Présents à la conférence d'Almaty, les dirigeants indien et pakistanais ne se sont pas rencontrés. Peu de progrès, pour ne point dire aucun, ont été enregistrés à Almaty lors de la Conférence sur les interactions et les mesures de confiance en Asie, (CICA) au cours de laquelle d'aucuns espéraient amener l'Inde et le Pakistan à plus de pondération. Cela n'a pu se faire du fait du refus opposé, quoique tous deux présents dans la capitale kazakhe, par les dirigeants indien et pakistanais qui ne tenaient pas à se rencontrer. C'est surtout vrai pour le Premier ministre indien qui réfute tout contact avec le président du Pakistan. Ce dernier, voulant marquer sa bonne volonté, concéda un point aux Indiens en signant l'article 18 du document adopté par la conférence et se référant au séparatisme, mais non sans avoir, auparavant, fait des réserves sur son contenu, selon le président kazakh, Noursoultan Nazarbaïev. En effet, cet avenant stipule que «les Etats membres ne soutiendront aucun mouvement séparatiste sur le territoire d'un autre membre» soulignant que les signataires de l'Acte d'Almaty «uniront leurs efforts pour empêcher que le terrorisme soit préparé, assisté, lancé et financé à partir du territoire d'un Etat, et refuseront d'offrir protection et accueil aux terroristes». Malgré donc l'adhésion du Pakistan à ce principe, l'Inde ne semble guère convaincue par l'engagement d'Islamabad à interdire à l'opposition cachemirie de l'attaquer à partir du Cachemire pakistanais. Ainsi, le Premier ministre indien Atal Behari Vajpayee indique-t-il que «nous avons répété que nous étions prêts à discuter de toutes les questions avec le Pakistan au sujet de Jammu et du Cachemire. Mais, pour cela, le terrorisme doit cesser», ajoutant: «Si nous constatons que les actes sur le terrain concordent avec les promesses faites par le président Musharraff, nous prendrons des mesures en conséquence.» Mais d'ici à là, tout peu basculer pour peu que l'une ou l'autre partie fasse de l'excès de zèle. Expliquant ce qui se passe dans le sous-continent indien, le président Musharraff déclare pour sa part, qu'il ne pouvait «autoriser des individus ou groupes terroristes sous aucun prétexte» justifiant néanmoins, quoique indirectement, l'activité des indépendantistes cachemiris. «Le terrorisme des Etats, tout en infligeant des souffrances massives aux habitants des territoires occupés, nourrit une spirale de violence et de terrorisme», affirmant cependant: «Nous ne voulons pas la guerre nous ne commencerons pas la guerre. Mais si la guerre, nous est imposée, nous nous défendrons avec la plus grande détermination.» A Almaty, les deux parties ont donc campé sur leurs positions ne cédant sur aucun point, même si le président pakistanais a fait la concession de signer le document final de la conférence d'Almaty. A Almaty, les dirigeants asiatiques ont tacitement confié au président russe Vladimir Poutine une difficile mission de médiation consistant à rapprocher les points de vue des deux antagonistes en les encourageant à dialoguer directement. De fait, le président Poutine et son homologue chinois Jiang Zemin ont reçu, chacun de son côté, et séparément, les deux responsables indien et pakistanais. Le président Poutine avait, ainsi, proposé à son homologue pakistanais de chercher ensemble «comment faire, non seulement pour apaiser le conflit, mais aussi pour éviter la confrontation dans l'avenir». Par ailleurs, le secrétaire général de l'ONU, qui a entamé une tournée en Europe, se trouvait, hier, à Moscou, venant de Kiev, pour des entretiens avec le président russe Vladimir Poutine, espérant que ce dernier et son homologue chinois, Jiang Zemin, «feraient tous leurs efforts (à Almaty sous la médiation russe) pour empêcher le conflit et l'utilisation de l'arme nucléaire», rapportait, hier, l'agence russe Itar-Tass Almaty ne semble pas être parvenue à convaincre les deux parties à ne pas s'engager dans une guerre dont le prix sera terrible pour les deux peuples indien et pakistanais. Rien de nouveau donc à Almaty et la menace de guerre est toujours aussi présente.