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Entre séduction et répulsion
LE POUVOIR ET L'ECRIVAIN
Publié dans L'Expression le 21 - 11 - 2007

«Quand quelqu'un possède les honneurs ou les avantages qu'il croit avoir mérités, il ne pense point devoir de reconnaissance à ceux de qui il les a obtenus.» (Machiavel 1469-1527).
Quel est le lien commun entre un pouvoir politique et un écrivain? La société des hommes et des femmes. Ainsi, le pouvoir politique et l'écrivain se rencontrent et s'affrontent sur un même terrain. Chacun d'eux, pour des raisons différentes, est dans une opération de séduction vis-à-vis de la société.
Avec des moyens différents, les deux aspirent à la conquête du public. Cependant, cette similitude dans la mission des deux, n'est qu'une apparence. Car le politique, mis aux responsabilités par le public (vote), lui est redevable en retour de ses actes (gestion); alors que l'écrivain acquiert, seul, son statut par son talent littéraire et n'est redevable, au sens comptable du terme, d'aucun bilan à son lectorat.
Pourtant, il arrive parfois à l'écrivain de s'intéresser à des sujets et domaines dont le politique s'occupe directement et desquels dépend sa survie. Là commencent les problèmes entre les deux protagonistes. Si l'écrivain ne remet pas en cause l'action du politique dans la société, il survit. Dans le cas contraire, le pouvoir politique sort ses armes favorites: la censure et le bannissement.
Des milliers d'exemples illustrent, depuis la naissance de l'écrit, ce rapport violent du pouvoir politique à la littérature lorsqu'elle le dérange dans sa gestion des affaires de la société. Aujourd'hui, à l'ère du «village planétaire» et du développement fulgurant des nouvelles technologies de la communication, l'écrivain vit, au contraire de l'idée répandue qui prédisait la disparition du roman et de l'écrit au profit de l'image, une nouvelle naissance, une renaissance.
Il a toute latitude de travailler, de grandir et de magnifier toutes les valeurs produites par la civilisation universelle: liberté, justice, fraternité, humanité...Grâce à ces nouvelles technologies, les frontières, comme le pouvoir en place, ne peuvent «emprisonner» la création littéraire libre.
L'écrivain touche au-delà du seul lectorat de son propre pays. Il s'adresse à l'Homme en ce qu'il est Conscience. En cela, il dépasse les pouvoirs politiques qui, eux, ciblent des peuples précis, confinés dans des frontières fixes.
L'objectif de l'écrivain est la vie, celui du politique, la survie. Dans ce jeu à deux, nous connaissons la nature et le caractère inné des pouvoirs politiques. Ils sont exclusifs, opportunistes, violents quand il le faut, et par-dessus tout, corrupteurs au sens moral comme matériel. Le pouvoir politique s'accommode mal de la morale et de l'éthique.
Même différents, les pouvoirs politiques sont identiques dans leur nature: ils aspirent à dominer. En mesurant la puissance des nouvelles technologies de l'information et de la communication, les pouvoirs politiques ont appris, à contrecoeur, qu'ils ne peuvent plus empêcher, durablement, l'écrivain d'écrire et de louer les valeurs universelles de liberté, de justice et d'humanité.
L'écrivain n'a plus de frontières terrestres. Obéissant à leur nature innée, la récupération, les pouvoirs politiques tentent de récupérer de mille et une manières tout écrivain qui ne s'inscrit pas dans la logique de leur discours. Et c'est à ce moment que les choses se compliquent. Parce qu'il y a autant d'écrivains que de puissance dans l'imagination et de conviction dans la Majesté de la littérature.
Chaque écrivain est unique et nous ne le connaîtrons jamais assez, eût-il écrit mille livres. Samedi dernier, la littérature mondiale a perdu un de ses monuments: Norman Mailer.
Des prix prestigieux, traduits dans plus de quarante langues, il a fait et joué dans le cinéma, milité à contre-courant du narcissisme américain et déclaré que George W. Bush est le plus mauvais président de l'histoire des USA. Quelle personnalité! Jean-Paul Sartre a refusé le prix Nobel de la littérature de 1964 et les honneurs qui vont avec. Son compatriote, André Malraux, autre génie de la littérature, très à gauche politiquement, n'en fut pas moins ministre de la Culture sous le règne du général de Gaulle et bâtit de grandes oeuvres culturelles pour son pays. Plus loin dans l'histoire de France, on retrouve un géant comme Chateaubriand, père du romantisme de la fin du XVIIIe et début du XIXe siècle, déchiré entre sa passion pour la liberté et son amour pour la royauté: «Je suis bourbonien par honneur, monarchiste par raison, républicain par goût et par caractère», disait-il. Ou encore, celui qui l'adulait et finit par le dépasser, Victor Hugo. Lui, il vécut le pouvoir, l'opposition, l'exil, les drames, les passions, la politique...il fut et reste le plus grand écrivain à nos jours. Lorsqu'il écrivait, on le comparait au fleuve en cru. Il emportait tout sur son passage. Dans notre propre histoire, les exemples ne manquent pas. Ibn Khaldoun au XIVe siècle fut révolutionnaire en son temps, connut la prison et fut aussi ministre (visir) du sultan hafside de Bougie, Abou Abdellah.
Plus près, Ibn Badis prônait, à la faveur du Front populaire en France, l'assimilation des Algériens lors du Congrès musulman de 1936, tenu à la salle Majestic d'Alger, duquel fut exclu Messali Hadj, président du PPA, alors qu'il revendiquait l'indépendance de l'Algérie. Plus près encore, Mostefa Lacheraf, auteur de Algérie, nation et société, a, malgré son isolement du pouvoir, vécu à sa périphérie, plus précisément comme diplomate. Il représenta dignement son pays. Ce sont autant d'exemples qui illustrent combien le rapport de l'écrivain au pouvoir n'est pas toujours aussi simple.
C'est une relation ambiguë dans un sens comme dans l'autre. Est-il permis de s'interroger sur l'utilisation du pouvoir politique par l'écrivain, par exemple? Il y eut des cas dans l'histoire ancienne et récente où c'est l'écrivain qui usa du pouvoir pour des causes plus justes, plus nobles.
Un parmi d'autres est celui de l'ancien président tchèque Vaclav Havel, écrivain, romancier qui présida aux destinées de son pays et assit la démocratie chez les Tchèques. Pour cela, il ne nous reste, à nous public, que l'appréciation de l'écrit pour aimer ou rejeter un auteur. Et c'est pareil lorsqu'il s'investit dans la société par l'action. Nous jugeons au résultat.
Tout le reste n'est que clichés et idées préconçues. Les écrivains ne sont pas tous, systématiquement hors de doute dès qu'ils sont opposés au pouvoir, et douteux quand ils sont dans sa proximité. Il y a des nuances à faire, tant leurs rapports sont complexes, changeants et vivent dans une attraction - répulsion perpétuelle. C'est là tout l'art de la politique et la politique de l'art.


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