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La guerre du chèche et de la chéchia
LA VILLE DE BERRIANE QUADRILLEE
Publié dans L'Expression le 09 - 04 - 2008

Certains dignitaires de la région professent des idées d'une extrême gravité.
Berriane offre un spectacle pesant en cette matinée de lundi.
Un dispositif sécuritaire impressionnant est déployé au centre de la ville. Le spectre des affrontements ayant opposé la communauté mozabite et la «tribu» des Chaâmba plane toujours sur la cité. Les antagonistes se sont affrontés à deux reprises, la nuit de la fête du Mouloud puis en fin de semaine dernière, soit mercredi. Les gendarmes et les policiers dépêchés sur les lieux sont de loin moins nombreux que les civils arpentant les rues poussiéreuses de cette cité située à 40 kilomètres de Ghardaïa. Le silence matinal est brisé par les quelques bus et camions traversant la RN1. Ce tronçon semble être conçu pour couper la ville en deux. Le côté gauche, en allant vers Laghouat, est appelé Kaf Hamouda et le côté droit, un peu plus bas, est connu sous le nom de Lala Sahla.
Les gens de Berriane ont délimité les deux quartiers. Le premier est le quartier des «Arabes» et le second, celui des «Mozabites». Ici, l'ambiance délétère exhale de forts relents de «fitna». Inimaginable! Des Mozabites appellent les Chaâmba «Arabes». Le patriotisme a pris un sérieux coup dans cette contrée.
«Les affrontements de la nuit du Mawlid ont commencé là», nous indiquera un vieil habitant de Kaf Hamouda en désignant du doigt un endroit jouxtant la route Nationale. Selon le sexagénaire, les heurts ont éclatés après qu'une femme «arabe» fut agressée par une meute de «mozabites». Du côté de Lala Sahla, on soutient une autre version selon laquelle les choses se seraient déroulées autrement. Le quartier de Beni Mzab affiche tous les signes d'un endroit bien entretenu. Des ruelles propres et bien agencées séparent les maisons spacieuses. L'artère principale du fief des Mozabites de Berriane, garde encore les traces des affrontements. Une dizaine de magasins ont été incendiés, avons-nous constaté sur place. Le tout laissé en l'état. «Ce sont leurs commerces», nous fera savoir un jeune qui voulait parler des habitants de Kaf Hamouda. «On les a saccagés pour répondre à leur agression», ajoutera-t-il.
Complot et intervention tardive
Les affrontements ont été déclenchés par des gamins qui se jetaient des pétards, avance Ammi Saïd, un officier à la retraite. Assis sur le seuil d'un magasin fermé, notre interlocuteur axera toute son attention sur «l'intervention tardive des forces de l'ordre». Pour ce qui est de la reprise des hostilités de mercredi soir, Ammi Saïd avance, sans l'ombre d'un doute, que ces incidents malheureux sont le résultat du «retrait hâtif des forces de sécurité». Dans la même logique, un citoyen de Berriane s'interrogera sur la non-application des instructions du chef du gouvernement. Celui-ci, rappelle notre témoin, a indiqué qu'après les incidents, les forces de sécurité restèrent sur les lieux jusqu'au rétablissement total de l'ordre. «Je me demande alors pourquoi on a retiré les gendarmes et les policiers sans prévenir quiconque, pas même le président de l'APC», s'interroge-t-il. Cela avant de lâcher que «l'Etat doit pouvoir nous protéger. C'est sa mission». Les lectures concernant le déclenchement des hostilités foisonnent. Un professeur de lycée affirme que «ces événement ont été déclenchés de manière délibérée pour montrer que le RCD est incapable de gérer la commune». Cette formation politique, précise-t-il, a surpris tout le monde en décrochant 8 sièges sur les 11 que compte l'APC de Berriane. Selon les témoignages recueillis au niveau de Lala Sahla, la communauté mozabite a fait l'objet d'une agression qui ne dit pas son nom de la part des Chaâmba.
Un autre Mozabite, résidant dans la zone des Chaâmba nous indiquera que pas moins d'une cinquantaine de familles ont été obligées de quitter Kaf Hamouda, depuis mercredi dernier. Un autre témoin, pompier de son état, relatera avec précision comment on a voulu défoncer la porte de son domicile situé dans les quartiers des «Arabes». Depuis, «ma femme est sous le choc et mes deux enfants refusent d'aller à l'école». La nuit de mercredi a été cauchemardesque pour les Mozabites. Karim, brandissant sa main brûlée, racontera comment un groupe de cagoulés a jeté de l'essence sur les murs de sa maison. «Il voulaient nous brûler vifs», dit-il, en fulminant.
