Me Sahraoui s'est posé la question quant aux matériaux de construction importés de l'étranger. Rien n'échappe aux avocats. Autopsie du procès du séisme de Boumerdès. La défense cherche à comprendre. Cette fois-ci, les avocats visent plus haut. Lors de sa plaidoirie d'hier, Me Sahraoui s'est interrogé sur les matériaux de construction importés de l'étranger. Où est passé «le contrôle des matériaux de construction d'importation utilisés dans la construction des immeubles qui se sont effondrés, à la suite de cette catastrophe naturelle?». S'appuyant sur les rapports d'expertises, Me Sahraoui a fait savoir que celles-ci ont révélé la nature «frauduleuse», du «fer importé d'Ukraine, qui était fortement imprégné de carbone (matière corrosive) et irradié». Sur sa lancée, le même avocat a déclaré que l'Etat partage cette responsabilité. Il cite les ministères du Commerce et de l'Habitat et de l'Urbanisme pour avoir failli, selon lui, au contrôle de ces matériaux de construction. Dans ce contexte, Me Sahraoui a posé la problématique à propos de la «faisabilité du contrôle, par les entrepreneurs, de ces matériaux mis sur le marché, tout en considérant les rapports d'expertises établis par la commission ministérielle comme étant de simples avis administrateurs non assermentés». Cette interrogation a été soulevée maintes fois depuis l'ouverture du procès. Cette vérité a été révélée même par les deux commissions ministérielles. Les membres desdites commissions ont constaté que cette matière renferme une grande quantité de carbone. Dans ce sens, tout le monde se rappelle de la commercialisation, dans les années 90, du rond à béton irradié importé d'Ukraine, d'Espagne et de Libye. Le ministère de l'Habitat a envoyé, en 1995, des télex aux promoteurs publics, dans lesquels il les avertit de «la présence sur le marché d'acier de rond à béton doux 6, 8, 10, 12 livrés en rouleaux sous forme de cerceaux provenant de différents pays, notamment de l'Ukraine, d'Egypte, de Libye et d'Espagne», note un télex du 10 janvier 1999 de la Direction de l'habitat et de l'urbanisme de la wilaya de Tipasa, adressé aux directeurs Eplf de la même wilaya. Le même télex, enregistré sous le numéro 021/11 DUC/SNI/95, mentionne, également, que «des essais effectués sur un échantillon D12 ont mis en évidence une teneur en carbone au-delà du taux admissible. Cette qualité d'acier est probablement originaire d'Ukraine (...) J'attire votre attention que l'utilisation de ces aciers en armature peut constituer un risque non négligeable, compte-tenu de la nature sismique du pays». La défense a annoncé, ainsi, la couleur. Une opportunité pour mieux situer les responsabilités.