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Résistance en silence
Publié dans L'Expression le 05 - 04 - 2007

Dans notre monde, chacun a ses parts de clair-obscur.
Vu l'état déplorable de la situation internationale et celle des pays arabes sur nombre de plans: les dépendances, les retards, les pressions extérieures, des actes de néocolonialisme à peine déguisés, les exploitations à ciel ouvert de leurs immenses richesses, les attaques islamophobes et les provocations de toutes sortes, marquées par la remise en cause du dialogue, la prolifération des réquisitoires, la stigmatisation, actes réducteurs qui risquent de se perpétuer; il est urgent de se demander comment réagissent les élites intellectuelles de par le monde. On entend répéter que les musulmans vivent hors du savoir moderne, ont des réactions choquantes et que quiconque a le droit de critiquer autrui et la religion. Que faut-il penser de ces points de vue, notamment lorsqu'ils émanent parfois de citoyens européens de culture musulmane? Alors qu'il y a lieu d'exercer sa pensée critique sans distinction, partout où la logique et le bon sens l'exigent. Ils demandent aux musulmans de dénoncer plutôt leurs régimes arabes illégitimes et despotiques, de protester, ce qui va de soi, contre les extrémistes intégristes, au lieu de s'opposer à la loi du plus fort, aux amalgames et agressions de toute nature, les occupations brutales, les calomnies proférées par des apprentis sorciers qui, comme les extrémistes mais de manière inversée, font de leur haine contre l'Islam et le Prophète leur fonds de commerce. Depuis la première crise en 1973 qui avait montré les effets de l'arme du pétrole, en passant par les deux guerres du Golfe 1991 et 2003, jusqu'à la résistance libanaise de l'été 2006 ayant remis en cause l'arrogance, la propagande islamophobe a fabriqué le plus grand mensonge des temps modernes «le choc des civilisations», théorie délirante pour faire diversion aux problèmes politiques.
Le mépris de l'autre
Les musulmans sont accusés de ne pas accepter la critique, de ne pas comprendre, pis, de verser dans le délire de la victime imaginaire et de la communauté assiégée. Certains applaudissent aux pamphlets et demandent aux musulmans de trahir la lettre et l'esprit du Coran qui, selon eux, est marqué par la maladie de la violence. Les musulmans doivent rompre, selon eux, avec un texte de violence. Avec un mépris rare du religieux, habités par le refus de l'autre, ils se sont engouffrés dans la brèche ouverte par les extrémistes pour clamer, sans preuve, que le troisième rameau monothéiste est violent et ne favorise pas l'exercice de la raison. Une condamnation sans appel, à peine atténuée, pour la forme, par l'affirmation que toutes les religions ont connu la violence et l'obscurantisme.
Une antienne connue, pour eux, le musulman est l'éternel hérétique, le Sarazin réfractaire au progrès et aux libertés selon l'Occident moderne. Le terrorisme des faibles, les actes barbares des extrémistes politico-religieux, sans oublier l'archaïsme des régimes arabes qui exaspèrent dans le monde les démocrates et les humanistes, ont contribué à la déformation de l'image des peuples du Sud. L'immense majorité des musulmans sait en outre que les violents aveugles sont des incultes, des usurpateurs, souvent manipulés et poussés au désespoir. Cependant, le terrorisme des puissances a aussi une lourde responsabilité. Les peuples savent que l'amalgame et l'instrumentalisation des actes des criminels, inauthentiques croyants, sont instrumentalisés et servent des desseins à peine voilés; comme celui de s'inventer de nouveaux ennemis, pour faire diversion à d'autres problèmes, politiques, ceux de la domination brutale et totale, notamment sur les sources d'énergie. La haine contre l'Islam ne date pas de l'après-11 septembre 2001; voilà 15 siècles que l'ignorance et le refus de comprendre la civilisation islamique priment, malgré les efforts louables de tant d'orientalistes et d'islamologues européens.
