Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a effectué, hier matin, une visite de travail à Alger. Arrivé à 10h, il a rencontré au siège du ministère, le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l'étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf. Lors de cette rencontre, qui a duré près de deux heures, les deux responsables, accompagnés de leurs délégations respectives, ont eu un entretien approfondi. Ils ont abordé les dossiers délicats qui ont marqué les relations entre l'Algérie et la France au cours des huit derniers mois. Ces échanges ont permis de traiter de manière constructive les sujets qui ont contribué à détériorer les relations entre les deux pays pendant cette période de crise. L'entretien s'est déroulé dans un climat de respect mutuel, conforme aux attentes des deux parties. Les discussions ont couvert plusieurs aspects cruciaux, notamment les relations bilatérales, les questions régionales et les problématiques migratoires, tout en tenant compte des lignes directrices définies lors du dernier appel téléphonique entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron. Après une courte pause, Jean-Noël Barrot, accompagné de sa délégation, a été reçu en début d'après-midi par le président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune, au Palais présidentiel d'El Mouradia. Côté algérien, l'audience s'est déroulée en présence du directeur de cabinet à la présidence de la République, Boualem Boualem, du ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l'étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, et du secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l'étranger et des Affaires africaines, Lounès Magramane. Cette rencontre vise à «concrétiser le réchauffement bilatéral après huit mois d'une crise qui a mené les deux pays au bord de la rupture», avait-on communiqué précédemment. Les deux audiences accordées par les hautes autorités du pays au ministre français des Affaires étrangères ont duré plusieurs heures. Un signe que les deux parties avaient beaucoup de choses à se dire, après cette longue période de silence. Il s'agit de la première visite à ce niveau après cette période de tension, et elle a permis de rouvrir les portes du dialogue diplomatique, indispensable pour surmonter cette crise. Au regard des résultats déjà obtenus, il semble que les deux parties soient déterminées à rétablir une coopération plus fluide et constructive, telle que souhaitée par les deux Présidents. Le chemin diplomatique, emprunt de sagesse, choisi par les présidents des deux pays pour résoudre cette crise qui a atteint des sommets inédits depuis l'indépendance de l'Algérie, sonne comme un désaveu et une cuisante défaite contre la manière belliqueuse et le discours de haine qui avait marqué cette période. Contrairement à la «rupture totale» des relations entre les deux pays, prônée par l'extrême droite française, ou encore au «bras de fer» et les menaces brandies par le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, les deux pays ont pu échanger dans le respect mutuel, d'égal à égal, sur les sujets les plus délicats qui puissent se mettre sur leur chemin, et trouver des terrains d'entente pour pouvoir les dépasser. Cette visite vient donc balayer d'un revers de main le nuage sombre qui a marqué les liens entre les deux pays. À noter que cette première rencontre est la première initiative d'une série d'échanges de haut niveau, prévus par les deux capitales. Une autre visite d'un autre ministre français est déjà programmée «dans les prochains jours» à Alger. Il s'agit du ministre d'Etat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, Gérald Darmanin. Celui-ci est chargé par le président français de se rendre à Alger dans la même perspective de renouer le dialogue et la coopération avec l'Algérie. Cette visite a été annoncée dans le communiqué conjoint, diffusé après l'appel téléphonique du président français, Emmanuel Macron, à Abdelmadjid Tebboune. Les deux Présidents n'écartent pas une probable rencontre prochaine, note encore le même communiqué.