Le nom Grine, revient tel un leitmotiv sur les lèvres des témoins «des agressions commises par les gens du quartier arabe.» Un nom que l'on cite avec des prénoms différents. «L'acharnement des Chaâmba contre les Mozabites», avance-t-on, répond à plusieurs motifs. Il s'agit, outre la différence confessionnelle (malikite contre ibadite) de jalousie. «Les Chaâmba nous envient parce que nous sommes plus riches et plus habiles dans le commerce», soutiendra un vieux Mozabite.
«L'huile sur le feu»
L'aspect de Kaf Hamouda n'a rien a voir avec le quartier des Mozabites. Les Chaâmba vivent dans des conditions déplorables. Les constructions inachevées, les détritus jetés un peu partout offrent un paysage désolant. Autre différence, la chéchia des Mozabites laisse place ici au chèche des Chaâmba. Fait des plus remarquables. Assis par terre, un groupe de jeunes ont bien voulu nous raconter leur version des faits, et ce, après avoir fustigé certains titres de la presse nationale. A en croire les propos de ces jeunes, les journaux, mis en cause, ont falsifié la vérité et ont jeté de «l'huile sur le feu». Selon Abdelkader, les hostilités ont repris mercredi dernier à la suite d'une information rapportée par un journal, faisant état de l'existence d'une relation extraconjugale entre «une femme arabe et un Mozabite qui fut à l'origine du meurtre de ce dernier». Le mis en cause dans le meurtre de...est innocent, et il n'a pas de soeur, ajoutent plusieurs voix pour démentir cette information qui est, selon eux, calomnieuse. Interrogé sur l'implication des Grine dans ces heurts sanglants, un jeune de cette famille nous expliquera que «les Mozabites nous ciblent parce qu'on est riches et parce que nous sommes nombreux».
Saïd, profession libérale, tiendra à mettre en évidence les inégalités entre malikites et ibadites. Il soutiendra, en ce sens, que le quartier des Mozabites dispose de toutes les commodités, à savoir le réseau AEP, le gaz et autres infrastructures sportives et culturelles. «L'APC est de tout temps gérée par les ibadites qui nous privent de tous», avance-t-il encore.
Il convient de rappeler quant à ces affrontements, que chacun des deux camps se considère comme étant minoritaire du point de vue numérique. Aussi, si les habitants de Lala Sahla se disent agressés, ceux de Kaf Hamouda affirment, de leur côté, que leur réaction relève de la légitime défense. Nos témoins du côté de Kaf Hamouda ont relevé également le rôle joué par l'association de vigilance du rite ibadite. Laquelle association, ont-t-ils soutenu, est «une milice chargée de tabasser les Arabes qui transgressent la zone de Beni Mzab».
La haine multidimensionnelle!
L'autre point qui mérite d'être soulevé a trait à la haine que prêchent les dignitaires de ces deux communautés. Plusieurs jeunes du quartier ibadite affirment avoir entendu, vendredi dernier, des appels au djihad contre les kharidjites.
Dans le camp adverse, on avance que les Mozabites considèrent, dans leurs rites, que le sang, les biens et les femmes des Chaâmba sont licites. Des idées d'une extrême gravité qui continuent à trouver, en cette Algérie de 2008, des «gourous» qui les prônent. Les guerres entre les Chaâmba et les Beni Mzab, faut-il le rappeler, ne datent pas d'aujourd'hui. Plusieurs villes du M'zab dont Guerrara et Beni Yesguène ont connu des événements aussi tragiques que ceux de Berriane.
Ces conflits prennent des intonations économiques (commerce et terre), religieuses et ethniques. Le passé de cette région célèbre à l'échelle mondiale pour son potentiel touristique, est jalonné d'antécédents aussi graves les uns que les autres.
Indiquons enfin que les notables de la région du M'zab se sont réunis, lundi, au siège de la daïra pour trouver une issue à ce conflit qui ne dit pas son nom. Des notables que l'on estime en perte de vitesse à Berriane. Ils sont accusés, au sein de leur communauté respective, de «ne penser qu'à leurs intérêts personnels» Lesdits notables ont avancé, à l'issue de leur rencontre avec les autorités locales, que «ces affrontements sont l'oeuvre de jeunes délinquants».


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