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Guerre ou paix ?
LE PRINTEMPS BERBERE, 22 ANS APRES
Publié dans L'Expression le 18 - 04 - 2002


L'attente n'aura pas été de bien longue durée.
Bon ou mauvais soit-il, le «port» de la cause amazighe semble avoir été atteint avec toutes les concessions accordées par le Président de la République. L'attente n'aura pas été de bien longue durée. Le Président, en effet, était attendu à deux rendez-vous importants. Le premier, à l'occasion de son déplacement à Constantine. Le second, hier, lors de la mise en place officielle de la «Commission politique». Les deux fois, le chef de l'Etat a reflété l'image d'un homme doté d'une main de fer dans un gant de velours. Les deux fois, Bouteflika s'est déclaré prêt à discuter de tous les sujets, aussi tabous soient-ils, à condition que la démagogie, la manipulation et les arrière-pensées en soient écartées. Il ne sera donc pas question, dans l'immédiat, de nouvelles concessions à la Kabylie, et donc de libération des détenus, ni même de levée de l'état d'urgence. Bouteflika, qui dit vouloir veiller personnellement à la régularité de ce rendez-vous, le qualifie d'«échéances décisives (appelées à) effacer de façon définitive les impacts de la crise qui frappe le pays depuis un peu plus d'une décennie». Le chef de l'Etat, qui semble dire en filigrane avoir accordé tout ce qu'il y avait à donner pour le moment, adopte désormais un autre langage, celui de la plus inébranlable fermeté. Tout en mettant en relief la nécessité qu'éprouve l'Etat d'assumer le fonctionnement des institutions et la sécurité des biens et des personnes, Bouteflika espère que le résultat de ce scrutin évitera désormais de «prétendre à la représentativité populaire en dehors de la volonté du peuple (ni) de se substituer à la souveraineté populaire dans le choix de ses représentants».
Difficile de dire pour le moment si les élections se tiendront dans les délais requis et si la Kabylie y sera représentée ou pas. Car, il est vrai que les trois jours à venir seront décisifs à plus d'un titre. C'est demain que la Kabylie commémorera la mort tragique du jeune Guermah Massinissa, premier martyr du Printemps noir, advenu 21 ans après le Printemps berbère. Deux printemps, en somme, avec leurs cortèges de morts et de sacrifices sans que les hirondelles eussent été du voyage. L'on se souvient, et nous étions nombreux dans ce cas, de ce hasard, un bien drôle hasard, avait fait que deux incidents de taille se produisent, l'un en Grande et l'autre en Petite Kabylie. Le pouvoir, le Président en premier, qui devait sans doute être mal renseigné comme l'avait été Zerhouni, a ignoré la protesta dans ses premiers jours. Elle avait été traitée uniquement par la répression, celle-là même qui avait donné lieu au plus grand nombre de victimes. Bouteflika, lui, avait donné le ton en ne soufflant mot de ce qui se passait en Kabylie lors de la rencontre des cadres, intervenue quelques jours plus tard. Comprenant enfin que le mouvement était beaucoup trop mâture, beaucoup trop fort, pour être étouffé dans l'oeuf par la force, le Président s'était borné, dix longs jours plus tard, à s'adresser à la nation. Là encore, le décalage demeurait flagrant. La proposition d'une seconde session du bac exclusivement destinée à la Kabylie avait été rejetée alors que l'idée d'une consultation référendaire pour la constitutionnalisation de tamazight a, elle aussi, eu pour effet de relancer la protesta. Là encore, disons à la décharge des décideurs, que bien peu d'observateurs, pour ne pas dire aucun, ne savaient pas que le pire restait à venir. Ferhat Mehenni en profitera même pour prendre la tête d'un mouvement sécessionniste réfugié en France, le MAK. Etendue comme une traînée de poudre aux quatre coins de la région kabyle, la protesta a connu son apogée, mais aussi son tournant décisif, lors de la tristement célèbre marche d'Alger du 14 juin dernier. Le pouvoir prenait enfin conscience de l'énorme marée humaine porteuse d'une série de revendications sans lesquelles la mort aurait été préférable. «Vous pouvez tous nous tuer, nous sommes déjà morts», pouvait-on lire sur les banderoles des centaines de marches qui ont eu lieu un peu partout au centre du pays. Le pouvoir a fini, donc, par diminuer la répression, et même par ordonner des enquêtes. Mais, un autre faux pas sera commis lorsque les délégués des ârchs seront empêchés d'accéder à la présidence pour y déposer leur plate-forme de revendications, et en discuter éventuellement le contenu. En réaction, ces derniers décrèteront leur texte «scellé et non négociable». La pression de la rue, chemin faisant, continuera d'aller crescendo. Cela, jusqu'au jour où tombera le communiqué de la présidence reconnaissant la légitimité du mouvement citoyen, la recevabilité de la plate-forme, invitant au passage les délégués à entamer un dialogue avec le Chef du gouvernement. Là encore, les choses tourneront plus ou moins court puisque le mouvement sera scindé en deux groupes au moins, les uns favorables et les autres hostiles au dialogue. Arbitre suprême, le Président, presqu'une année après le début des émeutes, interviendra, enfin, pour mettre fin à la polémique en recevant les délégués au Palais des nations pour leur annoncer la constitutionnalisation de tamazight et la prise en charge des victimes du printemps noir. Les choses ne se sont pas arrêtées là. De nouveaux morts ont été enregistrés parce que les émeutes avaient repris de plus belle en réaction aux décisions présidentielles. La répression, elle, n'a pas suivi. Les autorités se sont contentées de fermer les permanences des ârchs et d'interpeller les meneurs. La plupart, jugés immédiatement à cause des flagrants délits, ont écopé de peines allant de quelques mois à une année ou deux de prison ferme. Le calme est plus ou moins revenu à la suite de ces interpellations. Mais nul ne peut dire si les émeutes reprendront ou pas. Nul ne peut dire non plus si les troubles reviendront, intacts, à la suite de la commémoration des printemps noir et berbère. Seules les hirondelles dans le ciel peuvent encore nous le dire...


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