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La jeunesse et sidna ibrahim
LA JEUNESSE SPOLIEE DE SES DROITS
Publié dans L'Expression le 22 - 12 - 2007

Il est temps de redonner confiance aux jeunes, et, alpha et oméga du problème, démocratiser les sociétés arabes.
La jeunesse, qui représente pourtant l'avenir, dans les pays arabes, apparaît comme désorientée et perdue. Elle n'arrive pas à se frayer un chemin heureux en ces temps modernes. Elle se dit incomprise par les siens, agressée par les autres, en somme, spoliée de ses droits. Certes, des expériences de réussites existent, et les potentialités sont immenses, mais la plupart des jeunes sont perplexes et se sentent abandonnés. Ils ne croient plus les adultes et les pouvoirs. Dans les pays arabes, le défaut de communication, la faiblesse des pratiques démocratiques, l'absence de bonne gouvernance, les injustices, la démagogie, le chômage et la crise sociale et culturelle rendent leur vie plus que difficile. On semble imaginer que plus la jeunesse est plongée dans l'ignorance, la misère morale et matérielle, plus on peut la dominer, l'opprimer et la réprimer. Cette méthode porte en elle tous les germes de sa propre destruction. En Occident, en particulier dans les quartiers difficiles, au lieu de s'enrichir des différences et de favoriser la coexistence, la jeunesse musulmane subit des discriminations qui accentuent son désarroi. A l'occasion de l'Aid el Adha, celui du souvenir du sacrifice d'Abraham et de son fils Ismaïl, acte refondateur de l'histoire du salut et de la communauté des croyants, il est vital de rappeler que des repères existent. Afin, notamment de savoir qui nous sommes, comment apprendre à vivre ici et maintenant et affronter les épreuves de la vie, sans tomber dans des travers et dérives.
Toute la société est responsable
Aujourd'hui, il y a une prise de conscience que la violence est vouée à l'échec. Le deuil moral, le traumatisme et les désapprobations unanimes, montrent que le peuple, sans l'ombre d'un doute, refuse catégoriquement les actes sacrilèges, nihilistes et suicidaires. A partir de là, tous les acteurs de la vie politique, économique, sociale, culturelle et religieuse, ont pour tâche de s'impliquer pour redonner de l'espoir aux jeunes. Rien ne peut justifier les actes barbares, mais l'ignorance, le désespoir et les manipulations sont les premières causes de cette forme de monstruosité. Toute la société est responsable, et les acteurs politiques plus encore. La misère économique, le vide culturel, l'incompétence des responsables politiques, la non-implication des parents, de la société civile et le mutisme contribuent au désespoir, à la perte de confiance des jeunes vis-à-vis des structures sociales traditionnelles et de l'Etat, à la déliquescence des valeurs morales, à la rupture des liens sociaux et aux manipulations.
Les élites, notamment intellectuelles et scientifiques, ne doivent pas abandonner, entre les mains d'apprentis sorciers, de charlatans, et de politiciens, le savoir au sujet de la religion et les questions liées à l'éthique et à la justice. Certes, la crise est d'abord politique dans tout le monde arabe, mais les critiques constructives et légitimes que l'on peut et l'on doit adresser aux instances politiques et aux systèmes, ne dispense pas de produire des idées, de favoriser la connaissance et de clarifier les enjeux. C'est à cette condition que la société s'ouvrira. La démocratie et la disparition du phénomène de la violence ne se réaliseront pas sur la base de l'attentisme.
D'autant qu'elles sont liées. La démocratie, c'est-à-dire la participation des citoyens et le respect de leurs volontés, est la condition du développement, du renforcement de l'autorité de l'Etat et de la mobilisation réelle contre toutes les formes de déstabilisation et de subversion. Demain, le formidable réservoir de compétences, de bonnes volontés, d'amour de la patrie des jeunes, peut déferler sur le devant de la scène. Cela est possible, à la condition de mettre fin aux slogans, aux mythes et aux dénigrements.
La propension à vivre dans le passé, dans les gloires anciennes et à l'ombre des vertus des aînés ne va pas mobiliser les jeunes. Tout comme se vanter de notre position géostratégique et de nos richesses est illusoire si d'autres facteurs ne sont pas pris en compte. La civilisation ancienne et les épopées passées appartiennent à l'histoire et non au présent, s'en souvenir est légitime, mais vouloir vivre dans le passé est une lourde erreur. Si nos ancêtres et nos aînés ont réalisé de grandes oeuvres, elles leur appartiennent. Qui a trahi leur mémoire? Que réalisons nous nous-mêmes aujourd'hui pour en être dignes? Quelle place fait-on à la jeunesse, en dehors des discours démagogiques? Comment vivre dignement, librement, assumer nos responsabilités et faire face aux défis de notre temps? C'est ce type de questions qui travaillent l'esprit des jeunes. S'agissant de l'apologie de la situation stratégique, les instruits parmi les jeunes, et ceux, nombreux, dotés de bon sens, savent qu'elle n'a plus grand sens à l'ère des satellites, de la vitesse du son, de la société des nouvelles technologies de la communication et de la mondialisation.
Il est loin le temps où celui qui tenait les détroits contrôlait le monde. Quant aux fameuses richesses, celles du sous-sol, on semble, disent les jeunes, incapable d'en tirer un bienfait durable. Elles ne servent, précisent-ils, le plus souvent, que le pouvoir des autocrates et inhibent la volonté des peuples. La vraie et grande richesse, ce sont la jeunesse et le savoir, le savoir traduit en programme appliqué à tous les secteurs de la vie de la nation, après débat, c'est-à-dire dans le cadre d'un processus démocratique, telle est l'équation.
