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La difficulté est interne et externe
REFORME LOCALE OU INTERNATIONALE?
Publié dans L'Expression le 28 - 06 - 2007

Aujourd'hui, le monde entier vit une crise de références, de valeurs et de droit.
Certains se demandent à quoi servent les revendications de débat, de dialogue et la discussion avec nos voisins, les partenaires du Nord? Les uns disent que les problèmes de développement et les causes des retards sont internes.
Ce serait aux sociétés du Sud seules de se réformer, de prendre en charge leurs difficultés, de corriger leurs dérives, archaïsmes et insuffisances. Ils ajoutent que nous ne serons pas crédibles, tant que la démocratie est absente et les élites marginalisées. D'autres disent aussi que le dialogue peut servir de justification à des logiques de dominations. Dans tous les cas, les courants du refus du dialogue, ou les cyniques, ceux qui dévalorisent la vertu du dialogue et l'impact de la situation mondiale, ne proposent aucune solution de rechange. Certes, il est important et vital de pratiquer l'autocritique, de commencer par le dialogue interne et de travailler au changement et au progrès en comptant sur soi. Cependant, la mondialisation des inégalités et de l'insécurité, les incertitudes et le poids des facteurs externes sont tout aussi importants. L'un n'empêche pas l'autre. Réformer les relations internationales est aussi urgent que de reformer la situation interne à chaque pays, avec l'aide de la société civile. Chacun doit oeuvrer là ou il peut être utile et bénéfique et dans les deux directions interdépendantes.
Les causes à nos retards sont internes et externes
D'autant que le danger de la guerre psychologique que subissent les peuples du Sud réside dans le fait que des discours dominants veulent faire croire que les causes profondes de nos retards et contradictions sont liées à nos racines culturelles et valeurs fondatrices. Un racisme qui ose à peine se déguiser. Le besoin de diversion, de trouver des boucs émissaires; la tactique de la stigmatisation et de l'amalgame battent leur plein. Pourtant, les causes sont politiques, historiques, économiques et sociales.
Elles sont internes et externes. Une des causes sous-jacentes à ces conditions est l'ignorance. La méconnaissance est aggravée par les manipulations et la logique du Marché qui n'acceptent aucune autre logique. Les discours qui veulent mettre l'accent uniquement sur une seule cause ou un seul aspect des problèmes sont injustes et subjectifs. Les causes à nos retards sont internes et externes et tiennent à des facteurs multiples qu'il faut repérer, analyser et solutionner.
L'art de vivre c'est la science du compromis, disent des sages. Le consensus, les mécanismes et valeurs communes qui permettent de vivre ensemble dépendent de la capacité à dialoguer, à écouter l'autre, à rendre possible des synthèses. Toute autre méthode ne peut conduire qu'à des impasses et des affrontements. Si le monde est en crise, les causes sont multiples. On ne peut pas toujours accuser l'autre et le passé de tous les maux, la responsabilité est collective, même si les degrés sont divers et la situation hétérogène. Aujourd'hui, le monde entier vit une crise de références, de valeurs et de droit. Les cultures qui servaient de fondement à la vie individuelle et collective sont sommées de répondre aux défis.
Cette réponse s'appelle la réforme. D'autant que la tradition, ses institutions et références, dans ses formes actuellement figées ou conservatrices, ne répondent plus à l'attente des gens et au niveau complexe des exigences. Plus encore, des fausses réponses et mauvaises solutions, comme le repli et l'archaïsme ou, au contraire, la dépersonnalisation, sont de plus en plus visibles et aggravent le problème. D'un autre côté, les questions de l'avenir sont aiguës. Les espoirs déçus au regard des dérives du progrès et de la modernité sont symboliques de l'état d'esprit dans lequel se trouve l'humanité. Certes, des avancées décisives et prodigieuses sur nombre de plans ont été enregistrées, notamment scientifiques, techniques et sociales.
Cependant, dominent les inégalités, les fractures, l'intolérance, la loi du plus fort. Il y a, apparemment, de moins en moins de gens heureux et de plus en plus de gens qui souffrent, agressés et perdus. Trois dimensions essentielles sont les fondements du bonheur, ou simplement du progrès: la logique, la justice et le sens. Si pour le premier point, la logique, il y a des acquis inestimables qui ont permis l'élévation de la condition humaine, grâce à la recherche en sciences de la vie, exactes et technologiques, par contre, pour les deux autres points, justice et sens, les insuffisances et les contradictions restent importantes.
Le savoir moderne a encore bien du travail. Et les traditions culturelles ne peuvent se contenter de répétitions, elles doivent se réformer. Il nous faut, en conséquence, êtres humbles, et ne pas s'imaginer avoir seuls, au Nord comme au Sud, en Orient et en Occident, les clés du progrès et de la cité idéale. Surtout qu'il y a des orients et des occidents.L'état préoccupant de nos sociétés et du monde contredit nos prétentions. Les gens du savoir et de la connaissance sont interpellés pour réformer en profondeur, en sachant distinguer et discerner.
