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La cité des Dieux vit l'enfer
TIPASA
Publié dans L'Expression le 01 - 07 - 2002

La ville de Tipasa est gardée par l'imposant mont du Chenoua qui abrite des saints salvateurs.
En venant d'Alger par le littoral, aussitôt qu'on se retrouve au niveau du Parc des loisirs situé à droite, le visiteur aperçoit, blottie dans une baie, la ville de Tipasa, gardée par l'imposante montagne du Chenoua, abritant des saints salvateurs. Elle est flanquée de deux complexes touristiques à l'Est, l'ensemble constitué par la Corne d'Or et la Corne d'Argent, et à l'Ouest, le centre touristique de Matarès ressemble à un énorme Titanic échoué sur la grève. Avec la houle, le promontoire supportant le phare semble flotter avec la régularité d'un balancier de pendule.
Dans la période des royaumes maurétaniens, au premier siècle avant J.-C., Tipasa fut un centre de transit et de commerce très intense. Aujourd'hui, toute la ville moderne d'environ 25.000 habitants, est implantée sur la ville antique. Ainsi, deux cités ne cessent d'échanger leur histoire et leur destin communs sans jamais se comprendre. En toute impunité, le béton et le fer consomment les terres agricoles et les ruines romaines. C'est le sort de toute une ville promue au rang de wilaya. Un visiteur respectueux de l'environnement s'indigne devant toutes les déprédations. L'afflux massif de touristes nationaux, en cette saison d'été, vise plus la satisfaction d'une boulimie refoulée que l'acquisition d'une culture par ressourcement dans la cité antique. Le patrimoine archéologique, inestimable aux yeux des touristes occidentaux, se trouve aujourd'hui dans un état lamentable, voire obsolète. La cité des Dieux est aujourd'hui objet de profanation. L'homme justifie-t-il sa raison d'être seulement par l'instinct biologique et l'agressivité? Pis encore, certains monuments font office d'urinoirs et de toilettes publiques. Certains ivrognes, après avoir vidé leurs bouteilles, les brisent sur des pierres millénaires. Tipasa fut et demeure la cité des Dieux. Cette communauté qui mène une existence parallèle à la nôtre, reste insaisissable à l'étroitesse de notre esprit. Chaque pierre antique et chaque mètre carré de terre s'expriment dans un langage du silence que notre supposée intelligence ne peut décoder. Notre égoïsme et notre ethnocentrisme occultant, niant l'autre et son langage. Cette négation de l'Autre, inscrit pourtant présent dans l'Histoire, génère pour nous seulement l'illusion d'être. Les monuments et les pierres millénaires ne regorgent pas seulement de beauté originelle, mais aussi de richesses d'Histoire. Ils suintent aussi de sueurs d'esclaves. Il faut être atteint de surdité pour ne pas entendre, au cours de la promenade, les bruits des chars et les hans des esclaves, en activité sous les coups de fouet qui déchirent la chair. Il faut être atteint de cécité pour ne pas voir tous ces monuments, ces preuves incontestées de la puissance romaine. On y vit des moments de quiétude et l'on s'adonne à la méditation.
Néanmoins, l'omniprésence de la consommation effrénée a occulté puis chassé toutes les richesses de la ville. Dans cette communauté silencieuse, tout visiteur est un invité d'honneur. On a détourné Tipasa de son authentique chemin octroyé par la géographie et l'histoire. Elle n'est pas autre chose qu'une aire de chants, de danses et surtout de décibels rythmant la consommation et indisposant les esprits en circulation, attelés inlassablement à une diversité d'activités.
La visite des villes à vestiges doit équivaloir à un pèlerinage, à l'imprégnation d'une autre philosophie de l'existence et à la prise de conscience de notre petitesse.
Le comportement actuel des visiteurs afflige les dieux romains. Le touriste digne de ce nom se ressource dans l'histoire de la ville, effectue une plongée dans les profondeurs de cette communauté silencieuse pour émerger, régénérer, tout étincelante de richesses. Tout le plaisir du tourisme est là. Le visiteur doit transcender la définition simpliste: Tipasa est ville de passage et des libertés permises.
Albert Camus a laissé ceci à la postérité, sculpté sur une pierre cubique: «Je comprends ici ce qu'on appelle gloire, le droit d'Aimer sans mesure». Très peu de visiteurs ont appréhendé l'ampleur et la splendeur de cette notion d'Amour, ce panthéisme propre à l'auteur de Noces à Tipasa et Printemps à Djamila. Où est le touriste d'antan, curieux, accordant une importance capitale au moindre objet antique et interrogeant avec insistance le mutisme des pierres pour en extraire certains secrets de l'Histoire? Où sont les vagues d'élèves venus en excursions organisées, très attentifs à la civilisation de l'Empire de Rome, expliquée par des guides exaltés et très volubiles. Rien de tout cela aujourd'hui. Autant substituer une brasserie au musée et vendre les parcs archéologiques aux enchères. Les espaces de consommation ont conquis beaucoup de terrains. Tipasa, désarçonnée par le vertige du changement, dispose de toutes les infrastructures du tourisme destructeur. Nos facultés olfactives ne saisissent autre chose que les odeurs de fritures et l'arôme du café. Si les Phéniciens et les Romains vivaient encore, ils défendraient leur cité contre les Vandales insatiables des temps modernes. La vie positive ne peut être que multiforme et ancrée sur le respect d'autrui et la compréhension des civilisations de nos prédécesseurs. Enfin, des voix s'élèvent. L'Association des amis du mont Chenoua, présidée par M.Omar Nefsi, se préoccupe essentiellement de la protection du site archéologique et du milieu naturel contre toutes les nuisances consécutives à la boulimie humaine.
Elle vise également à faire connaître toutes les spécificités locales comme la faune, la flore et la culture. Cette association a maintes fois tiré la sonnette d'alarme auprès des autorités sur les constructions qui envahissent les terres agricoles et les dépotoirs qui enlaidissent la ville.
Elle s'efforce aussi de développer le civisme chez les citoyens et de sensibiliser les écoliers à l'importance de l'environnement.
Le ministère de la Culture et de la Communication a, quelque peu, failli à son rôle de protecteur du patrimoine archéologique. Ledit ministère ne doit pas se satisfaire que de l'organisation de soirées artistiques, théâtrales et d'expositions de peinture. Il est important qu'il fasse connaître Tipasa l'Antique aux étrangers et qu'il initie des conférences d'éminents historiens et archéologues durant les saisons estivales par la vente de cartes postales de monuments accompagnée d'aperçus historiques. Autant d'activités louables qui réorientent le visiteur sur la vocation essentielle de Tipasa...


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