Les masses musulmanes, qui résistent en silence, auraient voulu entendre de la bouche de certains intellectuels, des interpellations plus objectives, comme: vous êtes attachés au religieux de manière forte, mais comment réinterpréter vos textes à la lumière du savoir moderne? Pourquoi tenez-vous au lien entre le spirituel et le temporel, qu'est-ce que cela signifie? Comment assurer le renouveau, le tajdid, la modernité? Pourquoi tant de lenteurs à mettre en oeuvre une nouvelle lecture de vos références fondatrices? Pourquoi aujourd'hui l'écart entre la théorie et la pratique de votre vision du monde est parfois si grand? Quelles réactions face à la tendance théocratique et à ceux qui pratiquent de manière aveugle la violence et usurpent le nom de l'Islam? Pourquoi ces retards en matière démocratique, scientifique et culturelle, malgré votre patrimoine si vivant à l'origine d'une civilisation lumineuse? Pourquoi aujourd'hui l'autocritique, les interrogations et les sciences sociales sont-elles si peu soutenues et pratiquées? Pourquoi les pays arabes sont-ils devenus des simples consommateurs, faibles dans la pratique de la recherche, du management et de la créativité? Pourquoi consacrent-ils en moyenne moins de un pour cent de leur budget à la recherche du développement? Au lieu de participer au dénigrement et à l'amalgame, à des contrevérités, les citoyens du Sud attendent ce type de questions, qui peuvent susciter le débat. Tout en respectant la différence comme richesse, don et épreuve, selon les termes même du Coran, le musulman est soucieux de dialogue. Il espère que l'autre accepte aussi d'être interpellé.
Au citoyen du Nord qui refuse le droit à la différence et qui refuse de dialoguer et débattre sur l'universel, nous devons dire cela est inadmissible. Et lui dire aussi pourquoi avoir commis tant de violences à travers l'histoire, comme l'inquisition et accompagné des dérives de la déraison, accompagné des errements historiques comme le colonialisme? Pourquoi avoir abouti à une raison pas toujours raisonnable, à la marginalisation de la religion et un monde menacé par la déshumanisation? Pourquoi avoir oublié que l'Occident classique fut judéo-islamo-chrétien et gréco-arabe? Pourquoi désinformer et travestir nos 15 dernières années marquées par les dérives d'une infime minorité d'extrémistes et oublier 15 siècles de notre riche histoire? Pourquoi parler que d'un type de méconnaissance, de violence et ignorer celle des puissances dominantes et du laisser-mourir sécrété par un ordre injuste? Pourquoi monopoliser les sources du savoir, interdire aux autres des moyens technologiques en votre possession et imposer une division internationale du travail qui accentuent les écarts entre «un centre» et «une périphérie». A des minorités judéo-chrétiennes, il est aisé de dire pourquoi avoir oublié que durant des siècles l'hospitalité leur fut offerte en terre d'Islam lorsqu' ils fuyaient l'Europe de l'intolérance? Pourquoi, après l'histoire tourmentée de la Seconde Guerre mondiale, certains ont comme oublié l'épreuve innommable qu'ils ont subie, si l'on constate les violences qu'ils font subir au peuple palestinien? Aux tenants du libéralisme, on peut dire: pourquoi confondre libertés et Liberté? Pourquoi ce monde d'égoïsme, de permissivité, de laxisme, où tout est marchandise? A tous, par-delà des acquis prodigieux de la modernité, il convient de dire: vers quelle destination inconnue sommes-nous embarqués? A quoi nous sert-il de s'inventer des ennemis, de stigmatiser l'autre, de vouloir le culpabiliser outre mesure? La haine est vouée à l'échec. Heureusement que dans ce même Occident, des forces de progrès existent et luttent pour la justice et la paix, ils sont nos alliés.
Nous devons, chacun en ce qui le concerne, sortir du mutisme et pratiquer l'autocritique, sans avoir à accuser l'autre de tous les maux, sans se cacher derrière le refus de sangloter sur ses propres dérives. Dans notre monde, chacun a ses parts de clair-obscur. Les protestations irrationnelles face aux discours de l'autre, de l'interpellation franche ou de l'amalgame, malgré les amplifications médiatiques, sont l'oeu vre d'une infime minorité montée par les mouvements de la fermeture. Alors que les espaces de débats sont rares et les intellectuels découragés, l'immense majorité des citoyens du Sud revendique la pensée critique, le débat loyal et dénonce les injustices avec un sens de la responsabilité, que certains ne veulent pas voir. Il n'y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Des médias, notamment les réseaux télévisuels satellitaires, au Nord comme au Sud, refusent de donner la parole aux éveilleurs des consciences. Ils préfèrent les pyromanes, les spécialistes du dénigrement. A ceux qui parlent de l'autre avec une hargne obsessionnelle, ou qui renient leurs racines et vantent la jouissance à tout prix et autres délires faustiens, nous disons: ni apologie de soi, ni dénigrement de l'autre, mais critique objective, par l'exercice heureux de la pensée, notre dénominateur commun, tel est le chemin qu'il nous faut retrouver. Nous devons accepter les critiques, argumentées, objectives et respectueuses de la différence, qui discernent et donnent à réfléchir. Mais il est légitime de réfuter les polémiques stériles, qui opèrent des amalgames malhonnêtes, faits indignes de personnes civilisées. La plupart des citoyens du Sud face à toutes les attaques haineuses, s'attachent plus que jamais à leurs racines, dans la patience et la détermination. Plus encore, comme le souligne un rapport officiel, en Europe deux cents personnes par jour se convertissent à l'Islam. Le secret des coeurs est plus fort que les préjugés et les propagandes de désinformation de certains non-musulmans et la bêtise de certains pseudo-musulmans. Reste à ce que ces conversions s'imprègnent de la vraie spiritualité et non de l'influence d'idéologies rétrogrades.
