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Entre Bône et Annaba, son coeur balance...
PAUL PIRO
Publié dans L'Expression le 14 - 05 - 2007

Une mémoire en images, des souvenirs et des témoignages d'un passé commun.
«Que reste-t-il de notre amour pour notre ville...?» Pour répondre à cette question, Paul Piro a choisi l'écriture et l'image. Né à Bône, cet ancien rédacteur en chef à l'Agence centrale de presse, puis à l'agence de presse Reuter, a également été rédacteur en chef d'un magazine de société à TF1. Licencié ès lettres, mention techniques de l'information, il a collaboré au sein des rédactions des stations régionales, Radio et Télévision de Strasbourg, Nancy, Nice et Marseille, ainsi qu'à de nombreux hebdomadaires et quotidiens de la presse régionale française et étrangère francophone.
Ce grand reporter et journaliste de renom, a publié aux Editions Alain Sutton, deux beaux ouvrages, témoignage de son amour pour son pays natal, l'Algérie. Le premier qu'il intitule De Bône à Annaba, sorti en 2004, est une compilation de textes et de photos qu'il a faites avec la collaboration de deux photographes de presse algériens, Tayeb Bahmed et Mehdi Benboubakeur, et avec des clichés d'opérateurs aériens, Fernand Debacq et Robert Bernateau, pour permettre ainsi, aux lecteurs nostalgiques d'aller sur les pas de leur jeunesse, de survoler les images du passé et de mettre en perspective celles du présent. «Et si nous commencions cet ouvrage par cette photo symbolique, la basilique Saint Augustin et le marabout Sidi Brahim? La croix et le croissant, présages de jours meilleurs?», C'est ainsi que commence ce beau livre qui se veut une manière de réhabiliter l'image d'une ville qu'on a voulu ternir par le passé. A Alexandre Dumas qui écrivait, en 1846: «La ville ne renferme rien de bien curieux», à Gustave Flaubert qui surenchérissait: «C'est désert, bête et lamentable, les montagnes sont vertes», Paul Piro a répondu en prenant sa plus belle plume de journaliste pour réhabiliter la ville des jujubes. De beaux textes précis et évocateurs sont venus alors s'ajouter à des photos aériennes ou panoramiques, pour donner lieu à de fort belles images d'une ville, élégante, vibrante, majestueuse et opulente, qu'on a eu raison de surnommer «la Marseille de l'Afrique du Nord» et à travers laquelle Piro crie son amour, dit ses espoirs et invite au voyage. Son second ouvrage L'Algérie entre ciel et terre, sorti en début 2007, est un autre cri d'amour pour, cette fois-ci, non pas juste sa ville natale, mais aussi son pays adoptif: l'Algérie. Ce beau livre est préfacé par Patrick Poivre d'Arvor qui écrit: «On est tous d'ailleurs et de nulle part. On est tous d'un entre-deux qui nous écartèle mais qui nous permet aussi d'avancer. Paul Piro (...) a toujours eu un pied en Algérie, un pied en France, un ventricule de ce côté de la Méditerranée, un autre sur la rive opposée, bref, un coeur écarlate franco-algérien. C'est pourquoi il parle si bien de l'Algérie.» Dans cet ouvrage, le journaliste est allé sur les traces de nombreuses personnalités, toutes tendances et opinions confondues, de l'Emir Abdelkader à Daniel Prévost, en passant par Isabelle Eberhardt, Camille Saint- Saëns, Ismayl Urbain, Yann, Arthur-Bertrand, Juliette Binoche, Fellag et bien d'autres. L'Algérie entre ciel et terre est une manière de «prendre de la hauteur, d'accepter le passé, le présent, et d'ouvrir une petite lucarne sur l'avenir». C'est donc un livre qui parle de l'Algérie sous toutes ses formes et ses couleurs, d'hier et d'aujourd'hui, d'histoire et de géographie, de pleurs de guerre et de sourires de paix...une Algérie que beaucoup de nostalgiques voudraient voir ou revoir...
