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Un régal pour les commerçants
SAINT VALENTIN
Publié dans L'Expression le 14 - 02 - 2002

Loin de faire partie de nos coutumes, un phénomène social s'est instauré, devenant presque une tradition chez nous.
D'année en année, la saint Valentin est de plus en plus fêtée par la « grâce » de la parabole et des médias interposés. Venue d'ailleurs, elle est en passe de devenir une véritable « tradition ». Le coeur des Algériens, débordant d'amour mais sous le poids des interdits de nos moeurs sociales, trouvent, ce jour-là, un bon prétexte pour se rapprocher de l'autre...
Mais qui est ce sacré «Valentin» pour qui tout le monde se pâme? Au moyen-âge, on appelait «Valentin» le cavalier que chaque fille choisissait pour l'accompagner lors de sorties. Le cavalier devait faire un cadeau à la demoiselle. C'est ainsi que le 14 février, que les jeunes filles essayaient de deviner comment serait leur futur mari. Pour cela, elles regardaient les oiseaux: si elles voyaient un rouge-gorge, elles se marieraient avec un marin, un moineau signifiait un mariage heureux, mais avec un homme peu fortuné, tandis qu'un chardonneret indiquait un mariage avec un homme riche. En ce qui concerne l'identité de Valentin, les historiens ne sont pas d'accord. Au total, sept saints chrétiens prénommés Valentin sont fêtés le 14 février ! Lequel est à l'origine de cette fête? Mystère! La plupart des historiens croient que la saint Valentin est associée aux Lupercales romaines. Les «Lupercales» étaient des fêtes annuelles célébrées le 15 février en l'honneur de «Lupercus», le dieu des troupeaux et des bergers. Ces fêtes marquaient le jour du printemps, dans l'ancienne Rome. Pour cette occasion, on organisait une sorte de loterie de l'amour. Cela consistait à tirer au hasard le nom des filles et des garçons inscrits, de façon à former des couples qui sortiraient ensemble tout le reste de l'année! Les Romains quelque peu ripailleurs avaient fixé au 15 février ces festivités, entièrement tournées vers la fertilité, la fécondité, en bref, l'amour... Importée des Etats-Unis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la saint Valentin est devenue au fil des ans une vaste affaire commerciale en Europe, dopant les ventes des fleuristes, des parfumeurs, des bijoutiers, des magasins de lingerie mais aussi des restaurateurs qui affichent complet ce jour-là. Et chez nous, on a eu vite fait d'attraper le virus! Et d'y succomber avec joie, car quel beau rôle que d'être dans la peau de Roméo ou Juliette l'espace d'un après-midi ! Alors que sous d'autres cieux plus cléments, «les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics» sont célébrés et perçus comme des rois. Pas plus tard que l'année dernière, nos couples étaient victimes d'une véritable «chasse aux sorcières» et comble de l'absurde, jugés au tribunal de Chéraga à quelques jours de la saint Valentin pour atteinte aux moeurs. Relâchés par la suite, ils ont été marqués à tout jamais comme des «malpropres». Espérons qu'ils pourront se rattraper cette année jetant ainsi aux oubliettes cette mauvaise «expérience ». De nos jours, un amoureux se doit d'offrir un petit mot doux, des fleurs ou du chocolat à sa bien-aimée.
Quelques idées, ce sont souvent les tout petits riens qui font le plus plaisir: un bouquet de fleurs, une rose, des bonbons, des chocolats, des parfums, un bijoux, un week-end en amoureux, pourquoi pas? Mais dans ce cas, il faudra y mettre le prix et casser sa tirelire. Tout dépend en somme de sa bourse. Après les fêtes de fin d'année, ce sont les restaurants et les hôtels qui reviennent ainsi à la charge. Il n'y a qu'à voir ces quelques placards publicitaires sur nos journaux qui vantent les mérites de la saint Valentin en offrant aux amoureux les meilleures conditions pour vivre pleinement leur bonheur. Des Roméo sont ainsi prêts à dépenser des petites fortunes pour leur dulcinée. Et les commerçants trouvent là une aubaine pour s'enrichir davantage et multiplier leur chiffre d'affaires. La saint Valentin est plutôt une fête mercantile. Etrangère à notre culture et pourtant, bel et bien inscrite dans l'air du temps... le nôtre. Mais dit-on pas que les vrais amoureux n'attendent pas le 14 février pour s'aimer..


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