Le célèbre militant franco-algérien Karim Zeribi, connu pour ses interventions de qualité dans les débats politiques et médiatiques en France,a été l'invité, avant-hier, de l'émission Les Informés de BFM Radio. Celui-ci a dénoncé la manière dont certaines autorités françaises abordent la question des relations avec l'Algérie. Selon lui, plutôt que de se concentrer sur les problèmes réels et quotidiens des Français, certains responsables politiques utilisent la question algérienne comme un terrain de diversion pour des enjeux internes. Ce qui frappe, c'est que ce sujet est devenu une priorité dans le débat public français, détournant l'attention des problématiques urgentes qui affectent directement les citoyens. Le Premier ministre français, François Bayrou, a tenté de mettre la pression sur l'Algérie en menaçant de remettre en question les accords de 1968. Pour Zeribi, cette démarche semble plus relever de la politique intérieure et d'un calcul électoral que d'une volonté de renforcer la diplomatie française. Les responsables politiques français, principalement issus de la droite et de l'extrême droite, semblent exploiter le sujet algérien pour capturer un électorat préoccupé par l'immigration et les relations internationales. Le véritable danger, selon Zeribi, réside dans l'utilisation de la question algérienne comme une diversion pour éviter de traiter les enjeux internes du pays. La France, confrontée à de graves défis tels que la violence, la crise éducative et la délinquance, semble se laisser prendre au jeu des tensions diplomatiques avec l'Algérie, au détriment de ses priorités nationales. Zeribi critique cette stratégie qui n'a d'autre effet que d'isoler la France sur la scène internationale, tout en détournant l'attention des problèmes qui touchent directement les Français. Zeribi souligne également que les sanctions envisagées, comme la réduction des visas, ne feront qu'empirer la situation, sans réelle conséquence pour l'Algérie. Un pays qui est aujourd'hui un acteur majeur dans le domaine de l'énergie, entretient des relations solides avec des puissances comme les Etats-Unis, la Chine, la Russie ou encore l'Inde. L'Algérie n'est donc pas dépendante de la France et, de toute manière, l'isolement diplomatique de la France risquerait d'entraver les intérêts économiques des deux nations. En 2023, environ 450 entreprises françaises étaient implantées en Algérie, et la France avait des échanges commerciaux importants avec ce pays, estimés à près de 12 milliards d'euros. Pour Zeribi, la solution réside dans un retour à une diplomatie sérieuse, fondée sur le respect mutuel. Ce sont les mêmes termes utilisés, par ailleurs, par Emmanuel Macron vendredi dernier. Karim Zeribi cite en exemple Dominique de Villepin, un ancien ministre des Affaires étrangères qui incarnait une diplomatie professionnelle et équilibrée. Pour rétablir une relation constructive avec l'Algérie, la France doit adopter une approche pragmatique, loin des calculs politiques internes et des tensions artificielles. Si la France veut jouer un rôle respecté sur la scène internationale, elle doit repenser sa stratégie et cesser de voir l'Algérie comme un simple bouc émissaire.