la justesse de la position de la Révolution, énoncée dans la proclamation du 1er Novembre qui a toujours fait le distinguo entre le peuple français et le colonialisme français.