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Quelle école demain?
LA GUERRE DU SAVOIR
Publié dans L'Expression le 02 - 04 - 2009

L'école doit aider l'enfant à devenir progressivement un citoyen.
Dans les sociétés qui visent en priorité le savoir pour se développer, la révision des méthodes et des programmes d'enseignement s'effectue environ tous les cinq ans partiellement et de manière approfondie tous les 20 ans. C'est la réforme par génération, la plus difficile à réaliser. Le monde arabe ne semble pas avoir pris pleinement conscience que sans une réforme en profondeur du système éducatif, et la valorisation du métier d'enseignant, l'avenir est hypothéqué. De l'organisation de la diffusion du savoir dépend le projet de société. La réforme concerne la formation des formateurs, le statut des enseignants, les programmes, la méthode d'enseignement, le rythme et les conditions de progression, la carte scolaire et les moyens mobilisés pour atteindre les objectifs fixés. La nécessité de former un citoyen responsable, l'évolution du savoir et des métiers et les besoins de la société obligent à l'adaptation permanente.
Les parents d'élèves, les enseignants et les élèves se plaignent souvent du volume horaire élevé et de la lourdeur des programmes. Dans le monde, les programmes scolaires, au niveau primaire, deviennent de plus en plus courts: environ 40 pages illustrées par matière, contre une centaine par le passé. Ils sont écrits dans un langage clair sans complications inutiles. Il s'agit pour chaque enseignant et parent, de savoir exactement ce que les élèves doivent avoir acquis au terme de chaque année scolaire. Ils doivent intégrer les objectifs du socle commun, des connaissances de base que l'élève doit maitriser pour son épanouissement humain et l'avenir de sa formation future. La méthode se fonde sur le fait qu'il faut faire participer l'élève et respecter la liberté pédagogique de l'enseignant, tout en balisant et fixant la méthode pédagogique.
Des programmes allégés
La finalité de l'école consiste à aider chaque enfant à réussir les apprentissages fondamentaux, principalement la lecture, l'écriture et le calcul. L'école doit également aider l'enfant à devenir progressivement un élève, un jour un citoyen et à acquérir les premières bases d'un comportement fondé sur les règles de la morale. En Europe et aux USA, les programmes depuis 50 ans s'inscrivaient dans la tradition qui consiste à expliciter de manière détaillée non seulement les contenus d'enseignement arrêtés, mais aussi les méthodes et l'organisation des activités susceptibles de les appliquer de manière efficace et cohérente. Depuis une dizaine d'années, les nouveaux programmes constituent un équilibre entre les normes fixées et le libre choix des méthodes et des démarches, témoignant ainsi de la confiance accordée aux maîtres pour une mise en oeuvre adaptée aux élèves. Un équilibre entre encadrement et fixation préalable de la méthode et marge de manoeuvre est à trouver.
Sur le plan des horaires, il y a donc un net allégement. Les horaires sont plus stables, simples et précis: il n'y a plus d'horaire variable ou minimal, mais un horaire unique clairement identifié pour chaque discipline. La langue nationale et officielle de chaque pays est enseignée huit heures en moyenne hebdomadairement. Une langue étrangère intervient comme seconde langue au choix. En plus de l'apprentissage de la langue, c'est-à-dire apprendre à lire, à écrire et à s'exprimer correctement, l'accent est mis sur l'apprentissage fondamental du calcul, les mathématiques ont priorité avec une moyenne de cinq heures hebdomadaires. Pour ces deux disciplines majeures, langue et calcul, des progressions annuelles détaillées sont proposées. En langue, on trouve un enseignement explicite de la grammaire, du vocabulaire et de l'orthographe, durant tout le cursus scolaire. Pour faciliter le sens de la communication et de l'écriture, la récitation et la rédaction restent incontournables.
La lecture est pratiquée pour développer l'esprit critique et la confrontation des idées. La méthode moderne vise l'apprentissage du dialogue. Elle évite de s'enfermer dans une seule méthode de lecture et laisse ouverte cette dimension pour respecter le goût des élèves. Mais la précision des objectifs indiqués dans les progressions conduit nécessairement les enseignants à utiliser les méthodes qui ont fait leurs preuves. Notamment celle qui propose de résumer une partie ou tout le livre. Discerner entre les idées principales, les mots-clefs et le reste de l'écriture, est essentiel. Pour pouvoir identifier, les élèves de l'école élémentaire, doivent commencer à comprendre la manière dont fonctionne le code alphabétique, mémoriser les relations entre graphèmes et phonèmes et apprendre à les utiliser. A la fin du cycle des apprentissages fondamentaux, les élèves doivent savoir utiliser de manière privilégiée le vocabulaire acquis. Cela suppose que les élèves aient mémorisé la forme orthographique de très nombreux mots, d'où l'importance de la dictée. Dès la première année scolaire, les élèves des pays développés apprennent à déchiffrer et écrire seuls des mots déjà connus. Cet entraînement conduit progressivement l'élève à lire d'une manière plus aisée et plus rapide, déchiffrage, identification de la signification et partant, d'acquérir l'esprit critique de manière logique.
