Le président de l'Alliance nationale démocratique a interpellé, hier, Bouteflika pour régler le problème de la Kabylie. La crise de Kabylie et la fraude, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse qu'il a tenue, hier, à la Maison de la presse, ont amené le parti à demander le report des élections. En prenant en considération ces deux éléments, le pouvoir se doit d'ajourner les législatives, souligne M.Malek. Et dans une première, depuis l'existence de l'ANR et sa participation au gouvernement, son président n'a pas hésité à fustiger le Président, le RND d'Ahmed Ouyahia, l'APN, le Sénat, le Conseil constitutionnel, le gouvernement, les conservateurs et (cela va de soi) les islamistes. C'est le cas de le dire, l'ancien Chef du gouvernement a vraiment vidé son sac. D'emblée, il dira que tant que la crise que vit la Kabylie n'est pas résolue, «il est dangereux et hors de question d'organiser les élections». Car, prévoit-il, «on ne peut aller aux élections au prix d'une sécession électoraliste». A cet effet, Redha Malek est convaincu qu'en Kabylie il y a «un mouvement citoyen porteur de revendications démocratiques qui sont surtout les revendications de tous les Algériens». Enfonçant le clou, l'un des négociateurs d'Evian n'hésitera pas à faire le parallèle avec la proposition de la France d'organiser le référendum sur l'indépendance sans le Sahara, «ce qu'a refusé Krim Belkacem». Lançant un message aux opposants du report, il a expliqué que «ces élections ne doivent pas se tenir pour la simple raison qu'il y a un échéancier à respecter». Sur sa lancée et dans une allusion assez claire au RND, il dira: «Il y a des partis qui viennent juste de naître de la fraude et qui veulent imposer la tenue des législatives le 30 mai.» Pire, soutient M.Malek «ils affirment d'ores et déjà qu'ils auront la majorité». Et de s'interroger: «Y a-t-il une preuve de plus sur la fraude qui se prépare.» En évoquant la fraude, le conférencier ouvre une parenthèse pour relever que «l'ANR n' a pas été reçu, par le Président parce que, soi-disant, il ne siège pas à l'Assemblée ; en revanche, ceux qui sont justement issus de la fraude ont été reçus». L'incident pour le président de l'ANR confirme «la politique des quotas.» Cette parenthèse fermée, M.Malek revient à la charge contre le RND auquel il ajoute cette fois-ci le FLN. «Ces partis qu'on appelle les conservateurs, mais flasques, ironise-t-il, sont les partisans du statu quo qui pensent détenir le dernier mot.» Il poursuit avec emphase: «Sans avoir rien fait, ils veulent accaparer les résultats de la lutte contre le terrorisme.» Ce sont, lâche-t-il, des gens qui n'ont pas de programme. «Oui, ils n'ont pas d'idées, mais un grand appétit et l'Etat ne se construit pas avec des appétits.» Et de conclure sur le cas du RND, qu'il n' a jamais cité nommément: «Ce parti, qui se vante d'être vainqueur avant même les élections, doit d'abord présenter son bilan.» Brossant un tableau à la fois noir, mais réaliste de la situation, Redha Malek commence par l'APN. Pour lui, le mandat de l'Assemblée «issue de la fraude est quasiment nul». Celui du Sénat n'est pas meilleur, mais peut-être pire, dira -t-il. Il a laissé entendre que le Président n'a pas accompli ses tâches. Car, constate l'ancien Chef du gouvernement, les réformes qui «ont été proposées et décidées par le Président en personne sont toujours sous le coude.» Est également sous le coude, le rapport que devait rendre public la commission d'enquête sur la fraude, ajoute le président de l'ANR. Le Conseil constitutionnel, affirme-t-il encore, ne peut rien faire «en tout cas, lui-même n'est pas constitutionnel». Cela étant dit, M.Malek prononce ce qui peut être assimilé à un verdict: «L'Algérie est devenue un contre-modèle.» C'est pour toutes ces raisons, clame-t-il, qu'il «vaudrait mieux ajourner les élections». Il faut les reporter aussi précise-t-il, pour réhabiliter la force de l'Etat qui est très affaibli. Avant d'arriver au terme de son diagnostic, inquiétant, le numéro 1 de l'ANR déclare: «Il faut que le Président de la République prenne des décisions et affiche une volonté politique pour régler les problèmes, la crise de Kabylie comprise.»