Les sociétés du Sud, tout comme les citoyens européens de confession musulmane, et de nombreux autres citoyens du monde, croyants ou non croyants, recherchent l'alliance entre l'ancien et le moderne, veulent garder en vue le savoir efficient et la connaissance de l'esprit, en refusent les extrémismes. Ils ne comprennent pas que certains leur refusent cette possibilité, alors que rien n'empêche que la question de l'être moderne se conçoive à partir des possibilités propres à une autre culture. Les peuples, en conformité à leur raison, aspirent à la démocratie, à la sécularisation, au vivre ensemble avec les autres peuples, mais aussi fidélité à leur foi encore vivante, qui non seulement le permet mais l'exige. Pris entre deux feux, celui des dérives et fermetures internes et celui des injustices et violences externes, les musulmans, de partout, notamment au Maghreb, encore soucieux de juste milieu, terme qui définit leur ligne de conduite selon le Coran lui-même, résistent, en silence, forts de leur refus des idoles et des idolâtries et de leur attachement à un sens plénier, ouvert et digne de la vie. Cependant, les faiblesses internes, comme la marginalisation des élites, ou ce qu'il en reste, le recul des actes réfléchis et savants, la rupture des liens sociaux risquent tous ensemble de remettre en cause les bases de ces sociétés et les transformer en un monde sans visage.
Vivre ensemble
Sur le plan externe, le système international, marqué par le souci d'hégémonie sans partage, ne favorise pas le changement politique démocratique, l'interconnaissance et l'intégrité, mais l'autoritarisme, la sous-culture du marché et l'intégrisme. C'est le cynisme et les intérêts étroits qui dominent. Sur le plan interne, les conditions d'une prise en main par les citoyens et leurs élites de leur destin nécessitent un long travail de maturation. Donner la priorité au savoir, revenir au respect de la culture et aux actes éclairés, cesser, sans populisme, de maintenir le peuple dans le statut de mineur inculte, c'est se préparer à une nouvelle indépendance, à la responsabilité et à la connaissance mobilisatrice. Afin que les autres cessent de nous dominer et nous caricaturer, il y a lieu de cesser de nous enfermer dans les passions aveugles, la tradition sclérosée, la subjectivité stérilisante et que le vivre ensemble l'emporte, il y a lieu de réinventer une société du savoir.
C'est-à-dire tenter de dépasser les défaillances des cadres désuets qui affectent la gestion de la chose publique et les structures mentales qui paralysent les énergies. Les potentialités existent. Mais un intellectuel qui s'enferme dans le mutisme est un exilé dans son propre pays. Un citoyen insuffisamment cultivé peut être une menace et un fardeau pour son pays. Quel type de citoyen voulons-nous? A quel adab, au sens de l'éducation à la connaissance et au comportement civilisé, il y a lieu de former les générations futures? Sans des paroles réfléchies, critiques, plurielles et constructives, qui s'adressent au peuple, et que l'on sache l'écouter, on ne pourra pas consolider l'Etat, libérer l'individu et affronter avec assurance les défis du futur marqués par la guerre de l'intelligence, du savoir et de la connaissance. Les incertitudes tiennent au fait que les discours dominants à peine audibles, non seulement sont soumis à l'air du temps et à sens unique, mais n'oeuvrent pas assez pour responsabiliser, cultiver et éduquer le citoyen, le point d'appui qui peut soulever l'univers. Le citoyen ne prêtera pas l'écoute s'il ne se sent pas concerné par l'avenir et compris par l'élite. Il continuera à résister. En silence?
Site www.mustaphacherif.com


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