Rencontré en marge du Colloque international Fintech et inclusion financière, organisé par l'Université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, la semaine passée, sous l'égide de Mme Safia Zourdani, Mehdi Labbani, expert reconnu du secteur Fintech et acteur de l'écosystème européen et français, a répondu à L'Expression sur les questions qui agitent actuellement les systèmes financiers et les perspectives de développement de l'écosystème financier algérien et de collaboration internationale. Fort de 29 ans d'expérience, Mehdi Labbani, expert reconnu dans les domaines des systèmes, des réseaux et de la finance, est titulaire d'un diplôme d'ingénieur en systèmes et réseaux informatiques et d'un Master 2 en finances et banque. Ses débuts étaient dans le conseil en systèmes et réseaux, ainsi que dans les solutions de paiement avant d'évoluer vers des responsabilités opérationnelles en tant que directeur des ventes. Actuellement, il est expert de classe mondiale dans le conseil stratégique auprès d'entreprises et de groupes de premier plan. Son expertise en Fintech, moyens de paiement et Trade Finance l'a naturellement conduit à explorer les technologies de la blockchain et du Web3. Polyvalent et pluridisciplinaire, Mehdi intervient notamment dans des conférences prestigieuses comme TEDx Paris, où il a partagé sa vision dans le domaine de la Trade Finance. Formateur et conseiller, il travaille avec des banques, institutions financières et entreprises pour intégrer des technologies novatrices. En tant que CEO du cabinet de conseil B4B LABS, Labbani pilote des projets ambitieux en finance décentralisée, blockchain et intelligence artificielle. Il co-organise également en France des conférences, tables rondes et salons autour du Web3 et de l'IA, jouant un rôle actif dans l'essor de cet écosystème en pleine croissance. Dans cet entretien, Labbani partage sa vision du développement de l'écosystème financier algérien et les perspectives de collaboration internationale. L'Expression: Le Colloque de l'Université de Tizi Ouzou a réuni des experts nationaux et internationaux sous la présidence du Dr Safia Zourdani. Quel regard portez-vous sur cet événement? Mehdi Labbani: J'ai beaucoup apprécié ce colloque et tiens à remercier le Dr Safia Zourdani pour son invitation et son leadership remarquable dans l'organisation de cet événement. Je remercie également le recteur Pr Bouda, le Dr Mohamed Laiche, doyen de la FSCG, et leurs équipes pour leur organisation sans faille. Ce colloque a été marqué par la qualité exceptionnelle des intervenants et des participants qui ont enrichi les échanges avec des perspectives variées et des contributions de grande valeur. Votre keynote sur le financement des Fintechs a particulièrement marqué les esprits. Quel était votre message principal? Lors de cet événement, j'ai eu l'honneur de présenter une keynote sur le thème «Le financement des Fintechs en Algérie et en Europe: opportunités privées et publiques». J'ai également animé une conférence, le jeudi 14 novembre, intitulée «Comment réussir un projet Fintech: contexte, défis et mise en oeuvre», suivie d'une séance de débat riche et engageante. J'ai insisté sur la nécessité pour l'Algérie de construire un modèle hybride de financement. Si les initiatives publiques posent des bases solides, l'expérience européenne montre que c'est la synergie entre fonds publics et investissements privés qui catalyse véritablement l'innovation. Nous devons créer des passerelles entre les investisseurs étrangers et l'écosystème local, tout en préservant l'identité et les spécificités du marché algérien. Vous avez un parcours pluridisciplinaire avec des formations en ingénierie des systèmes, réseaux, finance et un Master 2 en finances et banque. Pouvez-vous nous parler de votre rôle actuel et de votre mission dans la banque d'affaires Icapital Venture? Mon parcours m'a permis de développer une vision globale des enjeux du secteur financier. Aujourd'hui, en tant que président d'un cabinet de conseil, j'accompagne les institutions financières dans leur transformation numérique, notamment grâce à l'intégration de la blockchain et de l'intelligence artificielle. Au sein d'Icapital Venture, en tant que directeur d'investissement, j'apporte mon expertise aux investisseurs et aux entreprises dans l'élaboration de leurs stratégies de financement. Mon objectif est de favoriser des collaborations fructueuses et de stimuler l'innovation au sein de l'écosystème financier. Comment percevez-vous l'évolution des moyens de paiement face aux nouvelles technologies comme la blockchain et l'intelligence artificielle? Les moyens de paiement sont en pleine révolution grâce à des technologies comme la blockchain et l'intelligence artificielle. La blockchain améliore la rapidité, la transparence et la sécurité des transactions tout en réduisant les coûts. De son côté, l'intelligence artificielle permet de personnaliser les services, détecter les fraudes en temps réel et optimiser l'expérience utilisateur. Pour des régions comme l'Afrique, ces technologies offrent une opportunité inédite d'inclusion financière, en connectant les populations sous-bancarisées aux systèmes économiques mondiaux. Toutefois, leur adoption nécessite des régulations adaptées, la formation des talents locaux et des partenariats public-privé pour garantir un impact durable. Monsieur Labbani, vous êtes invité à la troisième édition de l'African Start-up Conference en tant que panéliste distingué. Quel rôle voyez-vous pour l'intelligence artificielle dans la transformation de l'écosystème entrepreneurial africain? L'intelligence artificielle est un levier de transformation majeur pour l'Afrique. Elle révolutionne des domaines-clés comme l'éducation, la santé et le financement des PME. Par exemple, l'IA facilite l'automatisation des tâches administratives, renforce la prise de décision grâce à l'analyse prédictive et améliore l'accès aux marchés grâce à des plates-formes intelligentes. Avec une population jeune et dynamique, l'Afrique est bien positionnée pour tirer parti de ces technologies. Cependant, il est crucial de mobiliser les gouvernements, les investisseurs et les entrepreneurs autour d'une vision commune et éthique de l'IA. Comment percevez-vous le rôle des incubateurs universitaires dans cet écosystème? Les incubateurs universitaires sont essentiels. Celui de Tizi Ouzou, par exemple, accomplit un travail remarquable en accompagnant les entrepreneurs. Ces structures permettent de développer des compétences techniques et de créer des ponts entre le monde académique et l'industrie. J'ai été particulièrement impressionné par l'énergie et la créativité des étudiants en Master et des porteurs de projet incubés, sous la direction de Mme Sabrina Chikh. Ces interactions ont montré le potentiel immense de la nouvelle génération, ainsi que l'importance de leur accompagnement dans le développement de l'écosystème Fintech. Pour conclure, quel message souhaitez-vous adresser aux acteurs de l'écosystème Fintech algérien? Le moment est propice pour innover et entreprendre dans le secteur Fintech en Algérie. Les défis sont nombreux, mais les opportunités le sont encore plus. La clé du succès réside dans la capacité à combiner innovation technologique, compréhension du marché local et collaboration internationale. Je suis convaincu que l'Algérie a le potentiel pour devenir un hub majeur de l'innovation financière en Afrique. A tous les entrepreneurs et jeunes professionnels: formez-vous, soyez audacieux et saisissez les opportunités pour bâtir des solutions durables et à impact mondial.