Le rétablissement des liens de coopération entre l'Algérie est la France, après la visite de Jean-Noël Barrot, a été, en majorité, positivement commenté par la classe politique et médiatique française. Nombre de personnalités se sont exprimées dans la journée d'hier, se réjouissant que les deux pays dépassent enfin la crise dans laquelle ils se sont embourbés depuis juillet 2024. L'historien Benjamin Stora, qui a toujours plaidé pour la réconciliation, a noté que «le ton a changé». Il rappelle que «jusqu'à présent, les rapports étaient exprimés en termes de bras de fer, d'affrontements avec l'Algérie», observe l'historien spécialiste de l'histoire algéro-française. «Le dossier est passé des mains du ministre de l'Intérieur à celles du ministre des Affaires étrangères et, surtout, du président de la République lui-même, qui s'est investi dans ce rapport compliqué avec l'Algérie», rappelle-t-il encore sur les ondes de France Inter. De son coté, Dominique de Villepin relève que c'est dans l'intérêt de la France de «retrouver une sorte de sérénité avec l'Algérie». Cette sortie de crise est, pour l'ancien ministre des Affaires étrangères, nécessaire. «Nous ne pouvons pas faire autrement que de prendre en compte l'ensemble de la relation parce que si nous restons sur le seul terrain sécuritaire, nous ne trouverons pas une sortie de crise», analyse-t-il sur la revue Le Grand Continent. L'homme politique appelle à «sortir de la diabolisation». Au passage, il a fustigé «le spectacle d'impuissance» auquel s'est donné le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau. «Moi, je n'accepte pas de voir un ministre de la République venir devant les Français à la TV pour donner ce spectacle d'impuissance et, en plus, celui d'un dysfonctionnement ministériel en mordant les plates-bandes d'un collègue ou du président de la République», a déclaré l'homme politique qui jouit d'une grande estime en France. Pour sa part, Manuel Bompard, coordinateur de La France Insoumise et député des Bouches-du-Rhône, commentant cette première visite effectuée par Jean-Noël Barrot à Alger, estime que c'est «une bonne chose qu'il y ait une volonté de désescalade». Le député français, invité dans la matinée de lundi sur Franceinfo, pense que «cette volonté de renouer le dialogue est un désaveu cinglant» de la «méthode» du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui «est venu faire le shérif et bomber le torse en disant ''vous allez voir, je vais faire plier l'Algérie''» et qui «n'a rien obtenu du tout». De son côté, François Clemenceau, éditorialiste international de la chaîne d'information LCI, pense qu'il faut tout remettre à plat et débattre autour d'une table les sujets qui fâchent, mais aussi qu'il est urgent de reprendre la coopération, notamment celle de la sécurité. L'éditorialiste a mis en exerce la grande importance de la reprise de la coopération entre les deux pays, notamment avec la conjoncture de plus en plus compliquée dans le Sahel, marquée par une montée de terrorisme qui menace la stabilité régionale. Par ailleurs, le réchauffement des relations entre Alger et Paris n'a pas fait que des heureux en France. Comme il fallait s'y attendre, la mouvance politique de l'extrême droite est vite montée au créneau pour dénoncer cette reprise du dialogue. Les «grincheux» de la scène politique française, assurément et génétiquement allergiques à une relation apaisée et sereine entre les deux pays, ont trouvé le temps de s'indigner à propos de la visite de Jean-Noël Barrot à Alger. Pour Pierre Lellouche, ancien ministre et député LR, Tebboune et Macron mènent «un même combat» pour les deux pays. «On retourne à la normal avec l'Algérie, c'est-à-dire 250000 visas par an», s'est-il offusqué, hier, sur Cnews, le média attitré de l'extrême droite haineuse. L'ancien secrétaire d'Etat qui, visiblement, s'attendait à une rupture des relations ou encore à une guerre entre les deux pays, se demandait, dans son intervention, et avec un langage insultant et indigne du statut d'un ancien ministre, comment la France est passée d'une promesse de «réponse graduée» et de toutes les menaces brandies par le ministre de l'Intérieur, à un ton amical et apaisé entre les deux pays. Jean-François, maire de Meaux, s'est essayé à une vaine tentative de redorer le blason de Retailleau, en inversant le fait admis par tout le monde, à savoir que c'est lui la cause principale de cette crise, non la solution aux problèmes qu'il a lui-même créés.