A vingt jours des législatives, le Syndicat national des enseignants du supérieur (CNES) veut faire mal. Sa stratégie présentement déployée vise «directement le pouvoir». En voulant geler les examens, en ce moment précis, et par voie de conséquence les délibérations de fin d'année, il compte remettre en cause la politique même des pouvoirs publics en matière d'accès à l'université. Le choix tactique du Cnes n'est, en effet, pas innocent puisqu'une telle option cible expressément le flux de l'effectif estudiantin qui intéresserait seuls les décideurs qui ont tendance à le gérer froidement faisant fi de l'activité pédagogique dont les garants exclusifs sont les enseignants. Ces enseignants veulent justement mettre le holà à la classique méthode «d'entrée et de sortie» suivie par les gestionnaires. Comme si le management de la population estudiantine était apparentée à une quelconque gestion de stocks. En agissant de la sorte, ils escomptent transposer le malaise hors de l'enceinte universitaire, c'est-à-dire à l'opinion publique. C'est pourquoi à la veille d'échéances électorales importantes, ils rejettent en bloc «le rôle de gardiens de crèche auquel ils seraient assignés», quitte à troubler la quiétude de la rue. Etant donné que «seul l'ordre public interpellerait les autorités». Toutefois au premier jour de cette grève, hier, le mot d'ordre n'a pas été unanimement suivi. Si à l'université de Bab-Ezzouar, deux-tiers des enseignants étaient pour, le reste a dit non. Ce mot d'ordre, qui avait été lancé à la fin du mois d'avril et bien qu'approuvé par les structures du Cnes au sein des universités mercredi dernier, a ainsi laissé indifférentes d'importantes structures universitaires à Alger, dont la Fac centrale celle de droit (Ben Aknoun) où l'ambiance était studieuse, étudiants et professeurs préférant tabler sur les examens, d'autant plus qu'une information circulait faisant état d'une instruction aux recteurs d'université de faire respecter le bon déroulement des examens sinon des derniers cours. D'où la crainte affichée par nombre de travailleurs de la chaire redoutant quelques mesures dissuasives. Le syndicat, qui compte 8000 adhérents, avait informé les parties concernées de cette grève qui coïncide avec les examens de fin d'année, le 30 avril dernier. Les revendications brandies par le Cnes restent le statut de l'enseignant et la revalorisation des salaires. Puisque l'on croit que l'Algérie possède un matelas de devises assez confortable pour se permettre une transition tout en douceur et assurer une augmentation de salaire pour chaque enseignant d'au moins 10.000 DA. Sachant que 35.000.000 de dollars des 20 milliards disponibles suffiraient pour ce faire. Au premier jour donc de cette grève selon M.Abdelkader Bouzidi, membre du Cnes, le débrayage a été suivi à 100% à l'annexe de Bouzaréah relevant de l'université d'Alger, et à l'institut des lettres arabes. Ce qui va dans le sens d'un communiqué du Cnes qui constate l'adhésion massive des enseignants et des enseignantes au mot d'ordre de grève. Celle-ci sera évaluée périodiquement par des votes au niveau des établissements universitaires, ajoute le communiqué. Au cours des tout prochains jours, le Cnes qui appelle les enseignants et les enseignantes à rester mobilisés et à adhérer massivement au mouvement, recevra donc un précieux feed-back pour son action inédite.