Les partis de l'Alliance sont équitablement boudés comme si le message s'adressait aux trois partis réunis et coresponsables de la situation de précarité. La campagne électorale en cours a mis à nu les divergences entre les partis de l'Alliance présidentielle. Campagne oblige, ils se renvoient des critiques acerbes. Chacun veut renvoyer la responsabilité de la gestion à l'autre comme si le partage des portefeuilles du gouvernement n'engageait en rien la part de responsabilité des autres partenaires et que le chef de l'Exécutif était l'unique comptable des insuffisances. Le patron du RND, Ahmed Ouyahia, trouve l'occasion propice pour attaquer Abdelaziz Belkhadem sur le thème des salaires qui a été à l'origine de son départ. Il refuse à son successeur la paternité des augmentations qui furent une pratique courante bien avant l'arrivée du secrétaire général du FLN aux commandes. Mais Belkhadem l'invite à plus de retenue et de mettre un terme à «l'hypocrisie politique». Soltani renvoie ses partenaires dos à dos. Il leur dit: «l'Algérie est le seul pays au monde qui compte deux partis du système, le deuxième faisant toujours fonction de roue de secours». Il met les licenciements des travailleurs sur le compte des deux partis, bien évidemment. Mieux, il revendique la paternité du lexique politique qu'utiliseraient les autres, sans lui verser les droits d'auteur. La deuxième semaine de campagne se caractérise déjà par une forme de lassitude. L'effet curiosité s'est estompé. Les gens vont de moins en moins aux meetings. Les partis de l'Alliance sont équitablement boudés comme si le message s'adressait aux trois partis réunis et coresponsables de la situation de précarité, selon l'avis des électeurs qui le leur disent les yeux dans les yeux. Les moeurs ont fondamentalement changé. Les citoyens n'ont pas froid aux yeux. Ils reprochent aux partis de l'Alliance la gestion des cinq dernières années. Certains se mettent carrément en boule quand ils voient les élus venir sur leurs gros sabots quémander leurs voix. Ils ne mettent pas de gants pour les renvoyer d'où ils viennent. Les leaders des partis ne se rendent même pas compte des conséquences qu'ils induisent sur le comportement des électeurs. En dévoilant les carences des autres, ils croient mettre en valeur leurs qualités alors qu'ils ne font qu'éroder le peu de crédibilité dont ils jouissent encore. Le scrutin du 17 mai prochain est un saut dans l'inconnu. A commencer par les listes qui ont mis les militants des partis dans la gêne. Beaucoup parmi eux ont exprimé leur insatisfaction en allant jusqu'à empêcher la tenue des meetings. Puis l'animation de la campagne qui a été des plus déroutantes; on a comme l'impression que les orateurs font dans l'improvisation. On sent qu'ils ne balisent pas leurs discours par le programme électoral. Ils ont déballé des généralités pendant la première semaine pour s'imprégner ensuite des discours des autres, en versant, à la fin, dans la polémique stérile. Les chefs de parti ont cédé, eux aussi, à la tentation. Ils s'installent désormais dans la polémique. Ils se renvoient les critiques en prenant le risque du vote-sanction qui n'est pas à écarter. Dès lors, que restera-t-il de l'Alliance présidentielle? Les trois partis divergent et sur la forme et sur le fond. La réconciliation de Ouyahia n'est pas celle de Belkhadem, ni celle de Soltani. On se renvoie la balle sur le terrain de la gestion. On exerce son monopole sur les slogans. On refuse aux autres de capitaliser à son compte les réalisations. Comme on refuse de partager les responsabilités alors qu'ils se revendiquent tous du programme de Bouteflika qui représente le ciment de cette Alliance dont la longue agonie se poursuivra jusqu'à 2009. Mais d'ici là, beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts. La décantation aura été faite s'il n'y a pas fraude.
