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Stages pour la maîtrise de l'orthographe dans des sociétés algériennes?
Des étudiants «analphabètes bilingues» ILS NE MAÎTRISENT PAS L'ARABE ET SONT NULS EN FRANÇAIS
Publié dans L'Expression le 13 - 01 - 2008

Jamais le niveau des étudiants algériens en langue française n'a atteint un seuil aussi bas: c'est la Berezina linguistique.
C'est une autre pandémie qui frappe de plein fouet l'université algérienne. Le niveau des étudiants quant à la maîtrise de la langue de Molière s'est dégradé au fil des années. Vu les circonstances, «cette situation devient inévitable», a déclaré à L'Expression, le célèbre linguiste américain et enseignant à l'Institut de technologie à Massachusetts, Noam Chomsky. Reconnaissant la difficulté de cette langue, notamment sa grammaire, il a souligné, d'autre part, que le problème «n'est pas lié à la linguistique.» Explicite, M.Chomsky a précisé que la question «a trait aux facteurs culturels et sociaux.». Sans exagération, aucune, il est temps de crier actuellement à un «scandale de l'illettrisme» au sein de ces établissements censés être des lieux de savoir et de technologie. Il ne serait pas non plus abusif de dire que plus de la moitié des étudiants algériens inscrits dans des spécialités aussi bien techniques que littéraires, sont «vulnérables» devant cette première langue étrangère, enseignée dans notre pays. Calamiteux! Si hier, on se lamentait sur les élèves qui ânonnent en 6e année, aujourd'hui c'est l'étudiant algérien qui fait craindre le pire.
Les échecs du primaire et du secondaire produisent des effets désastreux jusqu'au bout de la scolarité. Et les professeurs de l'université sont effarés par les copies truffées de fautes d'orthographe de leurs étudiants. Le désarroi est unanime chez certains parents, reconnaissant le naufrage de leur progéniture. Depuis plusieurs années, les signaux d'alerte se multipliaient sans pour autant obtenir les résultats escomptés. Ce problème évoqué est, malheureusement, encore un sujet tabou même si à la sortie des établissements, on ne parle que de cela. «Rares sont parmi nous, ceux qui maîtrisent la langue française», reconnaît Amel, étudiante en 2e année d'interprétariat et traduction à la fac d'Alger. De plus en plus d'étudiants ont du mal à écrire correctement en français. A qui incombe cette défaillance sans précédent? A la télévision? Aux méthodes pédagogiques? Incontestablement, cette faiblesse est la conséquence de plusieurs facteurs. Chaque partie doit assumer pleinement ses responsabilités aux fins d'espérer une éventuelle solution. Sinon, c'est le clou qui s'enfonce et la dérive de l'université algérienne devient inéluctable.
Dérive?
Une authentique faillite du système éducatif. L'école échoue à enseigner correctement le français. En arrivant en 6e, le mal est déjà fait. «C'est pratiquement irrécupérable» regrette un enseignant de langue française à la retraite. Contrairement à ce que l'on ressasse, ce n'est point au collège, le fameux «maillon faible», que la crise se noue. Mais au niveau du primaire, pendant ces années bénies où l'enfant est le mieux pris en charge. «C'est le point de départ d'une crise qui perdure», explique L.M, psychologue clinicien exerçant à Alger. Et d'ajouter qu'«on enseigne le français comme une langue déjà acquise. En réalité, il faudrait l'enseigner comme une langue étrangère.» L'erreur est fatale. Longtemps, cette dénonciation a été le fait d'un petit noyau de vieux «réactionnaires» pleurant un âge d'or perdu. Quelle est la politique prônée par nos écoles? Le pilotage des directeurs dans les cycles inférieurs? Il est à peu près inexistant. Le rôle des inspecteurs de l'éducation nationale? Il est de plus en plus aléatoire. Et la formation des maîtres? Elle est tout simplement déconnectée des besoins. Cependant, il serait injuste de s'en prendre aux enseignants, à eux seuls, qui, dans leur écrasante majorité, font un travail difficile et avec passion. «Eux aussi sont victimes d'un système qui titube», reconnaît un haut responsable au ministère de l'Education.
Un aveu d'une extrême gravité. Comme en politique, c'est l'état d'urgence qui est décrété. Dans la même optique, le Dr Mohammed Kirat, enseignant à l'université de Sharjah a soutenu, bec et ongles, que «les étudiants ne se consacrent pas à la lecture.» Car, a-t-il précisé, d'autres gadgets tels la télévision, la parabole, les vidéo games...ainsi que le «chatting» se sont taillés la part du lion dans dérive.
Les enseignants assistent, impuissants à ce «délitement progressif.» «L'accord du participe, les étudiants s'en fichent complètement! Et les accents? Ils n'en voient pas l'utilité» avoue, avec beaucoup de peine, une jeune enseignante à l'université Houari-Boumediene. Même lamento à propos de l'appauvrissement du vocabulaire. «Aurore» et «évier», pour ne citer que ceux-ci, sont devenus des mots savants que de plus en plus d'étudiants ignorent. Faut-il l'attribuer à une évolution générale de la société où le français littéraire cède peu à peu le pas? D'autres facteurs interviennent devant cette défaillance. Le ministère pèche par autisme. Il est très fort pour dresser un diagnostic. Mais pour proposer un «remède»...il reste notamment sourd aux remontées du terrain.
Les propos des professeurs illustrent ce naufrage des étudiants. Certaines copies ont été gardées, en mauvais souvenir, par un jeune agrégé en lettres, assurant des cours à la faculté des sciences sociales à Bouzaréah. Des commentaires de textes rédigés par des étudiants ayant obtenu en français des notes allant de 15 à 16,50 aux épreuves du baccalauréat. Il était question de «mitamorfoze», «fase», et de «digringoulad». Les exemples ne manquaient pas. Pourtant, ces textes, enchaîne l'universitaire, ont été produits par des bacheliers qui ont passé une année à la fac. Des jeunes censés adorer la littérature, être fervents de la langue française. La syntaxe ainsi que le choix des mots réservent également leur lot de surprises. «Bodelére est un écrivain hor pair» écrit un étudiant, inscrit en 1re année de lettres françaises à la fac de Bouzaréah. Et un autre, «distinction totale.»
Berezina orthographique!
Parfois, les étudiants ne font pas la distinction entre «es» et «et»; comme si les bases grammaticales étaient réduites à néant. «C'est la Berezina orthographique!» Le cri du coeur est unanime.
Jamais un manque de maîtrise de l'orthographe n'a été si pénalisant. Ouvriers, artisans ou cadres doivent «reprendre le chemin de l'école» , a déclaré à L'Expression un responsable à Sonatrach, sous le couvert de l'anonymat. Une bouée de sauvetage, pour des naufragés de l'école au bord du gouffre du décrochage social. Même pour ces cadres ou employés, les difficultés sont une inépuisable source d'ennuis. Qu'attendent nos responsables pour s'inspirer des autres modèles européens aux fins de mettre un terme à cette épidémie de dysorthographie? En France, à titre d'exemple, les stages de ce genre sont courants. La méthode de Bernard Fripiat, agrégé d'histoire, est applicable depuis quelques années. Pourtant, la langue de Molière est leur langue maternelle. «On ne doit pas avoir honte quand il s'agit d'apprentissage», a conclu ce responsable.


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