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Les nuits du chaâbi
CE SOIR A LA SALLE IBN KHALDOUN
Publié dans L'Expression le 14 - 02 - 2002

La musique populaire chère au musicologue Bachir Hadj Ali est sur le point de connaître des mutations certaines. Réduite à sa plus simple expression, elle est en voie d'être revisitée et portée par une heureuse initiative qui relève d'un véritable projet de société.
S'il est un organisme qui consacre une attention toute particulière au patrimoine cher à cheikh Hadj M'hamed El-Anka, c'est bien l'Etablissement Arts et Culture. Placé sous l'autorité de la Wilaya d'Alger, cet organisme multiplie les initiatives pour que ce genre, parmi les plus populaires que compte le pays, soit pris en charge dans le cadre d'une animation culturelle permanente. Tournant résolument le dos aux actions ponctuelles, quand elles ne sont pas conjoncturelles, l'initiative en question tend, de plus en plus, à prendre la forme d'une vision mûrement réfléchie. S'insérant parfaitement dans une démarche globale qui ambitionne de proposer une sérieuse alternative à quelques velléités initiées çà et là d'une manière décousue, la vision en question procède d'un véritable projet de société. Pour M.Redouane Mohammedi, la période du bricolage est révolue. En tant que vecteur d'animation et de promotion culturelles, l'Etablissement Arts et Culture a pour devoir de jeter les bases d'un véritable renouveau en la matière. A plus forte raison lorsque ses actions plurielles interviennent à un moment où les fuites en avant ne doivent plus être de mise et les conditions sécuritaires un sempiternel refuge de la paresse intellectuelle et d'une démission totale qui ne dit pas son nom. Le premier responsable de cet opérateur culturel enfonce davantage le clou lorsqu'il fait remarquer, non sans pertinence d'ailleurs, que même les artistes sont loin d'être à l'abri de cette repoussante réalité. C'est à l'effet de leur permettre d'être les moteurs de leur rapport au public qu'il compte, s'il ne l'a pas fait déjà, leur offrir toutes les conditions susceptibles de jeter les bases tangibles de leur promotion multiforme. Pour mémoire, il n'y a qu'à se rappeler le concert donné par plusieurs chanteurs, sans contrepartie financière aucune, à l'occasion de l'inauguration de la piscine d'El-Madania. Une soirée mémorable qui avait vu la participation de nombreuses vedettes de la chanson chaâbie, parmi lesquelles il était aisé de reconnaître Bourdib, Kobbi, Sid Ali Driss, Alane, El-Hadi El-Anka ou Abdelmadjid Meskoud.
La promotion de la musique chaâbie semble être le maître-mot d'une initiative se voulant, avant tout, une rupture totale avec les idées réductrices. Des idées qui ont tendance à limiter le champ d'action de la chanson citadine à quelques manifestations folkloriques, alors que, dérivé s'il en est de la musique savante, le chaâbi a toutes les possibilités de se redéployer sur des bases nouvelles où une réappropriation moderne est non des moindres.
Se voulant réfléchie et originale à la fois, l'action présentement menée par les services de M.Redouane Mohammedi connaît des prolongements sur le plan pédagogique. Les professeurs de musique chaâbie, que comptent les conservatoires oeuvrant sous l'égide de l'Etablissement Arts et Culture, ont reçu des instructions les invitant à se mettre au diapason d'une vision susceptible de dynamiser le rapport du citoyen à un patrimoine ancestral dont le moins que l'on puisse dire est qu'il occupe une place de choix dans la société citadine. Ne serait-ce qu'à travers les fêtes que ses chantres animent à la grande satisfaction de nombreuses familles.
A l'effet de permettre l'éclosion de nouvelles traditions, M. Redouane Mohammedi compte sytématiser, dès aujourd'hui et à partir de 20h30 à la salle Ibn Khaldoun, ce qu'il appelle Les nuits du chaâbi. Pour cette grande première, des artistes à la réputation bien établie donneront le meilleur d'eux-mêmes pour que cette manifestation mensuelle agrée un public connaisseur à souhaits. Conçu avec la participation de Mehdi Tammache, Abderrahmane Kobbi, Abdelkader Chercham et El-Hadi El-Anka, le plateau porté par une cause des plus louables traduit, on ne peut mieux, la volonté de ses promoteurs soucieux plus que jamais d'en faire un rendez-vous convivial susceptible de jeter les jalons d'une véritable réflexion sur un genre qui nous tient énormément à coeur.


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