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Les puissants de ce monde et l'Orient
LA NOUVELLE CARTE GEOPOLITIQUE
Publié dans L'Expression le 09 - 04 - 2009

Selon certains d'entre eux, la théorie du choc des civilisations va se vérifier en ce XXIe siècle
Réunions dynamiques de l'OTAN, de l'UE et des USA, paralysie de la Ligue des Etats arabes et de l'OCI, mutisme des Chinois et des Russes, les relations internationales reflètent les changements en cours, les déséquilibres et l'état préoccupant du monde. Alors que peu d'universités et de centres de recherche arabes analysent les perspectives d'avenir, des politiques et experts occidentaux s'interrogent sur l'avenir du monde occidental. Ils se situent à sens unique, sous l'angle de la volonté de perpétuer la logique de la conquête, de l'hégémonie et de la confrontation. Parmi les objectifs, prétextant les tragiques dérives de groupes manipulés et produits par les contradictions de ce même Occident hégémonique, certaines puissances visent les richesses de l'Orient, refusent le droit à la différence des musulmans et cherchent à «recoloniser» le monde musulman sous de nouvelles formes, ne tirant aucune leçon du passé. Selon certains d'entre eux, la théorie du choc des civilisations va se vérifier en ce XXIe siècle. Paradoxalement, alors qu'ils sont hyper puissants, ils considèrent que l'Occident serait menacé, économiquement, démographiquement et stratégiquement.
Un nouvel empire?
Comment, disent-ils, répondre à la montée en puissance des autres pôles de pouvoir et à l'expansion de l'Islam? Ils se demandent si le déclin du monde occidental est inéluctable. Quelle définition peut-on donner du monde occidental dominant et de l'Orient dominé? Les valeurs que l'Occident proclame sont-elles occidentales ou universelles et les applique-t-il de façon universelle, notamment en Orient? Actuellement, après l'arrivée, d'Obama comme nouveau président de la superpuissance, attaché à la diplomatie, assiste-t-on à un rééquilibrage positif, à un passage de l'unilatéralisme au multilatéralisme, et à une redistribution des cartes géopolitiques, avec des conséquences bénéfiques pour tous, ou au contraire, ce qui sera dramatique, à un nouvel empire qui change la forme sans toucher au fond? A cause de la crise économique et des impasses de toute nature, est-ce le début de la fin d'une domination occidentale qui se transformera en une défaite de la politique d'un centre arrogant, voire une remise en cause de son mode de vie prédateur, ou seulement un redéploiement du monde dominant pour tenter de rendre irréversible le rapport de force déséquilibré? Comment débattre avec nos partenaires occidentaux, se défendre sans paraître agressif, en recherchant la paix, le vivre-ensemble et la cohabitation?
En Turquie ce 6 avril, Obama a affirmé: «Les Etats-Unis ne sont pas et ne seront jamais en guerre avec l'Islam. Notre partenariat avec le monde islamique est essentiel pour faire reculer une idéologie marginale que rejettent les gens, quelle que soit leur foi. La relation de l'Amérique avec le monde islamique ne peut pas et ne sera pas fondée sur une opposition à l'extrémisme», a-t-il ajouté. «Nous recherchons un engagement plus large, qui se fonde sur des intérêts et un respect mutuel. Nous exprimons notre appréciation profonde de la foi musulmane qui a tant fait au long des siècles pour améliorer le monde, y compris mon propre pays». Obama a déclaré que les Etats-Unis tiennent au principe de deux Etats, palestinien et israélien, mais aucune décision décisive ne pointe à l'horizon. En outre, il soutient l'adhésion de la à Turquie à l'Union européenne sans exercer de réels moyens de pression. Par contre, Nicolas Sarkozy et d'autres Européens refusent cette adhésion. Rien n'est donné d'avance. C'est un nouveau monde en train de se mettre en place, les musulmans doivent sortir de la léthargie et assumer leurs responsabilités pour se reformer, défendre leurs intérêts et contribuer à la paix équitable en Méditerranée.
