Le martyr Abou Ali Moustapha, assassiné lundi à Ramallah, vient s'ajouter à une longue liste de victimes palestiniennes de la folie meurtrière israélienne. Le martyrologe palestinien s'allonge de jour en jour sous les coups haineux d'un gouvernement israélien aujourd'hui incapable de discerner où se trouve l'intérêt des Israéliens: une paix négociée profitable aux deux communautés, où la poursuite indéfiniment d'une guerre où il n'est pas du tout assuré que l'Etat juif pourra atteindre son objectif de pérenniser sa sécurité. Car, cette sécurité a un prix: le retrait israélien des territoires palestiniens, l'érection d'un Etat palestinien aux côtés de l'Etat hébreu. Ce que les Israéliens refusent obstinément de prendre en compte. En choisissant la seule pratique de la force pour trouver une sortie à un dossier essentiellement politique, Israël, soutenu dans sa dérive par les Etats-Unis, fait tout faux, et s'engage dans un engrenage de morts et d'assassinats dont l'issue peut bien ne pas être celle attendue par les promoteurs de l'escalade au Proche-Orient. Les exactions, les assassinats - qui relèvent du crime contre l'humanité - commis par l'Etat hébreu contre le peuple palestinien appellent les gouvernants israéliens à rendre, un jour, compte de leurs forfaits. Mais, Israël, loin de savoir raison garder, revendique ces crimes ciblés, unanimement condamnés par la communauté internationale, et visant l'intelligentsia et les cadres de la résistance palestinienne. Ainsi, réagissant à l'assassinat du dirigeant palestinien, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, a affirmé que «l'assassinat (lundi) de M Abou Ali Moustapha est une action grave» rappelant «la position de l'Union européenne qui condamne toute action « ciblée » d'Israël visant les activistes palestiniens». Une quinzaine de dirigeants, de différentes formations palestiniennes, plus de 600 militants, intellectuels, parmi lesquels le docteur Sabet Sabet membre du Fatah et directeur général du ministère palestinien de la Santé, des centaines d'enfants et d'adolescents ont ainsi trouvé la mort lors des derniers mois et singulièrement depuis l'arrivée de Sharon au pouvoir, en février de cette année. Israël a ainsi engagé une guerre totale contre le peuple palestinien dans laquelle l'armée israélienne utilise, de manière massive, des bombardiers F16 et F15, des chars d'assaut, des hélicoptères de combat Apache et Cobra, des missiles sol-sol et air-sol, tout cela pour mater un peuple qui ne revendique que son droit. Ce sont des missiles air-sol tirés à partir d'un hélicoptère qui ont tué le dirigeant palestinien Mustapha Zabri, alias, Abou Ali Moustapha. Quoi que puissent déclarer les Israéliens, rien ne justifie une telle escalade et l'emploi disproportionné d'un matériel de guerre contre un peuple pratiquement désarmé qui n'a à opposer à cette armada que son courage et sa résistance. Dans ce contexte, le silence de la communauté internationale ne peut ni s'expliquer ni se légitimer surtout lorsque l'Etat hébreu se met à pratiquer l'élimination à grande échelle de dirigeants et de militants palestiniens. Le monde semble avoir capitulé face au diktat américain quand les Etats-Unis ont renouvelé leur opposition à toute résolution de la part du Conseil de sécurité de l'ONU sur le dossier palestinien. Opposition immédiatement assimilée par les Israéliens à un feu vert de Washington à la chasse aux Palestiniens. La mort, lundi, d'Abou Ali Moustapha peut, dès lors, être imputée au laxisme américain. En assassinant, en ciblant les dirigeants palestiniens, Sharon n'a, en fait, qu'un seul but: annihiler toute résistance de la part des Palestiniens, les amener à renoncer à leurs droits, à capituler. Si la communauté internationale reconnaît le droit des Palestiniens à ériger leur Etat indépendant, elle se trouve aussi impuissante à le faire appliquer. Face à l'impunité que leur a accordée Washington, Sharon et ses stratèges auront, tout au long de ces mois, semé la haine et érigé un mur de suspicion et de méfiance entre les deux communautés arabe et juive. Si les choses sont arrivées à cette extrémité, à ce point de non-retour, que se profile à l'horizon, une nouvelle guerre dans la région, cela est dû aussi, sinon surtout, au fait de l'inaction des Etats-Unis qui ont laissé faire un criminel déjà accusé de crime contre l'humanité dans l'affaire de Sabra et Chatila. Face à cette spirale meurtrière engagée par Sharon, il appartient maintenant à l'Union européenne et à la communauté internationale d'agir de concert pour tracer, enfin, au gouvernement israélien des lignes rouges à ne plus franchir. Car il est encore temps d'entreprendre pour peu qu'une véritable volonté de mettre un terme à la violence israélienne se manifeste, en commençant par dépêcher l'envoi d'une force internationale d'interposition entre les deux belligérants. Face à l'impuissance du Conseil de sécurité, les regards sont dès lors, braqués sur Washington qui, lui seul, détient les clés à même d'arrêter la folie meurtrière du gouvernement Sharon
