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Quand fête ne rime plus avec joie
CES OCCASIONS NE SONT PLUS CE QU'ELLES ETAIENT
Publié dans L'Expression le 28 - 07 - 2009

Théoriquement, la fête est une occasion de vivre des moments de joie inoubliables. Dans la réalité, les gens ne trouvent aucun plaisir ni avant, ni pendant, ni après la cérémonie.
Toutes les villes et tous les villages sont plongées, cet été, dans l'ambiance des fêtes de mariage et de circoncision. Les sonorités et les décibels remplissent les oreilles et enflamment les esprits.
La cadence monte à mesure que le jour fatidique approche. Le stress devient de plus en plus visible et apparent sur les visages. Les préparatifs s'accélèrent. Les youyous ont déjà annoncé la couleur depuis une semaine.
La maison festive s'anime et s'agite. Le jour de la fête, les membres de la famille qui organisent la fête se démènent, se débattent et courent dans tous les sens. Il ne faut surtout pas laisser des mécontents parmi les invités. Il faut faire bonne impression. Il faut toujours faire mieux que les autres. Mais en fait a-t-on été heureux et gardé de bons souvenirs de la fête?
Quand théoriquement la fête est une occasion de vivre des moments de joie inoubliables, il s'avère que chez nous, les gens ne trouvent aucun plaisir ni avant, ni pendant, ni après la cérémonie. Bien au contraire, souvent on finit dans un lit d'hôpital pour un excès de stress, de colère ou de fatigue. Observons de près comment se prépare et se déroule une fête de mariage ou de circoncision. Beaucoup de choses empêchent la joie d'être au rendez-vous. Voyons comment.
Une occasion pour les réconciliations
A quelques jours de la journée fatidique, tous les membres de la famille s'agitent dans tous les sens pour aplanir des conflits familiaux. «Tu vois, ici, pour faire la fête, il faut inviter des gens à qui tu ne parles même pas», affirme Moh Saïd, qui prépare son mariage. «Des gens que tu n'aimes pas et qui ne t'aiment pas vont venir assister à ta fête. Tu sais pertinemment qu'ils ne t'aiment même pas. Ils ont une folle envie de te trancher la gorge», poursuit-il. Sur un autre plan, ce genre d'occasions en Kabylie se prépare non pas pour réussir une fête mais, surtout pour montrer ses capacités «financières». «Je ne vois vraiment pas pourquoi, je dois inviter tout le monde à ma fête. Ceux qui ne partagent rien avec moi ni le bien ni le mal se retrouvent chez moi, pourquoi faire?», s'insurge Hamid qui sent encore la fatigue, deux semaines après son mariage. Amar qui prévoit de faire la fête après le mois de Ramadhan commence déjà à montrer des signes de désenchantement. «Mon père m'impose d'inviter des gens avec lesquels nous sommes en litige devant la justice», affirme-t-il. «Il veut qu'ils assistent à mon mariage pour la simple raison que nous avons des liens de parenté», conclut-il, dégoûté. «Et, tu sais quoi, les gens même s'ils savent qu'ils ne viendront pas, ils ne te le diront jamais, ils te laisseront gaspiller de la nourriture», continue-t-il.
En effet, les listes d'invités, pour une fête de mariage, sont interminables. Pour garantir un repas copieux, le budget se chiffre inévitablement à des dizaines de millions de centimes.
D'ou vient le disc-jockey?
Aujourd'hui, les fêtes ne sont plus célébrées avec les tambourins et les mélodies anciennes des vieilles femmes. Le disc-jockey s'impose dans toutes les occasions festives. Pis encore, cette machine émet des décibels tellement agressifs que des villages à des dizaines de kilomètres de la fête sont dérangés. Un tapage nocturne qui dure toute la nuit. «Le D.J. vient des discothèques et nous le faisons entrer dans nos maisons, c'est une aberration», nous dit un homme à la quarantaine, tellement en colère qu'il refuse de poursuivre la conversation. «Je ne suis pas contre la mixité dans nos fêtes, mais, excusez-moi, le DJ, ça me rappelle le cabaret», se lamente Saïd.
