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La télé et l'éducation
LA JEUNESSE PERDUE
Publié dans L'Expression le 24 - 01 - 2008

Les parents qui abandonnent leurs enfants face à la télé, plus d'une heure par jour, sans contrôle, commettent un acte irresponsable.
Des experts psychologues affirment aujourd'hui que le temps passé devant la télé est susceptible de contrecarrer le temps que l'enfant passe pour sa personnalité et son identité et à son développement psychomoteur. Avant même que la question des programmes et contenus ne se pose, celle du temps passé consacré à la télé est un sujet majeur.
Le fait de se mettre en face de l'écran duquel il est contraint à la passivité, est susceptible d'enfermer l'enfant dans un statut de récepteur sous influence, un danger réel au-delà d'un certain temps et d'une accoutumance nocive. Pour cela, les parents qui abandonnent leurs enfants face à la télé, plus d'une heure par jour, sans contrôle, ou pire, installent une télévision dans la chambre de l'enfant, et l'utiliser même pour favoriser l'endormissement de l'enfant, commettent un acte irresponsable.
Les recherches relatives au développement du lien d'attachement, voire de soumission, comme une drogue, montrent qu'il est à craindre qu'un enfant qui se développe avec cette présence permanente de la télévision, construit un tel attachement à cette télévision, qu'il sera partisan du moindre effort. Devenu adulte, il ne pourra plus se passer de cette présence permanente, et plus encore sa personnalité sera passive, incapable de créer ses propres visions du monde, incapable de faire le tri des images et messages et de s'engager dans le réel.
De plus, si tous les enfants sont soumis aux mêmes programmes télé depuis leur plus jeune âge, ils développeront une uniformité de pensée et, du coup, développeront moins d'esprit critique, et plus faciles à contrôler par les techniques de manipulation de n'importe quel groupe d'influence qui cherche à les endoctriner.
Le temps passé par l'enfant devant la télé est inquiétant
La télévision, en l'absence de loisirs et de programmes éducatifs attrayants pour les jeunes constitue leur exutoire principal. Le temps passé devant le petit écran est de deux à trois heures en moyenne par jour. Cela est excessif et tue la possibilité de se connaître soi-même, de lire, de réfléchir et de dialoguer avec sa famille, ses amis et voisins. Certes, c'est une fenêtre ouverte sur le monde et il y a des émissions qui peuvent être instructives, mais elles sont de plus en plus rares.
La violence, l'incitation à la consommation, à la jouissance à tout prix, et la propagande pour telle ou telle idéologie, constituent l'essentiel des programmes télévisés dans le monde.
La soumission à la pensée unique passe par les médias lourds. L'influence de doctrines et pratiques superficielles, nuisibles et non conformes à nos valeurs et intérêts par les télés satellitaires, d'Orient ou d'Occident, leurs images et messages troublent et transforment les repères, notamment pour nos enfants. Aujourd'hui, le développement d'un enfant passe par la capacité d'interagir avec les différentes données et objets qu'il rencontre.
Alors que, comme le savent les spécialistes, l'interactivité est psychique chez l'adulte et l'enfant devenu grand, elle a encore besoin de s'appuyer sur le corps et la motricité chez l'enfant jeune. L'intelligence, à cet âge, est, en effet, plus corporelle qu'imagée ou conceptuelle.
L'enfant, jusqu'à environ sept ans, a besoin du contact physique et réel du monde qui l'entoure. Il est à craindre que le temps passé par l'enfant devant les images virtuelles des émissions d'une chaîne de télévision - dessins animés ou films, qui peut rassurer les parents parce qu'elle est présentée comme fabriquée pour les petits - ne l'éloigne en réalité des activités naturelles, motrices, exploratoires et interhumaines, fondamentales pour son développement à cet âge.
Les psychologues savent que l'enfant ne se développe et n'établit une relation satisfaisante au monde qui l'entoure, que s'il peut se percevoir comme un être de relation, un agent de possible transformation de son environnement. C'est ce qu'il fait quand il manipule de petits objets autour de lui et cherche à les réinventer et les transformer selon sa propre imagination. Il est à craindre que l'installation trop longtemps d'un enfant devant un écran ne réduise sa volonté de pouvoir d'agir sur le monde et de dialoguer et ne l'enferme dans un statut d'être passif, simple spectateur du monde.
De nombreux travaux scientifiques, notamment ceux appliqués à la relation mère-enfant, ont montré combien l'être humain est capable de s'accrocher aux éléments les plus présents de son environnement, dès les débuts de la vie, et notamment à ceux dont il a l'impression qu'ils le regardent. Il est à craindre que de jeunes enfants confrontés sans cesse aux écrans ne développent une relation d'attachement à des images virtuelles de violence ou de pratiques futiles indépendamment de tout contenu et de tout sens critique.
