Les enfants sont en vacances. Ils sont cloîtrés entre quatre murs, à se disputer entre eux ou à chialer, en attendant une virée dans le souk, si papa se libère de son travail un peu plus tôt que d'habitude et s'il n'est pas trop fatigué. On verra bien. Et puis, à part le souk, ils n'ont pas où aller, oui peut-être bien une virée chez grand-père, mais s'il y a les cousins qui s'amènent, il faudrait penser à quitter les lieux, pour éviter les disputes. Pourquoi ne pas les emmener à la foire du livre? Non, ce n'est pas celle du livre, mais de la production nationale. C'est pareil, on y fait un tour, ils vont courir un peu. Dans ce cas, on les emmène aux Sablettes, là-bas ils auront le loisir de courir et de se distraire, à condition qu'ils ne choisissent pas les jeux trop chers... Mais là-bas aussi il y a un monde fou, on ne trouve même pas de place où garer...Ainsi, la maman passe son temps à rêver pour sortir ses enfants de cet enfer, en cherchant un endroit idéal où ils peuvent respirer en faisant moins de bruit et sans gêner personne. Les endroits réservés aux loisirs ne sont pas nombreux dans la capitale et sont saturés en période des vacances scolaires. D'où cet agacement chez les parents qui pensaient avoir la paix quand ils ne se mettent pas à les réveiller tôt le matin, à les habiller, à les accompagner à l'école, sans prendre le petit- déjeuner la plupart du temps. Maintenant qu'ils sont en vacances, ils sont soumis à un calvaire d'un autre genre. Le voisin de palier qui avait fait ses études en Russie leur raconte souvent comment il avait vécu son temps dans les années soixante-dix, quand Brejnev était encore en poste et quand tous les Russes marchaient au pas, sans faire trop de bruit. Mais restons sur les loisirs... Il disait qu'il avait atterri à l'âge de 20 ans à Pouchkine, le village du grand poète russe Alexandre Pouchkine, un descendant d'esclaves de Djibouti qu'Alexandre le Grand avait ramenés dans ses grandes conquêtes à travers le monde. La ville porte son nom parce qu'il y avait vécu, avant de mourir tout jeune. Le voisin dit qu'il n'a jamais compris pourquoi on l'appelle Le village des enfants «deskoe sello». On dit que les enfants des tsars venaient y passer leurs vacances dans l'ancienne Russie des Romanov. Pouchkine se situe à quelques km à l'est de Saint-Petersburg, l'ancienne capitale de Russie. Le train de banlieue, venant de Pavlovsk, s'y rend toutes les quinze minutes, sans faire de retard, jusqu'après minuit passé. Il termine son trajet à la gare Koupchino qui donne sur la bouche du métro. Vous pouvez veiller en ville jusqu'à une heure du matin et vous trouverez toujours train et métro à votre disposition pour vous ramener, confortablement, à Pouchkine. Puis vous traverserez le Parc Catherine de nuit, en prenant un bol d'air en vous rendant vers votre lieu de résidence. Comme vous pouvez vous contenter de passer votre soirée au dancing de Pouchkine, sans aller jusqu'à Leningrad (Saint Petersburg). Comme il s'agit de l'ancienne capitale, il y a cette attraction magique, quand vous marchez sur le Nevsky Prospect en vous laissant entraîner par le spectacle envoûtant des ponts suspendus ou des belles bâtisses pleines d'histoire, comme le Palais d'Hiver ou le Mausolée. Dans les années 1970, il y avait dans cette ville 101 théâtres avec toutes les spécialités, du théâtre d'enfants aux opéras, plus de deux cents cinémas, des cirques, des terrains de patinage artistique, les dancings mais surtout les parcs qu'on trouve à chaque bifurcation de rue. Quand le voisin se met à raconter les nuits blanches et à les décrire, on comprend que les loisirs maquent à notre jeunesse...