En effet, cela fait maintenant presque une dizaine d'années que l'utilisation du disc-jockey s'est généralisée. Cette machine n'arrête cependant pas d'alimenter la controverse. Une partie, essentiellement les femmes, se battent pour en faire un instrument inéluctable, une autre, généralement composée d'hommes ne cesse de décrier cette intrusion.
«Pourquoi, empêcher des gens de dormir à des kilomètres alors qu'on peut mettre de la musique juste chez soi?» s'interroge un autre jeune qui ne voulait pas assister à ce qu'il qualifie d'orgie. «Moi, je ne laisserai jamais ma femme mes soeurs, et ma mère assister à ce genre de pratiques», vocifère-t-il.
La majorité des témoignages que nous avons recueillis convergent, en fait, vers un constat éloquent. Aujourd'hui, les fêtes ne sont plus une occasion pour des retrouvailles et des discussions. «Maintenant, lorsqu'on t'invite tu manges rapidement et tu rejoins la piste ou tu rentres chez toi», nous dit Ramdane, un quadragénaire. Pour comparer avec l'ambiance d'antan, nous avons interrogé un vieil homme qui approche les quatre-vingt-dix ans. «Avant, les fêtes étaient organisées et rythmées selon le besoin.
Les tambourins arrivaient à la mi-journée, ils faisaient une "rahba" d'une demi-heure, ensuite ils disparaissent laissant les gens discuter. Vers le coucher du soleil, ils réapparaissaient pour une autre prestation d'une demi-heure et s'en allaient. Ce n'est que vers dix heures qu'ils revenaient pour animer la scène sans déranger le lointain voisinage.
La fête était une occasion pour rencontrer des connaissances, discuter. Tout le monde était heureux», raconte-t-il. «De notre temps, nous donnions ce que nous pouvions en argent à celui qui nous invitait. Cela lui permettait d'amortir quelque peu ses dépenses. Aujourd'hui, vous voyez bien, la maison du marié est remplie d'objets obsolètes ramenés comme cadeaux.
Les temps ont changé et les moeurs aussi», conclut-il avec une certaine amertume dans la voix.
Ces deux dernières années, un autre phénomène vient ajouter de la dépravation aux fêtes dans les villages.
Des voix de plus en plus nombreuses commencent à décrier les méthodes de célébration qui défigurent complètement notre personnalité et notre identité.
C'est une fête ou un enterrement?
Aujourd'hui, beaucoup de gens fêtent leurs mariages même s'ils coïncident avec un décès chez le voisin. «Je n'aurais jamais cru qu'un Kabyle puisse faire la fête alors que son voisin n'a pas encore enterré son mort», déplore un vieil homme, le visage défait par la colère.
Le respect du deuil a toujours été un principe sacré dans nos moeurs.
La solidarité a de tout temps été un point fort de notre existence. Ces déviations engendrées certainement par un manque de repères resteront marginales et finiront par être effacées inévitablement un jour.
Ainsi, cette dualité qui persiste encore séparant ceux qui s'acharnent à importer des modes nouveaux de célébration et ceux qui s'agrippent encore aux modes anciens finira par imposer un juste milieu salvateur. Si, aujourd'hui, les gens s'empressent de faire la fête pour toutes les occasions comme les mariages, les circoncisions, les anniversaires, les réussites au Bac et autres examens, c'est qu'il existe un profond désir de vivre des moments de joie.
C'est déjà un signe de vitalité. Quant aux modes et manières de célébrer cela, il convient de séparer le bon grain de l'ivraie. Et pour cela, les intellectuels et tous ceux qui peuvent nous en dire plus sur ce sujet sont invités à y apporter du leur. Et que la fête continue!


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