Ces enfants ne pourraient se sentir «bien au monde» -autrement dit sécurisés- que si un écran est allumé près d'eux, incapables plus tard, à l'âge adulte, de supporter la solitude et de dialoguer avec eux-mêmes, avec des difficultés de communication avec autrui.
La nécessité de développer la personnalité de la jeunesse passe par la variété des pratiques culturelles et un programme éducatif qui les encourage à rencontrer et discuter avec les autres, à lire et à assumer la sociabilité.
La priorité à l'école
Tout l'avenir repose sur une révolution de l'école. L'Etat et la société ont un besoin urgent de donner la priorité à l'école. Car la situation est préoccupante. Pour répondre aux immenses besoins de compétences, pour relever les défis de justice et de bon sens qui se posent et aussi comme base pour former des citoyens équilibrés, la tâche de tous les acteurs politiques et culturels serait de tout faire en vue de redonner confiance à la jeunesse afin qu'elle ne s'enferme pas dans le petit écran, mais s'ouvre au monde et apprenne à agir de manière active et responsable. Il n'y a pas d'avenir sans rencontre, sans cercle de discussions, sans échanges.
La société civile existe, les intellectuels sont en attente d'une mobilisation autour de projets porteurs et salutaires, les potentialités ne sont pas toutes dilapidées ou dévitalisées, malgré la lassitude. La télévision des réseaux satellitaires étrangers soumise à des considérations marchandes et idéologiques, pose le problème des influences négatives. En soi, la télé est un outil utile, mais lui laisser le monopole de la formation violente et individualiste, dans un contexte d'absence d'espaces de débats et de possibilités de création, c'est courir le risque d'une société soumise à tous les risques.
La nature a horreur du vide. Tout le but de la politique au sens noble, de l'éducation et de la culture consiste à assumer l'épreuve du vivre dans la maîtrise des tensions et contradictions et apprendre à vivre ensemble dans le respect de soi et celui de l'autre. Cependant, l'enfant soumis à un matraquage d'images violentes ou fondées sur la facilité et non l'effort et la patience aura des difficultés à y faire face.
Tous les sages savent que «la vertu consiste à ne jamais mépriser personne». La règle d'or se résume à une formule majeure: «Aucun de vous ne sera vraiment humain, tant qu'il n'aime pas pour son frère ce qu'il aime pour lui-même.» Dialoguer, c'est accepter le lien social, le débat franc, le témoignage de l'autre, les questions et critiques qui interpellent dans le respect mutuel, voire l'admiration réciproque. Il est irrationnel de se couper de ses concitoyens, immoral et contre-productif de stigmatiser l'autre et d'opérer des amalgames. Le dialogue entre les groupes, les individus et les cultures, pris dans le mouvement d'un seul et problématique monde, est impératif.
Les amnésies et les murs de séparation sont illusoires et voués à l'échec. Nous devons tous nous déclarer solidaires de notre devenir commun, acteurs d'une société commune à réinventer. Abandonner la jeunesse à la rue ou au petit écran, est porteur de dérives. Tout l'effort est de redonner l'absolue priorité à l'éducation afin de former des citoyens capables de développement et d'engagement. Car nous connaissons la valeur réelle de ces mots: «dialogue»: c'est celle d'une culture réelle dans laquelle hier des êtres se rencontrent, vivent ensemble, parlent, écrivent, se mêlant sans se confondre, et procédant ainsi à former un creuset de civilisations. Il faut le rappeler, en nous projetant dans l'avenir car nous sommes, chacun à notre manière, responsables de la situation d'égoïsmes et de laisser-aller, un vrai dialogue est possible et nécessaire pour que la société sorte des fuites en avant et de l'attentisme. La vérité aujourd'hui est qu'il y a un mode de vie mondialisé et que ce mode sous les figures du marché, de la technique et de la rationalité instrumentale, malgré des acquis prodigieux, s'éprouve actuellement lui-même comme une impasse, une forme de déshumanisation. Nos sociétés ne peuvent plus subir sans réagir. L'avenir se joue à l'école, non pas face au petit écran passif pour fuir les réalités. Il devient urgent de travailler ensemble, de penser à ce qui désormais fait question pour tous à partir d'un destin commun. Car les défis culturels de la méconnaissance et politiques des injustices, du recul du droit, des inégalités économiques et de la désorientation culturelle et nuisances de toutes natures du désordre mondial, requièrent de nous tous de débattre et d'éduquer.
(*) Spécialiste en relations internationales
www.mustapha-cherif.com


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