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L'invasion des gourbis
HADJOUT
Publié dans L'Expression le 18 - 06 - 2002

Les aiguilles de l'énorme horloge qui égrenait l'heure du temps de Marengo ne se meuvent plus.
Ville cosmopolite de l'extrême-ouest de la Mitidja, Hadjout souffre de ses bidonvilles, faute d'une politique pragmatique d'attribution de logements et de lots de terrain. Le visiteur appréhende d'emblée le contraste entre villas fabuleuses et masures et remarque le désarroi d'une jeunesse oisive dilapidant son énergie dans les maisons de jeux. Sur le fronton nord du marché couvert, les aiguilles de l'énorme horloge qui égrenait l'heure du temps de Marengo ne se meuvent plus.
Sur une population d'environ 60.000 habitants, 20% croupissent dans les gourbis dont un grand nombre date de la période coloniale. Les bidonvilles, agressés par les intempéries, communiquent toutes les misères humaines que certains de leurs occupants justifient par le fatalisme. Il est à signaler que Hadjout a connu, ces dernières années, un important flux migratoire du fait de la recrudescence du terrorisme.
Avant l'obtention probable d'un logement, les familles venant d'autres régions, doivent transiter d'abord par les îlots de masures: douar Maâmar Bélaïd ou douar Si Lyès.
Dans ces bidonvilles se développent non seulement des maladies en raison de l'inexistence des sanitaires, mais aussi des fléaux sociaux. Une partie de la jeunesse s'initie de manière spectaculaire à l'enfer de la toxicomanie, responsable jusqu'à présent de plusieurs crimes. Le reste joue à la pétanque sur les deux places publiques pour meubler oisiveté et lassitude. Cette dernière affecte même les retraités qui se réfugient dans le jardin public assailli par le bruit assourdissant des véhicules. Hadjout ne peut mettre assez longtemps sous le boisseau le charlatanisme et les pathétiques scènes de mendicité. Au risque d'imploser, elle ne doit pas taire non plus, l'incivisme des marchands qui récoltent les bénéfices et laissent sur place les emballages et saletés.
Cependant, en dépit de tous ces problèmes, il n'existe pas un seul Hadjouti qui ne soit casanier et fervent défenseur de sa ville natale ou d'adoption.


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