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«Je voulais faire un film humaniste»
ENTRETIEN AVEC LE REALISATEUR DE L'ENNEMI INTIME, FLORENT-EMILIO SIRI
Publié dans L'Expression le 14 - 02 - 2008

«Pour gagner cette guerre, il fallait, des deux côtés, user d'actes de violence pour faire peur...»
C'est la première fois qu'il vient en Algérie. C'est dans le confortable et luxueux hôtel Sheraton d'Alger, partenaire de l'événement qu'il nous a reçus, affable et prolixe sur le film qui nous rassemble et divise à la fois. Un long métrage sur la guerre d'Algérie ou comment un homme dévie de sa trajectoire de conscience en obéissant à un ordre «moralement inacceptable» pour commettre le «sale» acte. L'Ennemi intime est le titre de ce film dont l'avant-première a eu lieu, hier soir, à la salle Ibn Zeydoun, en présence notamment d'une forte communauté de moudjahidine, de l'acteur principal, Benoît Magimel, ainsi que des acteurs algériens entre autres Salem Aït Ali Belkacem, Gigi Terkemani, Kamel et Lounès Machène, Hassib Boukellal et Saïd Deblane. Une projection qui a suscité beaucoup d'émotion et a été suivie d'un riche débat qui en dit long sur la complexité de cette histoire qui réveille encore, aujourd'hui, autant de réactions vives et passionnées. Dans cet entretien, Florent-Emilio Siri démêle avec nous les fils de cette histoire, en apportant des éclaircissements sur son film et sa vision «humaine» des choses, dont ce «choix» qu'on croit toujours facile à faire. Et pourtant...
L'Expression: Est-ce la première fois que vous venez en Algérie?
Florent-Emilio Siri: Non, j'ai fait le casting du film en Algérie où je suis allé chercher les comédiens, à Tizi Ouzou.
Pourtant, vous avez tourné au Maroc...
Oui, parce que c'était plus facile pour nous pour des raisons financières. On avait besoin de compétences locales et d'aide sur place parce qu'on était 150 personnes par jour sur le plateau. Et que le Maroc a beaucoup de techniciens, car il y a beaucoup de films américains qui se tournent là-bas. On avait aussi la possibilité d'avoir le même type de paysage qu'en Kabylie. C'est beaucoup plus une question d'économie. On n'avait pas beaucoup d'argent pour faire le film. On est venus avec très peu de Français mais on avait besoin de beaucoup de monde autour, et surtout des locaux. Après il y eut d'autres problèmes de sécurité qui sont venus se greffer. On avait aussi beaucoup de matériel explosif, des armes, d'ailleurs, et pour les ramener au Maroc c'était compliqué, ensuite c'était une question de budget, d'assurances...
L'idée est de Benoît Magimel, le scénario de Patrick Rotman et vous, vous signez la réalisation. Qu'avez-vous apporté de neuf? Une touche supplémentaire?
Cela fait longtemps que je voulais faire un film sur les guerres de décolonisation. Il y a un film français que j'aime beaucoup, il s'intitule la 317e Section, sur la guerre d'Indochine. J'avais envie de faire un film sur la guerre d'Algérie. Avec Benoît, on se connaît depuis longtemps, et on a évoqué le sujet. C'est lui qui a «découvert» Patrick Rotman lors d'un déjeuner. Il lui a parlé de son envie de faire un film sur la guerre d'Algérie et connaissant mon envie, on s'est mis tous les trois autour d'une table. Ce que j'ai apporté moi, c'est ma vision de réalisateur. Ce que j'essaie dans tous mes films c'est de me mettre du point de vue des hommes, c'est-à-dire faire un film humaniste, non pas politique, mais aussi de montrer comment une guerre transforme les hommes...On peut presque résumer le film dans son titre. L'ennemi ce n'est pas l'autre, c'est soi-même. J'ai amené ma touche d'humain. j'ai voulu donner également de la largeur à ce film. Beaucoup de films sur la guerre d'Algérie sont intéressants, mais c'est souvent, soit des films intimistes soi militants. Je voulais donner cette largeur qu'on aime dans certains films américains quand ils traitent de la guerre du Vietnam.
Pourquoi avoir accepté de réaliser ce scénario?
Parce que cela me touche, parce que dans mes livres d'histoire il n'y a pas grand-chose sur la guerre d'Algérie. J'ai grandi avec des Algériens. Moi, j'ai essayé de comprendre tout simplement.
Quelle a été la réaction du public en France, notamment les Algériens de France?