Le sommet du 60e anniversaire de l'Otan, a été marqué par la désignation provocante du Premier ministre danois en exercice, tristement célèbre pour sa position ambiguë et négative lors de l'affaire des caricatures du Prophète, Anders Fogh Rasmussen au poste de secrétaire général. Sur le plan des mesures à caractère politique et sécuritaire, les Occidentaux ont mis principalement l'accent sur le seul Afghanistan. Ils affirment à l'unisson: «Notre sécurité est étroitement liée à la sécurité et à la stabilité de l'Afghanistan...» La question de la colonisation israélienne en Palestine a été totalement ignorée.
Sur le plan des rapports avec la Russie, l'ancien rival, les membres de l'Otan précisent: «Nous sommes vivement préoccupés par le fait que, depuis le 12 décembre 2007, la Russie maintient la suspension unilatérale des obligations juridiques qui sont les siennes sur la limitation des forces conventionnelles en Europe. Les actions menées par la Russie en Géorgie, ont remis en question l'attachement de la Russie aux principes de l'Osce sur lesquels reposent la stabilité et la sécurité en Europe...L'Otan et la Russie ont des intérêts communs en matière de sécurité, tels que la stabilisation de l'Afghanistan, le contrôle des armements, le désarmement et la non-prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs, la gestion des crises, ainsi que la lutte contre le terrorisme, la drogue et la piraterie.» Le nouveau monde risque de se faire sans les pays du Sud. La nouvelle carte géopolitique du monde est en train de se faire sans tenir compte des aspirations des peuples.
En rive sud, en Orient, parfois des politiques et intellectuels recherchent les arguments pour défendre leur cause et leur culture, notamment les attaques proférées contre l'Islam et les musulmans. Des programmes d'information inefficients et des plans de sensibilisation pathétiques et incohérents sont mis en place par la Ligue arabe et l'OCI. Rien de conséquent ne pourra se faire sans une démocratisation de ces pays, et la priorité donnée au savoir, car la crédibilité est à ce niveau. Tous les séminaires et colloques pour démontrer que l'Islam est une religion tolérante, ce qui devrait aller de soi, sont voués à l'échec. Les conférences internationales au sujet du dialogue des civilisations sont aussi de la poudre aux yeux, qui visent les musulmans comme fauteurs de troubles dans le monde et n'abordent pas les problèmes de fond. Les problèmes réels sont politiques, économiques et culturels et non théologiques, même s'il est urgent d'apprendre à tous à lire et comprendre nos références spirituelles de manière ouverte, mesurée et raisonnable. Les injustices, l'ignorance et les instrumentalisations affaiblissent gravement nos sociétés. On doit apprendre à communiquer en direction de l'opinion internationale.
Dans le danger il y a aussi le salut. Face aux nouvelles formes de menace, la solution réside dans l'ouverture politique, le dialogue interne et externe, l'éducation, l'élargissement des bases sociales, le pluralisme effectif, en somme l'Etat de droit civilisé. L'invention d'un nouvel ennemi par les islamophobes occidentaux, toutes les incompréhensions envers l'Islam et les archaïsmes des systèmes politiques arabes s'écrouleront le jour où de l'intérieur on comptera sur nos propres forces, en mettant la raison, la justice et nos valeurs spécifiques au centre de nos pratiques. L'Occident comprendra qu‘il n'y a pas d'alternative à la démocratisation des relations internationales, que ses préjugés et son soutien aveugle à l'Entité sioniste sont contraires à ses intérêts, alors qu'aujourd'hui il s'imagine qu'Israël défend ses intérêts et qu'il est une partie intégrante de l'Occident et que seuls des régimes arabes corrompus et faibles seront pro-occidentaux. Il est impérieux d'expliquer à tous les peuples et citoyens du monde que séparer la lutte contre la politique coloniale d'Israël et le sionisme de la lutte pour plus de justice c'est tomber dans une erreur fatale.
