Le ministre des Transports, Saïd Sayoud, a donné des directives visant à améliorer «les services de transport dans le pays» et «accélérer la mise en oeuvre des recommandations des hautes autorités du pays», lors d'une réunion avec les cadres de l'administration centrale et les dirigeants des groupes et entreprises du secteur. Comme il a insisté, devant les responsables du secteur, sur l'importance de «redoubler d'efforts et à travailler avec dévouement pour atteindre les objectifs fixés». D'autre part, il a souligné «la nécessité d'un suivi continu des projets» et «la recherche de solutions rapides et efficaces aux problèmes rencontrés». En guise de conclusion, il a mis l'accent sur «l'obligation des visites sur le terrain» et de «prendre les mesures dans les meilleurs délais». C'est parfait; on voit bien que le premier responsable du secteur des transports dans le pays est soucieux de la situation et qu'il veut aller de l'avant. Mais la réalité sur le terrain donne le tournis parce que rien ne marche à l'heure, à commencer par les avions et les trains, où l'on a pris l'habitude d'acheter son billet, de réserver sa place et d'attendre que le haut-parleur retentisse pour annoncer le départ. Dans les villes de banlieue de la capitale, il y a les gens qui se mettent à courir dès cinq heures du matin, à faire du stop pour rejoindre la gare ou à y aller à pied si elle n'est pas très éloignée pour ne pas rater le train d'Alger de 7 heures. Les plus pressés, craignant ne pas arriver à temps à leur travail, sortent de la gare, consultent leurs montres et se mettent à marcher très vite pour se trouver un taxi ou tout autre moyen qui les amènerait vers l'arrêt des bus. Une fois arrivés sur les lieux, ils trouvent une foule monstre à attendre. Puis, lorsque le bus arrive, ils se mettent à se bousculer pour prendre une place debout. Mais, vainement, le caissier les bouscule vers l'arrière pour permettre à tous les gens de monter. Puis le bus prend sa course en s'arrêtant en cours de route là où ça lui chante... Dans les arrêts des bus, la situation est pire; le même flux, les mêmes bousculades puis une fois que le bas arrive on se prépare à toutes sortes de brimades pour monter et laisser sortir un ouf de soulagement. Sur la voie parallèle, la circulation est à son apogée. Ils se bousculent, klaxonnent, se disputent, démarrent, freinent aussitôt, redémarrent, s'arrêtent puis l'attente se prolonge, on ne sait pourquoi. Puis la file se met à bouger puis s'immobilise. On commence à perdre patience. Puis, lorsqu'un dérangé les dépasse au risque de les toucher, il reçoit des insultes de toutes parts. Ces histoires sont vécues au quotidien, matin et soir, par les gens qui vivent dans la banlieue d'Alger. Ils vivent l'enfer. Il y a beaucoup de projets de routes, de voies ferrées, de ponts en construction, du nord au sud, qui donnent l'eau à la bouche parce que chacun caresse le rêve d'aller un jour par train jusqu'à Adrar ou encore plus loin et à profiter de la vue d'un spectacle sidérant. Comme il y a l'opportunité pour le commerçant ou l'entrepreneur pour vendre sa marchandise à moindre coût de transport dans des régions lointaines. La route de la soie, si l'on veut dire, est faisable, si on garde à l'esprit toute cette floraison de projets un peu partout et dans tous les sens. Mais l'anomalie se situe dans la façon de gérer tout cela, de manière harmonieuse, comme cela se fait dans les autres pays. Lorsque le ministre des Transports parle et donne des instructions à ses subalternes, on doit prendre en considération ses directives parce que chacun souhaite que les choses s'améliorent pour leur rendre les déplacements d'un endroit à un autre plus faciles. Mais il y a urgence de booster le système de transport par toutes sortes de dispositions, en ajoutant des trains, comme dans la banlieue ouest d'Alger qui semble vivre dans une autre ère, à prendre en charge le transport routier par un réseau public parce que le privé ne s'est pas encore constitué comme système; il évolue dans la pagaille et l'indifférence, au point où chacun fait ce que bon lui semble. Il y a enfin le problème des infrastructures où il serait urgent de remédier à tout cela par un périphérique autour d'Alger ou on ne sait pas quoi fairepour sortir le citoyen de ce désordre épuisant. Les chantiers en cours vont certainement alléger la charge, mais il faudra leur donner la faisabilité pour rendre la vie plus facile et le déplacement plus agréable.