Sidna Ibrahim el Khalil est celui qui a osé dire, y compris à ses proches et à sa propre tribu, que le polythéisme, l'idolâtrie et la violence sont des pratiques obscurantistes et négatives. Il a préconisé le savoir universel, la fraternité et la paix autour de l'adoration au Dieu Unique. C'est lui, selon le Coran, qui nous a dénommé «musulmans» au sens de faire confiance en état de vigilance. C'est cela se libérer de toutes les formes d'aveuglement, d'aliénation et d'angoisses.
Dans ce sens, il a préconisé la patience et le respect de la vie. Il est le symbole de la confiance vigilante. Prendre, par exemple, les armes et résister face aux agressions extérieures, est codifié par le Coran et la Sunna, de manière stricte, pour respecter les droits humains, sous le statut de devoir de légitime défense. A l'exception de la Palestine et de Irak, les pays musulmans ne sont pas aujourd'hui dans la situation de pays colonisés et occupés militairement.
L'absence de perspectives
L'épisode du sacrifice d'Abraham, au sujet de son fils Ismaïl, notre ancêtre, a pour but, entre autres, de nous signifier que Dieu ne veut pas de sacrifice gratuit de la vie, encore moins tuer un autre être humain, mais au contraire, nous demande d'honorer la vie. Ismaïl sain et sauf et le bélier sacrifié ont pour signification de célébrer le respect de la vie, le partage, la solidarité. Qui explique tout cela à la jeunesse? Qui éduque, raconte et clarifie aux jeunes que d'Adam à Abraham, jusqu'au Sceau des Prophètes, à qui a été révélé le Coran, il s'agit de surmonter les épreuves de l'existence par le vivre-ensemble, le respect de la loi, le savoir et la patience. Nul ne peut vivre heureux ou gagner le salut en marge de la société ou contre elle. Reste à ne pas faire porter à la religion ce qui relève de la responsabilité des contradictions de la politique et des instrumentalisations.
Partout dans le monde, des discours intéressés, excessifs et extrêmes distraient la jeunesse de leur vocation, mission, droits et devoirs. Les uns, dans le cadre du Marché, comme des chants de sirènes, leur font miroiter des illusions, des appâts, la jouissance à tout prix et le gain facile. La société de consommation et permissive tente certains d'entre les jeunes. Ce n'est pas de gaieté de coeur, mais par désespoir. Ils feignent d'oublier que l'exil est amer et porteur de risques, comme ceux de la dépersonnalisation et du racisme.
Le modèle de la vie occidentale, avec ses avantages et ses inconvénients, commence à se mondialiser sous des formes incontrôlées et sauvages. Certains jeunes préfèrent risquer leur vie en tant que haragas pour l'expérimenter, plutôt que de subir le mépris et l'absence de perspectives. Les autres discours, comme des hyènes, les endoctrinent autour d'une version déformée et idéologique archaïque de la religion. L'absence de perspectives, pour la jeunesse, en particulier celle qui survit dans les ceintures urbaines, livrée à la paupérisation, aggrave la situation. Des jeunes, livrés à eux-mêmes, succombent alors à nombre de pièges: maux sociaux, tentative d'émigration clandestine et parfois violence aveugle.
La compréhension du religieux dans les sociétés arabes est aujourd'hui confuse et approximative. Les bribes de pseudos enseignements distillés par des chaînes satellitaires moyens- orientales et des opuscules d'ouvrages vulgaires, finissent par formater les esprits acculturés. Toutes les manipulations, dans le contexte du ressentiment, sont possibles. Il est temps de redonner confiance aux jeunes, et, alpha et oméga du problème, démocratiser les sociétés arabes. Sidna Ibrahim et notre Prophète étaient des êtres soucieux du vivre-ensemble, ils consultaient, débattaient avec les citoyens de leur époque, se fondant sur le raisonnement logique et la sagesse, cherchant à humaniser et civiliser la société. Ils croyaient à la promesse divine, et ils croyaient en l'humanité. Nous ne devons jamais désespérer, le monde arabe et en particulier notre pays, l'Algérie, dispose d'atouts exceptionnels: les richesses humaines et les valeurs spirituelles.
Reste à faire confiance à la jeunesse; et se souvenir des leçons de l'histoire pour se projeter dans l'avenir. Sans racines, sans symboles, sans sources culturelles, sans ijtihad, et plus encore sans jeunesse, il n'y a pas d'avenir. C'est Ismaïl, jeune envoyé, qui aida son père, Sidna Ibrahim, à construire la Kaâba à La Mecque, et l'a défendu contre les marchands du temple. Il y a lieu d'instruire la jeunesse, de la responsabiliser, de donner le bon exemple, et d'être juste, sinon, le rejet du vivre-ensemble sera dévastateur.
La jeunesse n'est pas difficile, mais elle refuse les mensonges et les monopoles. Communauté de juste milieu, il est urgent de donner la priorité à la responsalisation de la jeunesse et aux projets éloignés des extrêmes, au vrai dialogue et à un enseignement fondé sur la connaissance objective de notre culture et de notre temps.
* Spécialiste en relations internationales
www.mustapha-cherif.com


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