Dans ce contexte, il est temps de sortir des actions de propagande. Un projet étrange vient d'être mis en place récemment en Europe dénommé «Aladin» qui a pour but de faire reculer le soi-disant sentiment antisémite et négationniste dans le monde musulman. Nul musulman sensé ne peut être antisémite et contester l'innommable commis durant la Seconde Guerre mondiale. C'est une insulte à l'histoire de nos pays que de le prétendre. Durant quinze siècles, les pays musulmans, malgré des divergences et des moments aléatoires, ont longtemps accueilli et vécu dans le respect des juifs, qui étaient discriminés et réprimés en Occident. Comment peut-on s'attaquer sans cesse à des effets sans tarir la cause, la source, l'origine des problèmes de notre temps? La féroce colonisation israélienne depuis plus de 60 ans, notamment depuis 1967 à ce jour, bafoue le droit international et tous les principes de la communauté internationale. Si le sentiment de révolte et de critique acerbe des Israéliens de la part des populations arabes s'est accentué ces dernières décennies, c'est une question politique. L'immense majorité des musulmans ne confond pas entre l'inadmissible antisémitisme et le devoir de s'opposer à la politique sioniste. Vouloir s'orienter vers le rapprochement entre les peuples et l'action, avec un accent particulier sur la réalisation de projets concrets communs et la recherche de résultats pratiques, peut voir le jour avec un ensemble de projets euro-méditerranéens visant à restaurer la confiance et à reconstruire des liens entre les deux rives, surtout au lendemain de la guerre imposée à Ghaza. Reste à mettre fin au blocus des Palestiniens qui continuent à subir l'apartheid. Il faut aussi juger les criminels de guerre.
La publication en Israël de témoignages de soldats qui ont participé aux tueries dans le territoire palestinien est une preuve. L'un des témoignages de soldats évoquait le cas d'une mère palestinienne tuée avec ses deux enfants par un tireur d'élite israélien. D'autres témoignages faisaient également état de centaines de crimes, d'actes de vandalisme et de destructions dans des maisons. Durant l'agression, des témoignages authentiques émanant de populations palestiniennes, d'acteurs humanitaires et de journalistes avaient fait état d'usage de produits prohibés, d'actes graves et inhumains contraires aux conventions sur la guerre. La guerre immonde de la soldatesque israélienne dans la bande de Ghaza (27 décembre-18 janvier) a fait plus de 1300 morts et 5000 blessés palestiniens, la majorité des femmes et des enfants. Elle a été lancée par Israël pour tenter de liquider la résistance palestinienne, essayer de redorer le blason terni de l'armée israélienne et de torpiller toute idée d'un Etat palestinien. La plupart des pays occidentaux ont approuvé l'agression, ou, à tout le moins, considéré qu'Israël se «défend» et, comble de l'injustice, ont condamné la résistance palestinienne.
Intérêts communs
L'adoption par les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne le 9 décembre 2008, vingt jours avant la guerre, d'un texte permettant de «rehausser» les relations entre Israël et l'UE, avait encouragé cette politique inique et montré la collusion entre des puissances occidentales et le régime sioniste.
Cette alliance repose sur le fait que les islamophobes et l'entité sioniste ont les mêmes intérêts à préserver l'hégémonie occidentale au Machrek. Le nouveau ministre israélien des Affaires étrangères, un raciste d'extrême droite, spécifie déjà que le gouvernement sioniste n'est pas lié par les accords de paix et l'accord d'Annapolis de 2007: «Ni le cabinet ni la Knesset, précise-t-il, ne l'ont jamais ratifié.» Pourquoi des puissants de ce monde laissent faire ce délire et visent l'Orient? Ils semblent ne pas pouvoir vivre sans bellicisme et l'invention perpétuelle d'un ennemi. Par notre résistance pacifique, réfléchie, le dialogue et la démocratisation de nos sociétés on peut faire reculer la folle logique du choc. L'Algérie de par ses potentialités, ses acquis et sa riche histoire contribue à ce noble objectif du dialogue des civilisations pour lequel elle est engagée.
(*) Professeur en relations internationales
www.mustapha-cherif.net


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