Alors que notre monde actuel est marqué par la perte de sens, les injustices, la violence aveugle, la complexité, les contradictions et des métamorphoses incontrôlées, qui peut nous éclairer si ce n'est en premier lieu la pensée? La réforme doit être menée par les savants et les penseurs, et tous ceux qui ont du savoir, des idées et de l'expérience, à tout le moins, du bon sens. Face aux incertitudes et aux risques de l'existence, rien n'est donné d'avance. En conséquence, rien ne doit être négligé ou ignoré, encore moins ce qui permet de s'élever vers et par le progrès. Les débats pour faire jaillir la question de la validité de la vérité universelle et celle de l'autonomie de la raison. Comment se mettre d'accord sur des normes nationales, universelles, communes et se préserver de l'influence des préjugés, mythes et illusions? Comment vivre raisonnablement et respecter les aspirations de la jeunesse? Comment assurer l'harmonie entre l'ancien et le nouveau, entre la logique et le sens, entre le spécifique et le général? Ce n'est sûrement pas sur la base du mépris de l'autre, du monopole et des ignorances.
La nécessité de saisir la question de l'ouverture à l'autre, sans laquelle il n'y a pas d'universalité, est urgente. Personne n'a le monopole de la vérité. La vie en société et, partant, la relation à l'autre, différent dans la Cité, ont retenu l'attention de la pensée, d'une manière singulière, pour rechercher le vrai à travers le débat et les échanges. D'Aristote: «L'homme heureux a besoin d'amis», à Ibn Rochd: «L'homme a besoin de l'autre pour acquérir la vertu. C'est pourquoi il est un être politique par nature», la pensée méditante a précisé l'importance du dialogue, de la coexistence, du lien entre les deux niveaux, le particulier et l'universel, le rapport avec l'autre. Vivre avec les autres, à partir de l'ouvert dans la vigilance, c'est la condition de validité de la culture vivante. L'exercice de la raison est incontournable, à partir de l'écoute de l'autre, pour comprendre les autres cultures et réactiver et renouveler sa propre culture. La vérité est rarement dans A seulement, ou dans B, mais dans le lien et le rapport entre A et B. La différence, la distance, le rapport, sont les lieux qui appellent à l'exercice de la pensée, une lecture susceptible de nous aider à saisir le sens de notre humanité une et de notre destinée plurielle.
Comment respecter les aspirations de la jeunesse?
Ibn Rochd, par exemple, a démontré la nécessité de reconnaître que le fait de penser ne devait souffrir aucune limite et, en même temps, que la relation avec les autres différents était la condition incontournable de la recherche de la vérité: «Ce serait un devoir pour nous de commencer par l'étude et, pour le chercheur suivant, de demander secours au précédent, cela, jusqu'à ce que la connaissance fût parfaite (...) Il est clair que c'est un devoir pour nous de nous aider dans notre étude de ce qu'ont dit, sur ce sujet, ceux qui l'ont étudié avant nous, qu'ils appartiennent ou non à la même religion que nous (...) Il suffit qu'ils remplissent les conditions de validité.» La mondialisation, qui est uniformisation et imposition d'un seul modèle informe, pose le problème de la validité universelle, et les impasses internes en rive Sud posent la question du droit à la réforme.
Nos univers sont encerclés par la dureté de l'époque, la techno-science et le Marché monde, dans un contexte de crise interne et externe sans précédent. La question se pose de revenir à une réflexion sur le sens de la vie, ouverte, cohérente et juste.
En somme, la question du projet de société, la nécessité de réformes et de créativité. Pourtant, on constate de plus en plus la fuite des cerveaux et la lassitude face à la marginalisation, à la médiocrité et aux pesanteurs du dedans. El ghorba, l'exil, n'est jamais une solution, en sachant, certes, que des exils internes, au sens moral, sont parfois plus tristes Mais, il est de la vocation de tout intellectuel de tenter de participer à l'éclaircissement des questions de l'heure et à l'attachement à la patrie. Où que l'on se trouve, contribuer à l'éducation du citoyen et la prise de conscience que le progrès est une responsabilité collective, partagée, même si les obstacles sont nombreux, une tâche de toujours. Dialoguer avec nos partenaires, débattre avec nos concitoyens ici et ailleurs est la voie, celle du raisonnable. Les bonnes volontés sont dispersées, il y a lieu de penser à renouer des liens et à apprendre à travailler dans l'interdisciplinaire et les passerelles. On ne sera jamais de trop.
www.mustapha-cherif.com


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