Le ministre des Transports, Saïdd Sayoud, a donné des instructions fermes pour que les concernés par le transport terrestre prennent les dispositions idoines pour offrir des moyens de transport adéquats aux habitants de ces nouveaux pôles citadins. Comme il a insisté, lors d'une réunion de coordination autour du transport maritime et terrestre, sur une étude à envisager pour renforcer les voies reliant Alger à ses endroits, tels Larbaâ, Meftah, Haouch Errih, etc. pour trouver des solutions d'ici le prochain rendez-vous. Cette rencontre a regroupé les cadres du ministère et les représentants et service des ports (Serport), le directeur du transport terrestre (Transtev), le responsable du transport de la wilaya de Blida, le directeur de l'Etusa et le directeur du transport universitaire. Il s'agit en fait du transport entre Alger, Blida et la nouvelle ville de Bouïnan, cette agglomération nouvelle qui n'a pas encore recouvert les indices d'une ville proprement dite parce qu'elle vit en fait hors du temps. Bien avant sa création, et jusqu'à aujourd'hui même la wilaya de Blida n'arrive pas à établir le lien avec la capitale, tout en sachant que la majorité de ses fonctionnaires travaille à Alger et fait le va-et-vient quotidien. La nouvelle ville regroupe, en somme, quatre agglomérations (Bouïnan, Amroussa, Malha et Hassania) qui restent suspendues entre ciel et terre, sans parvenir à nouer des contacts avec les autres villes. Jusqu'à ce jour, il n'y a pas les routes spécifiques, ni chemin de fer, ni rien, exception faite des nantis qui peuvent se permettre l'achat de véhicules personnels pour se déplacer. L'autoroute prévue pour secourir Blida, engorgée du matin jusqu'au soir, n'a pas encore vu le jour. On parle de moyens modernes qui seront réalisés pour casser ce rythme morbide des déplacements quotidiens de et vers Alger. Les nouveaux habitants doivent aller jusqu'à Boufarik pour prendre le train ou la route d'Alger. Mais une fois qu'on arrive à Boufarik, commence un autre calvaire. Mais personne ne sait quand arrivera le train d'Alger. Et l'on passe des heures et des heures à attendre sur le quai sans que le haut-perleur n'annonce l'arrivée du train tant désiré. À la gare routière, les bus arrivent tôt le matin. Si vous avez la chance de vous réveiller tôt vous pourriez rejoindre votre travail avec une heure de retard. Même si vous disposez d'un véhicule il faudrait faire son calcul en ajoutant une heure que vous passerez à Birtouta et Baba Ali à ronronner. C'est un passage obligé, qui bouge au centimètre près comme une file de fourmis. Là, vous pourrez lire vos messages sur les réseaux sociaux, répondre, envoyer vos images puis vous attendrez encore, le temps qu'il faudra pour passer la porte d'Alger. Certains vous diront qu'il est plus rapide de parvenir à Ouargla, par la nouvelle autoroute de Médéa, que d'aller à Alger qui se situe à seulement 30 KM de Boufarik. Les réunions de ce genre (du ministère concerné) sont utiles, dans le sens où il est urgent de faire accélérer ce train qui vivote car il faut aussi relever un manque de trains flagrant à l'ouest d'Alger. Mais il est surtout urgent de mettre de l'ordre dans le transport terrestre qui est entre les mains des privés. Une fois, un passager venant de Soumaâ vers Boufarik pour rejoindre le train d'Alger a vu le chauffeur garer le bus, descendre lestement pour rejoindre un restaurant pour s'acheter un sandwich, en laissant les passagers attendre serrés sous une chaleur torride. Quand il est revenu il lui posé la question suivante: «Où étiez-vous passé?». Il n'a même pas daigné répondre parce qu'il s'estimait être dans son droit. Ces scènes sont quotidiennes avec les insultes et bousculades qui les accompagnent. Il est vrai que l'allègement de la ville d'Alger pour lui permettre de respirer, en la vidant de sa population est utile mais il faudrait que les moyens de transports accompagnent cette démarche. On ne peut donner des logements à Bouïnan ou Sidi Abdellah ou Blida, sans moyens d'accompagnement pour alléger leur fardeau. Il y en a beaucoup parmi eux qui ont vécu toute leur vie à Kouba ou Bab el Oued et qui se retrouvent soudain hors du monde qui leur appartient, qui leur appartenait. Ils se disent parfois que le logement offert - qui sera payé pendant toute une vie- n'est pas un cadeau. Ce n'est qu'en s'installant dans leur nouvelle demeure qu'ils se rendent compte du dépaysement. En attendant le métro et le tramway promis il faut prendre son mal en patience, si Dieu vous prête longue vie.