Limité aux hommes d'affaires et aux entrepreneurs, l'effrayant cauchemar touche désormais les enfants. Une main lui met un bandeau sur les yeux, une autre étouffe ses cris et la fillette est embarquée par ses ravisseurs vers un lieu inconnu. La petite Nesrine âgée d'à peine 5 ans a été enlevée mardi dernier à sa sortie de l'école aux environs de 16h dans la localité de Zemmouri El Bahri, à une dizaine de kilomètres à l'est du chef-lieu de la wilaya de Boumerdès. La petite fille a été retrouvée saine et sauve après trois jours de séquestration. La victime, fille d'un entrepreneur de la région n'est âgée que de 5 ans et fréquentait l'école préparatoire dans la même localité. Elle a été accostée, semble-t-il, par deux individus qui l'ont forcée à les suivre vers une destination inconnue au moment où elle allait rejoindre le domicile familial sis au quartier des 319 Logements. Le fléau du kidnapping prend des tournures extrêmement dangereuses. Ce ne sont plus les hommes d'affaires, les entrepreneurs et les riches qui sont visés mais leur progéniture. Ce qui s'est produit à Zemmouri n'augure rien de bon quant à la sécurité des citoyens. La nouvelle de la disparition de Nesrine s'est propagée comme une traînée de poudre au niveau de toute la commune et a semé un climat de psychose et d'indignation. Les citoyens de cette paisible localité se sont mobilisés pour effectuer des recherches dans les environs aux côtés des services de sécurité, en vain. Durant cette disparition, la famille attendait vainement un appel des ravisseurs. Poursuivant les recherches, les services de la gendarmerie ont enfin retrouvé la petite Nesrine durant la nuit de jeudi dernier vers 1h du matin à proximité d'un rond-point de la ville, précise-t-on. La famille et la population étaient soulagées de retrouver la petite fille après une séquestration qui a duré 3 longues journées. On ignore pour l'instant l'endroit où la petite a été enfermée par ses ravisseurs pour exiger, dit-on, une rançon à ses parents contre sa libération. Selon notre source, un des auteurs de ce rapt aurait été arrêté par les éléments de la gendarmerie en patrouille durant cette nuit tandis que son acolyte aurait réussi à prendre la fuite. Le grand banditisme qui sévit depuis quelques années en Algérie et particulièrement en Kabylie vient d'effectuer une dangereuse mue. Le phénomène appelle des mesures fortes pour la protection des mineurs en Algérie. Aussi la vigilance est devenue une nécessité pressante puisqu'il est maintenant établi que les enfants risquent de rencontrer à chaque coin de rue la menace d'enlèvement. En octobre dernier, un cas similaire a été signalé à Touggourt quand un fils d'un industriel, dénommé Youcef, âgé de 7 ans, a été enlevé par deux individus encagoulés à proximité de la maison. Six femmes en haillons et quémandant l'aumône ont été arrêtées par les citoyens du village d'Ahnif, dans la wilaya de Bouira, après avoir tenté d'enlever de jeunes enfants. Chaque année, la police et la gendarmerie lancent des signaux d'alerte à propos de ce phénomène, toujours en hausse, à l'égard des enfants, notamment les enlèvements suivis d'abus sexuel puis de meurtre. Les statistiques des services de sécurité, relatives au kidnapping d'enfant, reflètent réellement l'alarmante expansion d'un phénomène qui hante aujourd'hui la population algérienne. Il y a une année, le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni faisait état, devant le Conseil de la nation, de 375 cas d'enlèvement enregistrés en 2007 (soit plus d'un kidnapping par jour). Parmi ces personnes enlevées, 108 d'entre elles étaient des mineurs. Quelque 6 milliards DA de rançon ont été demandés et 1,2 milliard DA payés par les familles aux ravisseurs durant la même année.
