Les 9es jeux africains qui s'ouvrent aujourd'hui à Alger, seront animés par 8000 athlètes dans 20 disciplines et la participation de 50 pays. Au moment où le coup de starter des 9e Jeux africains va être donné, on ne peut manquer de se remémorer la tragédie nationale qu'a connue l'Algérie dans les années 90. Ce fut une époque où le sang a trop coulé au point de transformer notre pays en un lieu infréquentable, le genre de pays qu'il vaut mieux éviter si on n'a rien à y faire. Ce fut le moment où ceux qui cherchaient à mettre à bas l'Algérie se frottaient les mains parce qu'elle avait des principes et qu'elle y tenait. En cette période-là, des enfants algériens ont su poursuivre leur activité dans un environnement hostile. Dans des conditions particulièrement difficiles, le mouvement sportif national, dans lequel émargeaient ces enfants, n'a jamais cessé d'activer. Les stades, les salles et les piscines ont constamment ouvert leurs portes à une multitude d'athlètes des deux sexes et à un public toujours enthousiaste malgré les moments de peine. L'histoire retiendra que c'est au moment où l'Algérie souffrait le plus, que certains de ses filles et fils ont su faire hisser son drapeau et faire retentir son hymne dans quelques-unes des plus grandes manifestations sportives au monde, tels que les Jeux olympiques et les Championnats du monde. Grâce au sport, notre pays montrait à la planète entière qu'il était toujours debout et qu'il était capable de s'en sortir. Aujourd'hui, sept années après la fin de cette trajédie, l'Algérie accueille les dignes filles et fils de l'Afrique dans la plus grande manifestation sportive organisée sur le continent. Elle a dit oui à l'organisation de ces Jeux africains parce qu'il n'y avait pas preneur, alors qu'elle sortait d'une période des plus difficiles. Elle a dit oui parce qu'il fallait assurer la pérennité de ces joutes, les seules capables de rassembler autant de sportifs africains en un même lieu et pour un même objectif, celui d'aller au-delà de son effort dans un esprit de convivialité et de respect de l'adversaire. La concurrence dans une ambiance fair-play. Au-delà de l'aspect sportif, l'Algérie a, certainement, remporté une grande victoire avant même que les Jeux ne débutent. Le fait de renouer avec l'organisation des grandes manifestations sportives internationales est la preuve que ce pays a vaincu l'idée qui voulait le réduire à une contrée meurtrie et exclue du concert des nations. S'il y a une médaille d'or symbolique à décerner, c'est bien au fait que l'Algérie accueille les représentants de 52 pays (un record), soit près de 8000 personnes et accompagnateurs sans compter les invités de marque, les arbitres et juges, les journalistes ainsi que tous ceux qui ont un rapport avec une telle manifestation. Ils sont les bienvenus dans cette terre d'Afrique qui se transforme, en la circonstance, en leur second pays. Ils sont les héritiers de ceux qui, en 1978, avaient foulé le sol de ce même pays à l'occasion de la même compétition qui en était alors à sa 3e édition. A cette époque-là, l'Algérie, qui possédait l'expérience de l'organisation des Jeux méditerranéens de 1975, s'était, particulièrement distinguée par son savoir-faire sur le plan organisationnel. 29 ans plus tard, ce sont d'autres personnes qui ont relevé le défi de faire de ce 9e rendez-vous de l'élite sportive africaine, une réussite. Malheureusement, au lieu de faciliter la tâche du comité d'organisation, on l'a placé dans des conditions telles qu'il lui a fallu faire de l'équilibrisme pour répondre à l'énormité de la mission qui lui incombait. Installé avec plus d'une année de retard sur le programme préétabli, on lui a compliqué l'existence en retardant de plus de six mois, l'installation des diverses commissions. Le jour du bilan, il faudra dire toutes les vérités, les bonnes et les mauvaises. C'est le président du COJA, lui-même qui l'affirme et il fauterait s'il venait à ne pas tenir sa promesse. En outre, le regret est grand de voir l'Algérie sportive ne pas trop bénéficier de ces joutes. Dans toute manifestation de cette envergure, il est habituel de voir le pays organisateur en profiter pour se doter de plusieurs infrastructures sportives. Les Jeux africains de 2007 ne laisseront pas de trace en Algérie sur ce plan-là puisqu'en dehors du stand de tir aux armes sportives de Chenoua, tous les sites qui vont accueillir les épreuves de ces Jeux datent de quelques années déjà. La majorité d'entre eux, ceux du Complexe olympique Mohamed-Boudiaf, avait déjà servi aux Jeux méditerranéens de 1975 et aux Jeux africains de 1978. Le mouvement sportif national récoltera, bien sûr, des médailles dans ces joutes mais il se retrouvera, après l'évènement, dans les mêmes conditions de travail dont il bénéficiait depuis de longues années. En ce domaine, l'échec est consommé et il s'agira de ne pas s'appesantir sur un autre si jamais la délégation algérienne venait à rater l'objectif de 2e place des Jeux qu'on lui a assigné. Second au nombre total des podiums, ce n'est pas impossible mais en cas de ratage, il conviendra d'éviter de s'en prendre aux fédérations sportives. Elles travaillent selon les maigres moyens dont elles disposent et, qu'on le veuille ou non, ce sont bien elles qui ont fait front au terrorisme dans les années 90 en permettant au sport algérien d'activer et de nous sortir des champions.