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Le Roi, le Philosophe et les animaux
KALILA ET DIMNA D'IBN AL-MUQAFFA
Publié dans L'Expression le 17 - 10 - 2007

la fable a toujours fourni à l'«honnête homme» les codes de la bienséance pour s'instruire.
Les éditions Alpha nous en donne un bel exemple en publiant Kalila et Dimna d'Ibn al-Muqaffa‘(*) dans une version française de Ayoub Barzani, un Kurde irakien né en 1945, installé à Genève en 1992, ville aussi où est né, en 1977, Simon Kroug, l'illustrateur de la présente traduction. Kalila et Dimna compte parmi les oeuvres les plus populaires de la littérature mondiale. Depuis l'indépendance, ce titre est bien connu dans l'univers scolaire algérien.
Il faut rappeler qu'à l'origine, il s'agit d'une traduction libre, en arabe, vers 750, par Ibn el-Muqaffa‘, d'un texte persan (le pehlevi ou moyen-iranien) du vie s., lui-même adapté d'une compilation de fables animalières du Pañchatantra, des contes indiens, en sanskrit du Brahmane semi-légendaire Bidpaï, vers 300 av. J.-C. Ce sont les aventures de deux chacals en relation avec d'autres animaux (le Roi Lion, le Singe, le Renard, le Rat Zîrek, la Colombe, le Corbeau...) qui vivent des situations «psychosociales» comparables à celles des humains. Justement, le philosophe Baydaba extrait de ces situations la substance moralisatrice et, utilisant un moyen pédagogique efficace, il répond, par paraboles et avec une souveraine conviction, aux préoccupations de Debchelim, Roi du peuple indien...
L'idée d'améliorer, dans la douceur, les relations sociales par les contes d'animaux est évidemment ancienne. Ainsi pouvait-on dégager un symbole fort, capable d'illustrer un fait relevant de la morale. Dans les Belles-Lettres Arabes, autrement dit el-Adab, de riches ouvrages, qui, au reste, autrefois, ne sont d'abord que l'expression de la préoccupation générale de la société à vouloir vivre en paix, abordent avec à-propos la bonne manière d'amener l'individu à tenir son rôle dans son milieu social et à tirer des enseignements pour accomplir ses devoirs envers ses semblables. Ces ouvrages sont devenus autant d'espèces de compendiums de règles de savoir-vivre en société et où la morale est évidente et partagée par tous. Proverbes, maximes, bons mots, pointes spirituelles, bouffonneries, contes, légendes religieuses, récits historiques, transmis par voie orale, ont, dans les temps anciens chez les Arabes, servi à éduquer et instruire ce que l'on appelle aujourd'hui le peuple et ses dirigeants.
Prenant prétexte de cette intention et du goût bien connu des Arabes pour ce genre d'adab, Abdallah Ibn al-Muqaffa‘ (mais en persan Ibn Muqaffa‘, car il n'y a pas d'article dans cette langue) s'empare de thèmes sociaux pour énoncer des préceptes moraux empruntés non plus au passé arabe, mais à la culture iranienne. Né, vers 720, à Gûr (l'actuelle Fîrûzâbâd, «La ville de Fîrûz», dans le sud-ouest de l'Iran) dans une famille manichéenne, au sein d'une dynastie de hauts fonctionnaires au service des Omeyyades, Ibn al-Muqaffa‘ (de son vrai nom Rozbeh ben Dazoeh) se sent destiné à exercer des responsabilités du même ordre.
Quand les Abbassides arrivent au pouvoir, en 750, Ibn al-Muqaffa‘ est déjà établi à Bassora; il pratique excellemment l'arabe, en plus du persan, et fréquente les milieux les plus raffinés de l'Administration dont il devient bientôt un des hauts dignitaires, après s'être converti à l'islâm. Dans ses écrits, il définit l'éthique politique en exposant sa conception du pouvoir tout en s'attachant à enseigner le savoir nécessaire à l'homme pour bien se conduire sur terre et assurer son salut dans l'au-delà. Il va donc fonder son livre sur un fameux recueil de contes d'animaux. Sous le couvert de la fable, les deux héros, des chacals nommés Kalila et Dimna, vivent et racontent, tout au long de 18 chapitres (qui sont 15 dans l'édition d'Alpha), des anecdotes (une histoire par chapitre) et les intrigues de cour donnant, en passant, des conseils de gouvernance et édictant des règles de conduite, parfois avec un cynisme implacable. Dans l'esprit de l'auteur, ce recueil d'apologues devait servir de manuel d'éducation morale des Princes. Mais diverses maladresses de courtisan vaudront à Ibn al-Muqaffa‘ l'inimitié du calife abbasside Abou Dja‘far el-Mansoûr qui, pour des raisons d'ordre politique et idéologique évidentes, ajoutées à sa conversion à l'islâm restée suspecte aux yeux des orthodoxes, le fait exécuter par le Gouverneur de Bassora en 757, sous l'accusation de dualiste.
Cependant, l'ouvrage en arabe intitulé Kalîla wa Dimna (également intitulé Fables de Bidpaï) gagne une grande audience dans le monde arabe et devient, grâce à l'art d'écrire de l'auteur dans ce genre de littérature et à des traductions en plusieurs langues (français, anglais, turc, mongol, espagnol...), une oeuvre de portée universelle. Elle a également inspiré des écrivains: Jean de La Fontaine a emprunté, sans s'en cacher, les éléments ou la trame de quelques-unes de ses Fables: La Tortue et les Deux Canards, Les Poissons et le Cormoran, L'Âne et le Chien, Le Chat et le Rat, Les Deux Pigeons...
La présente version proposée par les éditions Alpha est précédée de renseignements suffisants sur «L'histoire du livre», «L'apport persan», «La traduction arabe de Kalila et Dimna», «La dimension universelle de Kalila et Dimna». On lira également avec attention les éléments qui devraient justifier «la présente édition»: «Il nous est apparu, avertit l'éditeur, qu'une adaptation plus contemporaine aurait davantage d'audience auprès d'un public curieux de confronter les principes politiques aux habiles paroles des hommes d'Etat.» De quel public, qui lit le français, s'agit-il? D'Algérie? Si oui, pourquoi donc avoir choisi, pour la version française, une traduction par Ayoub Barzani, Kurde irakien, dont on peut craindre qu'elle ne souffre un fort décalage de ton aggravé par un manque flagrant de pureté de style et d'audace dans le rythme du récit? Même remarque sur l'option en faveur du jeune illustrateur genevois, Simon Kroug dont, par contre, on apprécie positivement le talent naissant. Pourquoi avoir cherché loin? Une traduction et des illustrations algériennes auraient naturellement, sans chauvinisme aucun, bien fait plaisir à nos écrivains et à nos artistes et célébré la vivacité de notre Littérature.
Après cela, peut-on encore oser un regret amical: le soin professionnel apporté naguère à la fabrication générale des ouvrages édités par Alpha et qui n'existe presque plus dans les dernières publications?...
(*) KALILA ET DIMNA
de Ibn al-Muqaffa'
Editions Alpha, Alger, 2007, 186 pages.


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