La conjugaison est fondamentale pour écrire sans faute d'orthographe. A partir de l'observation des variations morphologiques et racines du verbe, repérage, explicitation, puis mémorisation des règles d'engendrement des formes les plus fréquentes; construction progressive des tableaux de conjugaison puis mémorisation de la conjugaison des verbes les plus fréquents aux temps et modes, passé présent, l'élève maitrisera aussi la notion de temps, capitale pour une vision rationnelle du monde. La jeunesse algérienne qui a une certaine maturité de la vie, de par les épreuves vécues par la société depuis des siècles, peut atteindre l'excellence si les méthodes modernes sont appliquées. Aujourd'hui, le moteur du savoir se fonde sur les mathématiques. Les programmes, principalement en Europe, au Japon et aux USA, sont organisés autour des 4 grands domaines reconnus internationalement, comme au sein de l'Unesco: comprendre et utiliser les Nombres et le calcul, la géométrie, les grandeurs et mesures, et enfin l'organisation et la gestion de données, c'est-à-dire l'utilisation de tableaux, de graphes. Sans ces connaissances et pratiques de base, il est impossible d'acquérir la techno-science, le savoir moderne, d'approfondir la recherche et de maîtriser l'économie de marché. L'apprentissage des techniques opératoires est renforcé dès l'école primaire: on commence l'apprentissage de la multiplication et de la division posée avant la fin de la deuxième année fondamentale et certains pays vont jusqu'à la multiplication de deux nombres décimaux et la division décimale. Le recours au calcul mental, un temps délaissé revient en force, y compris par la maîtrise de la règle de trois. La construction des figures géométriques de base est visée. La géométrie est considérée comme la reine des sciences et techniques.
Mémoire et créativité
Par le passé, les techniques opératoires de l'addition et de la soustraction devaient être acquises à la fin du cycle primaire, après quatre années. Aujourd'hui, dans les pays à la pointe de l'enseignement moderne, les élèves mémorisent et utilisent, dès l'âge de sept ans, les tables d'addition et de multiplication, ils apprennent les techniques opératoires de calcul et apprennent à résoudre des problèmes faisant intervenir ces opérations. Les problèmes de groupement et de partage permettent une première approche de la division. L'entraînement quotidien au calcul mental permet une connaissance plus approfondie des nombres et une familiarisation avec leurs propriétés. A la fin du cycle primaire, les élèves acquièrent le sens des nombres et des opérations à travers la résolution de quelques grandes catégories de problèmes. L'élaboration des connaissances se réalise au travers de la résolution de problèmes. De plus en plus, on va des connaissances à la résolution des problèmes.
Dès l'âge de six ans, les automatismes en calcul sont créés, en particulier la première maîtrise des opérations qui est nécessaire pour la résolution des problèmes simples. Puis la résolution de problèmes permet d'approfondir et de mobiliser ses connaissances.
Pour les autres disciplines (sciences, histoire-géographie, éducation civique), l'horaire est resserré. Une initiation à l'histoire des arts est aussi introduite dès le cours préparatoire. Elle bénéficie d'un programme précis en lien avec l'étude des périodes chronologiques du programme d'histoire. L'apprentissage au beau est essentiel pour la créativité, la civilité et l'épanouissement des enfants et de la jeunesse. Le programme de géographie généralement centré sur l'espace de chaque nation, est organisé selon trois entrées: le monde, la région et le pays. Les sujets étudiés se situent en premier lieu à l'échelle locale et nationale; ils visent à identifier et connaître le sol et la terre, les principales caractéristiques de la géographie du pays dans un cadre régional et mondial.
En histoire, les élèves doivent apprendre à mémoriser des repères chronologiques qui participent à la formation de l'identité nationale: événements majeurs, grandes dates et personnages de l'histoire du pays. Les élèves prennent conscience de l'évolution des héritages et modes de vie de leurs ancêtres. Le programme accorde une place particulière aux grands événements de l'histoire du pays. Il n'y a pas d'avenir sans mémoire collective. L'école de demain passe par ces chemins, cette souplesse et des bases universelles. En plus des leçons classiques, l'éducation à l'environnement et au développement durable est un des nouveaux thèmes des programmes. Par exemple, quand ils traitent de l'énergie, ils abordent la question des besoins en énergie, consommation et économie d'énergie. Quand ils traitent de la diversité du vivant, ils traitent de la notion de biodiversité. L'éducation au développement durable se fait également en liaison avec le programme de géographie.
L'enseignement du fait religieux n'est pas pratiqué dans tous les pays modernes, encore moins dans son aspect cultuel. La situation est hétérogène. La sécularisation a abouti à la marginalisation de cette dimension, et une forme de perte du sens. L'enseignement de la religion, comme foi et culture, reste indépassable dans le monde musulman. Cependant, le contenu de l'éducation religieuse est déterminant. Les messages et les valeurs enseignés doivent correspondre à une compréhension ouverte, raisonnable et mesurée de la spiritualité, comme bien commun, et non réduite à un formalisme étroit. Les programmes d'instruction civique et morale, de leur côté, incluent en général un enseignement de la morale, la connaissance des symboles de l'Etat et des symboles-clefs de la société. Les programmes comprennent aussi l'étude des règles élémentaires d'organisation de la vie publique et de la démocratie, la connaissance des traits constitutifs de la nation et celle de ses valeurs culturelles et civilisationnelles. Il prévoit la découverte des principes de la morale et de l'importance de la règle de droit dans l'organisation des relations sociales, au travers de principes modernes comme: «La liberté de l'un s'arrête où commence celle d'autrui», ou juridiques «nul n'est censé ignorer la loi», «on ne peut être juge et partie». C'est la formation du patriotisme, de la citoyenneté et de la sociabilité. Autonomie de l'individu et lien social pour s'adapter sans cesse à la diversité et à la vie collective sont le but de toujours. L'école dans le monde arabe est en retard. Il est temps, sans imitation aveugle, qu'on tire les leçons des expériences pédagogiques des autres pays pour forger l'école de demain, libérer la société, s'arrimer au progrès universel, en cherchant à retrouver le sens de la communauté médiane, car «science sans conscience n'est que ruine de l'âme».
(*) Professeur des Universités.
www.mustapha-cherif.net


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