L'Expression: Vous avez édité deux livres à l'occasion du Sila, pouvez-vous nous en parler? Jugurtha Abbou: En effet, j'ai édité un roman intitulé Au-delà de mes rêves, aux éditions Dalimen ainsi qu'un récit-portrait, titré Exceptionnelles Algériennes, aux éditions Samar. Le roman en question est un regard sur la société, avec ses contradictions profondes et la lutte que celles-ci génèrent, notamment entre le bien et le mal, entre la violence et la paix, entre la haine et l'amour. Quant au récit, il raconte le portrait de dix-huit femmes dont le parcours a marqué l'histoire de l'Algérie. D'où puisez-vous cette capacité d'être aussi prolifique? Il est vrai que je produis beaucoup. Cela est le fait peut-être de ma formation de psychologue social, une spécialité qui me pousse à observer la société et à tenter d'analyser les faits sociaux. J'essaye de rapporter noir sur blanc ces constats et de transmettre aux lecteurs ma vision des choses. Vous avez également la faculté de passer aisément d'un genre à un autre, essais, romans, récits, poésie... pourquoi ce besoin de toucher à tous les genres? Le genre littéraire est défini par la conjoncture. Je trouve que chaque situation nécessite une manière d'être traitée, et par-là, le genre littéraire qui lui sied. On dit que le roman Au-delà de mes rêves est un roman féministe, ce que j'assume avec fierté. Or, il ne traite pas uniquement de cette question, contrairement à Exceptionnelles Algériennes. Vous avez animé une vente-dédicace au stand Samar. Pouvez-vous nous mettre dans l'ambiance qui y a régné? Le Salon international du livre d'Alger est l'occasion idoine pour tout écrivain de rencontrer le grand public, notamment à travers les séances de dédicaces. Celle que j'ai animée au stand des éditions Samar a été marquée par une ambiance bon enfant. J'ai vécu un moment d'émotion à la rencontre d'un lecteur qui se trouvait être un détenu de la guerre de libération, dont l'avocate n'était autre que Gisèle Halimi, une des héroïnes de mon récit. Et au stand Dalimen pour votre roman? Le stand Dalimen, comme vous l'avez précisé dans l'une de vos précédentes éditions, se distingue par son attractivité et son animation. J'ai eu l'occasion de le constater en rencontrant un public nombreux et intéressé. La Sila vous a permis de rencontrer d'autres écrivains, n'est-ce pas? Le SILA est aussi une occasion de rencontrer différents écrivains venus de différentes régions du pays. C'est un sacré moment d'échange et de convivialité. J'ai eu le plaisir de découvrir certains confrères avec qui je n'ai échangé que sur les réseaux sociaux. Je cite Manel Benchouk, Mourad Chetti et d'autres. Tout comme le Sila nous a permis de revoir nos amis, tels que Mustapha Benfodil, Ferroudja Ousmer, Amele El Mehdi et toute une panoplie d'écrivains. Parlez-nous de vos échanges avec les lecteurs... Les échanges avec les lecteurs furent riches et fructueux. Nous avons parlé de littérature en général, de littérature algérienne en particulier. Beaucoup m'ont posé des questions sur mon parcours et sur mes projets littéraires. Certains jeunes m'ont suggéré de m'essayer à la fantaisie. Dans l'ensemble, les lecteurs semblent satisfaits du travail que je leur offre, ce qui ne peut que m'encourager à aller de l'avant et à produire encore plus. En plus de ces échanges, tant avec les lecteurs qu'avec les écrivains, le Sila est aussi une occasion de discuter avec les éditeurs, algériens et autres, et de s'imprégner de l'actualité du livre. Le Sila, c'est aussi trouver des livres qui n'existent pas forcément ailleurs, est-ce votre cas? C'est une occasion de trouver des livres qu'on n'a pas l'occasion de se procurer dans les librairies. Un écrivain doit avant tout, être un lecteur assidu. Les lecteurs découvrent de nouveaux auteurs et rencontrent ceux qu'ils connaissent déjà. Ils échangent et font le plein en terme d'achats. Il y a aussi des conférences intéressantes qui sont organisées dans le cadre du Sila. C'est une occasion de débattre de plusieurs sujets avec plusieurs acteurs du livre. Il y a des idées qui surgissent dans les discussions, notamment l'organisation de cafés littéraires et la création de clubs de lecture, chacun dans son lieu de résidence. De votre point de vue, quels sont les points positifs du Sila? Il y a lieu de noter plusieurs aspects positifs. À commencer par l'engouement et l'intérêt du public vis-à-vis du livre. Certes, il y a des genres qui prédominent, mais on peut dire que tous les genres attirent, chacun, son lectorat. Je relève aussi la médiatisation de l'événement, ce qui donne une meilleure visibilité aux écrivains et à leurs livres. Le Sila est une bonne occasion de s'enquérir des nouveautés. Justement, quels ont été vos coups de coeur lors de cette édition? Me concernant, j'ai fait le plein en m'offrant les derniers de Nasser Zamit et Rabea Djalti, le dernier tome de la série Berbères de Mourad Chetti, les derniers romans de Samir Toumi et Lynda Chouiten, ainsi que Sara Ennams et Samir Kacimi. Côté poésie et théâtre, je me suis offert le dernier de Alima Abidhat ainsi que le tout premier livre de Nadjoua Bensalem, dédié à Zephira. De même que j'ai pris quelques livres de poche, écrits par des auteurs étrangers. Quels sont vos projets d'écriture? Difficile de dévoiler ses projets futurs. Je vous mets dans la confidence, tant que vous insistez. Je travaille sur un roman qu'on peut qualifier de philosophique. La trame démarre du Covid pour déboucher sur plusieurs questions d'actualité, à travers de nombreux personnages aux profils différents.