Très bonne. D'abord, il y a beaucoup de gens qui connaissaient, comme moi, mal cette guerre avant de faire ce film. Il y a eu différentes réactions. Les jeunes ont halluciné en voyant ce qui s'est passé en Algérie. Les anciens combattants eux, étaient contents qu'on parle d'eux. Car on n'a jamais parlé de leur génération. Ils ne sont pas fiers de ce qu'ils ont vécu là-bas, mais ils n'ont pas pu en parler. Cela a été presque un sujet tabou dans les familles. Politiquement, on a essayé d'effacer les mémoires. On voit dans le film que la France, n'a reconnu qu'il y a eu une guerre en Algérie qu'en 1999. Il s'agit un peu de réveiller la mémoire de tout le monde. Quand Fellag est venu faire ce film, il a dit: «Enfin un film qui va crever l'abcès. Enfin on va parler de cette guerre mais du point de vue des hommes.» Ce qui m'intéressait était de montrer l'être humain au milieu de cette guerre. Il n'y a pas de parti-pris dans ce film. On montre comment un jeune appelé est pris dans cette guerre et comment cette dernière le happe. Tout le monde, que ce soit les harkis ou les pieds-noirs, ont une histoire comme cela à raconter...Les gens étaient contents qu'on montre que c'était une guerre...ce n'était pas juste qu'un maintien de l'ordre..
Il y a une phrase justement dans le film, quand le lieutenant Terrien, à propos de l'utilisation du napalm crie: «Je pensais qu'on utilisait ce genre d'arme qu'en temps de guerre!». Cela voulait dire que ça n'en était pas une...
Oui, parce qu'officiellement, ce n'était pas la guerre, plutôt un maintien de l'ordre. C'est une loi qu'a fait voter François Mitterrand en 1954, et qui existe toujours en France. C'est une loi un peu bizarre, c'est-à-dire que le ministre de la Police peut utiliser l'armée pour maintenir l'ordre. C'est un peu comme dans les dictatures si vous voulez. La France était aussi montrée du doigt par l'ONU, or comme le lieutenant Terrien, certains croyaient partir pour protéger la population puisque c'était un département français, ce qui n'est pas le cas.
Lors de la projection presse, certaines personnes étaient choquées par le fait d'avoir montré ou suggéré que les fellagas ont tué ou décimé tout un village pour donner l'exemple. Cela prouve finalement que toute vérité n'est pas toujours bonne à dire des deux côtés...Un mot là-dessus..
C'est une réalité historique. Ce fut une guerre psychologique. D'abord, les Français n'avaient rien à faire en Algérie. C'est un fait, mais pour gagner cette guerre, il fallait des deux côtés user d'actes de violence pour faire peur. La population était prise dans un étau, au milieu de quelque chose qui la dépasse, puisque l'enjeu était psychologique, donc en vue de la rallier à une cause. Les Français torturaient et massacraient des villages. Ils utilisaient le napalm, c'est une réalité historique. Que le FLN ait massacré des villages, c'est une réalité historique aussi. C'est sûr que c'est toujours dur à dire ce genre de choses, mais c'était une guerre psychologique. Quand il y avait un village qui se ralliait plutôt du côté français, il fallait faire peur au village d'à côté. Dans toutes les guerres, il s'est passé des choses. Pas seulement dans la guerre d'Algérie...
Vous parlez de peur; j'ai lu quelque part que c'est Hitchcock qui vous a donné l'envie de faire du cinéma. Quel est donc l'apport de ce cinéaste dans vos films?
Hitchcock a réussi à faire en sorte que le spectateur soit à l'intérieur du film, qu'il soit complètement pris. Cela lui donne presque parfois l'envie d'agir à la place de l'acteur. Et moi, j'ai essayé de faire pareil avec ce film. J'ai utilisé ma technique pour que le spectateur regarde cette guerre à travers les yeux de ce lieutenant et qu'il vive les choses comme lui. C'est-à-dire quand il vient dans ce village et voit que cet enfant reçoit une claque et qu'il réagit comme lui, on est partie prenante. Et petit à petit, ce qui est différent, on prend de la distance avec ce lieutenant. On le voit se transformer en quelqu'un d'autre. D'idéaliste, il devient tortionnaire, et on s'en éloigne.
Votre prochain film?
Je projette d'adapter à l'écran la vie de Christophe Rocancourt, cet individu qui a arnaqué pas mal de stars à Hollywood...C'est Benoît Magimel qui interprétera ce rôle...Pourquoi lui? Je respecte l'artiste et je suis ami avec lui. C'est une histoire de sensibilité commune. Je trouve que Benoît est l'acteur le plus talentueux de sa génération. J'ai toujours dit: il est comme un grand vin, plus il vieillit, plus il se bonifie. Ce rôle-là je le trouve parfait pour lui.


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