A travers ces livres, Paul Piro, amoureux de sa ville natale, qu'il n'a jamais pu oublier malgré les douloureuses circonstances de la séparation, a voulu s'identifier aux quelque 100.000 Bônois partis pour l'Hexagone en 1962, après l'Indépendance. Comme beaucoup d'entre eux, ce personnage, passionnant et passionné, avec lequel on a pris plaisir à discuter, longuement, passionnément, amoureusement et émotionnellement d'une ville ancrée dans sa mémoire, de beaux souvenirs d'amis, de quartiers, de rues, de ruelles, de petits détails qui font partie encore de sa vie, est resté attaché à ses racines, empreint d'une douceur, d'une chaleur et d'une émotion qu'on ne peut qualifier que de «méditerranéenne».
Rencontré à l'occasion du Maghreb du livre, auquel il a pris part en signant ses ouvrages, ce grand reporter au coeur d'enfant, intarissable quand il parle de Bône, ému quand il parle de Annaba, triste et joyeux quand il parle de sa ville natale, nous dit son mal et son bien quand il pense à Bône: «Je suis né à Bône que j'ai dû quitter à l'age de 18 ans. J'y suis retourné un an après l'Indépendance. J'ai toujours été partagé entre deux sentiments: être dans mon pays, l'Algérie, et retourner en France, qui est mon pays aussi». Sur la question des pieds-noirs et de l'attitude controversée de beaucoup d'entre eux, Piro pense que «l'Algérie a surtout été plus virtuelle que réelle dans beaucoup d'esprits; elle n'a jamais existé en tant que pays à part entière, mais a toujours été considérée comme ´´française´´; de là découle le mal...il faut donc surtout arriver à décoloniser les esprits...Moi, je me sens concerné de très près par cette histoire, et l'Algérie, je l'ai dans le sang...En 2001, j'ai dû me battre pour me faire inviter à un colloque organisé sur Saint Augustin. J'ai dû faire des pieds et des mains pour pouvoir y assister, et je me devais de le faire». Sur la réaction des lecteurs par rapport à ses ouvrages, il dit: «Ma plus grande joie, c'est quand un pied-noir m'a dit: tu m'as fait mal mais tu m'as fait du bien»; c'est, en quelque sorte, pour l'auteur, une sorte de thérapie, une façon de guérir le mal par un mal qui fait du bien, raviver de douloureux souvenirs pour les atténuer et pouvoir ainsi passer à une autre étape; c'est ce que voudrait transmettre Paul Piro à travers ses livres: dire le mal, mais aussi le bien de cette histoire qui lie l'Algérie à la France, décrire ses souffrances mais aussi ses espoirs, crier sa joie, mais aussi sa tristesse, dire la beauté de sa paix, mais aussi la laideur de sa guerre; raconter la douleur de ses enfants, faire sentir la détresse de leur esprit, transmettre la nostalgie de leur coeur et surtout panser les blessures... Evoquant le lien, toujours fort, qui existe avec l'Algérie, ce journaliste, algérien de naissance comme de coeur, qualifie cette maladie de positive quand il s'agit d'amour et de négative quand on préfère vivre dans le passé. Pour lui, il est temps de tourner la page et de construire un avenir meilleur. Il est de ceux qui contribuent, à travers des associations, des amicales et des ONG, à aider à rétablir les liens de l'Histoire avec l'Histoire en organisant des manifestations culturelles, des échanges entre jeunes, des constructions de bibliothèques, des visites touristiques, des retours aux sources...une autre tentative pour dire: arrêtons compatriotes, on est vivants. A travers des visages, des citations, des ruelles, des noms, des histoires, des témoignages, des larmes de bonheur, des regards inquisiteurs, Paul Piro s'en va à la reconquête des coeurs, accompagné de l'âme d' Isabelle Eberhardt murmurant à chaque détour: Le passé est rose, le présent est gris, l'avenir est bleu...


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