Les bureaux de vote, installés pour la plupart au niveau des sièges des Assemblées populaires de wilaya (APW) ont ouvert hier à 8 h. Plus 27 000 «grands électeurs» étaient appelés aux urnes pour élire les nouveaux membres du Conseil de la nation. Une vingtaine de partis, mais aussi des indépendants ayant pris part à cette élection, auront les yeux rivés sur les résultats une fois les bureaux de vote fermés, à 17 h, pour compter leurs effectifs. Pour les fins connaisseurs de ce scrutin, pas de grands changements en vue. Dans un hémicycle attaché à la domination de la coalition présidentielle, le FLN et le RND comptent bien rester le premier et le deuxième groupes du Conseil de la nation. Le MSP, qui joue le rôle d'opposition parlementaire à l'APN, ne dispose pas d'un maillage local suffisant pour investir les rangs du Sénat. Une situation à laquelle le parti du défunt Mahfoudh Nahnah tente d'y remédier en présentant des candidats, sans grand espoir, dans plus d'une trentaine de wilayas. Le front El-Moustakbal et le mouvement El-Bina sont deux formations émargeant au camp présidentiel qui ambitionnent de progresser pour continuer de tisser leur toile au Sénat. Enfin, le FFS espère sauvegarder ses deux sièges quasi acquis à Tizi Ouzou et Béjaïa et créer la surprise en obtenant un troisième siège dans la capitale. L'enjeu politique majeur de ce scrutin indirect, sans grand suspense, reste le plébiscite du nouveau président de la chambre haute du Parlement qui devrait intervenir dans les prochains jours. Quelque 58 des 174 sièges de sénateurs sont à pourvoir pour six ans dans 58 wilayas. Le taux de participation sera élevé d'autant plus que le vote pour les élections sénatoriales est obligatoire. D'ailleurs, selon le président de l'Anie, ce taux a atteint 23,44%, à 11h. À ce propos, l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie) a rappelé, hier, aux élus locaux que le «vote est obligatoire, sauf en cas de force majeure», et ce conformément aux dispositions de la loi organique relative au régime électoral modifiée et complétée, notamment son article 218, ainsi que de la décision n° 127 du 2 mars 2025, fixant les modalités de vote pour le renouvellement par moitié des membres du Conseil de la nation du 9 mars 2025. Le Conseil de la nation est la deuxième chambre du Parlement, institué pour la première fois, par la Constitution du 28 novembre 1996. La chambre haute du Parlement a été mise sur pied dans un contexte politique particulier marqué par la montée de l'islamisme radical, visant à assurer la continuité et la stabilité des institutions de l'Etat algérien. Comme les députés, les membres du Conseil votent des loi adoptées déjà par l'APN, mais ne disposent toutefois pas du pouvoir d'amendement. En cas de désaccord entre l'APN et le Conseil de la nation, une commission paritaire ad hoc est mise en place et est chargée de proposer un texte révisé qui est soumis à l'approbation des deux chambres, sans possibilité d'amendement. Jusqu'en 2021, le total de membres du Conseil était de 144, pour 96 élus et 48 nommés. Le passage de 48 à 58 wilayas, officialisé fin 2007, porte en 2022 le nombre de membres élus de 96 à 116, et celui des membres nommés de 48 à 58. Dans le cadre de réajustement du système bicaméral, le contexte ayant initialement motivé la création d'une deuxième chambre étant évolué, la Constitution de 2016 a octroyé au Sénat la faculté de proposer des projets de loi. Grâce à la Constitution de 2020, les prérogatives du Conseil de la nation ont été élargies et son statut promu. Dans ce contexte, les textes de loi relevant du domaine des collectivités locales sont adoptés au Sénat avant qu'ils soient transmis à l'APN. Pour rappel, Salah Goudjil, qui préside le Conseil de la nation depuis 2019, avait remplacé feu Abdelkader Bensalah nommé chef de l'Etat par intérim après la démission d'Abdelaziz Bouteflika en avril 2019. Ce dernier fut président du Conseil de la nation pendant plus de seize ans. Cherif Messadia (2001-2002) avait succédé à Bachir Boumaza qui était le premier président du Sénat (1998-2000).