Dans l'entrevue qu'il a accordée aux représentants de la presse nationale, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a fait le point sur la sécurité alimentaire et hydrique du pays. Il a, alors, salué les «grands progrès» réalisés par l'Algérie dans le domaine agricole et la réduction de sa dépendance vis-à-vis de l'étranger, tout en affirmant que le pays atteindra l'autosuffisance dans plusieurs produits, notamment le blé dur. «L'autosuffisance sera totale en 2025» a-t-il dit. Une production agricole en nette hausse et tablant sur les cultures stratégiques qui sont à la base de ces progrès, a, de prime abord, qualifié Tebboune qui a,également, abordé une politique de l'eau avisée qui concourt à assurer la sécurité hydrique. Il a, à ce titre, rappelé l'ambitieux programme de réalisation d'usines de dessalement de l'eau de mer, l'interconnexion des barrages et l'exploitation de la nappe phréatique. «La production agricole nationale est, désormais, demandée», en termes de quantité et de qualité, a-t-il fait savoir, ajoutant qu'il est également question d'atteindre l'autosuffisance dans la filière laitière «d'ici deux ans», grâce à un grand projet d'investissement à Adrar en partenariat avec les investisseurs qataris pour l'élevage bovin et la production de produits laitiers. Rappelons qu'une fois concrétisé, ce projet permettra de produire localement 50% des besoins nationaux en poudre de lait de l'Algérie, d'approvisionner le marché local en viande rouge, en sus de contribuer à l'augmentation du cheptel bovin national. Concernant l'élevage, Tebboune prône «une stratégie globale». On s'est entendu avec l'Union nationale des paysans algériens (Unpa) pour «trouver une solution définitive aux problèmes enregistrés» dans cette filière. A-t-il signalé en évoquant des solutions mises en oeuvre comme l'autorisation d'importation de bétail de pays africains dont le Mali et le Niger dans le cadre du troc, a précisé Tebboune, soulignant que les pouvoirs publics mettront en place des « lois strictes» afin de prévenir toute atteinte à la richesse animale et donc à la sécurité alimentaire, notamment le phénomène de l'abattage d'agnelles. Le chef de l'Etat qui a rendu hommage aux agriculteurs et aux investisseurs a salué les progrès réalisés en matière d'exportation grâce à la qualité du produit local, notamment l'exportation des produits agricoles, et ce, suite à des simplifications administratives et à la débureaucratisation du secteur agricole. Le Président a, dans la foulée, fortement dénoncé le phénomène de la spéculation qui menace la stabilité du marché. La spéculation est une «pratique héritée d'une époque révolue», mais « aujourd'hui, la plupart des jeunes sont loin de ces comportements», s'est-il néanmoins réjoui. Tebboune s'est, par ailleurs, dit satisfait quant au retour à la normale des relations entre l'Algérie et l'Espagne, notamment sur le plan commercial, «après avoir connu un coup de froid», annonçant que l'Algérie importera de ce pays une partie de ses besoins en ovins en prévision de l'Aïd El-Adha». Dans le secteur de l'eau, Tebboune a affirmé qu'outre les projets visant à renforcer la sécurité hydrique, notamment à travers les stations de dessalement de l'eau de mer, il a été procédé au lancement de projets de transfert d'eau entre les barrages ayant un excédent et ceux enregistrant un déficit, parallèlement à l'exploitation des eaux souterraines. Il a, dans ce chapitre, annoncé la création d'une entreprise pour la réalisation et la gestion des stations de dessalement de l'eau de mer. «Nous avons pris la décision de créer une entreprise nationale de réalisation et de gestion des stations de dessalement de l'eau de mer, en misant sur nos compétences humaines, notamment les jeunes ayant participé à la réalisation de différentes stations de dessalement de l'eau de mer», dont les entreprises relevant de Sonatrach. Exprimant sa «fierté» quant à la contribution des entreprises nationales dans la concrétisation du programme des cinq usines de dessalement de l'eau de mer, dont quatre ont été inaugurées et mises en service, d'une capacité totale de 1,5 million de m³ par jour, le président de la République a souligné que le rôle de ces entreprises a permis à l'Algérie «d'économiser des devises et de réduire les délais de réalisation d'environ 7 à 8 mois par rapport à ce que réalisent les entreprises internationales». Grâce à ces infrastructures, la part du dessalement dans l'approvisionnement en eau potable des citoyens atteindra 72%, a précisé le Président, ajoutant que l'Algérie s'apprête à réaliser un nouveau programme comprenant six stations de dessalement aux capacités variables et inédites. Dans le cadre de ce programme figure une station à Tizi Ouzou, d'une capacité de 60.000 m³/jour, et dont les travaux ont été lancés.