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Entre vouloir et pouvoir
ARRÊTER DE FUMER
Publié dans L'Expression le 05 - 08 - 2009

Il n'existe sans doute pas un seul fumeur sur la planète qui ne voudrait pas cesser de fumer.
Le problème ne réside pas dans la volonté, mais plutôt dans le pouvoir de le faire. De toutes les personnes que nous avons sondées, aucune n'a dit vouloir continuer de fumer. Aucune. Même si parmi elles, il s'en est trouvé qui ont répondu qu'elles n'ont jamais pensé à mettre fin à cette habitude.
Aussi, il n'existe pas un consommateur de tabac qui ignore les effets désastreux de la cigarette. Même les personnes ayant un niveau d'instruction faible, sont au fait de toutes les maladies que peut entraîner la consommation de tabac. D'ailleurs, il n'est nul besoin d'aller s'enquérir auprès du médecin des méfaits de la cigarette ni de surfer sur Internet pour les connaître. Pour cela, il suffit d'effectuer une introspection sur son propre corps et son moral pour s'en rendre compte. Ils sont rares les fumeurs qui se réveillent en forme le matin pour aller affronter joyeusement une belle journée de travail. Ils sont aussi peu ceux parmi eux qui ne sont pas pris de la fameuse crise de toux matinale et inévitable, la fatigue permanente, le fait de trop s'essouffler en marchant, qui n'éprouvent pas des difficultés à monter des escaliers. La liste est encore longue. Cela, sans parler des influences négatives sur le fonctionnement intellectuel. «Ce n'est qu'une fois qu'on a réussi à arrêter que nous découvrons dans quelle prison nous étions», révèle Kamel, 38 ans, licencié en lettres françaises, qui fume un paquet de cigarettes au moins par jour.
La sensation de satisfaction que procure la cigarette est une illusion, explique un médecin, établi à Tizi Ouzou. On a l'impression, par exemple, que fumer une cigarette peut servir à calmer les nerfs. Or, de l'avis de notre interlocuteur, c'est l'inverse qui se produit. La tension nerveuse ne fait que montrer et on est obligé d'en prendre une autre et ainsi de suite. C'est un véritable cercle vicieux. On ne s'en sort plus. C'est pourquoi le fumeur finit généralement par devenir dépendant de la cigarette 24 heures sur 24. On dit d'ailleurs que la meilleure façon d'éviter la cigarette c'est de ne jamais commencer dans sa vie à fumer. Une fois qu'on a le pied à l'étrier, il est difficile de s'en départir. Mais difficile n'est pas impossible.
D'ailleurs, ils sont de plus en plus nombreux à cesser de fumer. Ils réussissent cet exploit et découvrent une nouvelle vie pleine de gaieté, de liberté et de bonheur de jouir pleinement de sa santé physique et mentale. Youcef, qui est cadre, en connaît quelque chose. Il a arrêté de fumer depuis l'âge de trente ans. Il tuait deux paquets par jour. Quand il nous tend sa photo, lorsqu'il avait vignt-huit ans, nous avons du mal à admettre qu'il s'agit de la même personne. Il paraît plus vieux sur la photo. Alors que maintenant, il est âgé de cinquante-six ans, il a un look magnifique. Aucune ride ne se dessine sur son visage plein de rougeurs. Youcef est en pleine forme. C'est vrai qu'une fois ayant arrêté de fumer, il commençait à prendre du poids. Mais, il en était conscient. Un régime alimentaire lui a permis de réguler son poids. Le déclic, raconte-t-il, s'était produit un jour qu'il était dans un train. En face de lui, un homme toussotait sans interruption. Youcef était choqué par l'image misérable que lui renvoyait le visage maigrichon de son voisin de wagon: «J'avais un paquet de cigarettes dans ma poche. Je l'ai retiré, je l'ai froissé et l'ai jeté par la fenêtre. Depuis ce jour-là, je n'ai plus fumé», raconte fièrement Youcef. Des Youcef il y en a partout. Mais en parallèle, d'autres souffrent en silence car ils sont esclaves de ce concentré de 4000 produits toxiques.
La souffrance psychologique dans laquelle se débattent les fumeurs est immense, de l'avis des psy. Il ne faut pas oublier que le fumeur est répertorié dans le registre des toxicomanes. D'ailleurs, des scientifiques avancent même que la dépendance vis-à-vis de la nicotine est plus accrue qu'envers les drogues.
Sauf que les manifestations des effets de la cigarette prennent un peu plus de temps que celles de la drogue. «Il ne faut surtout pas insister en parlant à un fumeur des méfaits de la cigarette car il les connaît mieux que quiconque. Plus que ça, il les vit quotidiennement», explique le psychiatre Mostafa Bouzidi. Notre interlocuteur ajoute qu'il faut surtout faire attention à une chose importante: prendre garde à ce qu'une personne arrête de fumer mais qu'en même temps, elle remplace la cigarette par quelque chose de plus nocif. Ceci arrive souvent.
Notre interlocuteur raconte qu'une fois il essayait d'expliquer à quelqu'un qu'il se sentirait mieux s'il cessait de fumer. L'autre a répliqué: «Docteur, si j'arrêtais de fumer, je pourrais tuer quelqu'un.» C'est dire à quelle point le problème est plus compliqué qu'on ne le croit. Pour illustrer à quel point le problème des fumeurs est complexe, nous avons interrogé des personnes ayant eu de gros problèmes de santé. Ces dernières ont évidemment arrêté par la suite de fumer mais quelque temps plus tard, après un relatif rétablissement, elles ont repris. Le cas de Boualem Aguini est édifiant. Ce dernier a tout pour être heureux. A 43 ans, il est cadre à l'Algérienne des eaux. Il est marié et père de trois enfants. Il équilibre ses activités professionnelles en travaillant dans l'association culturelle «Aghvalou» de Tizi Ouzou. Rien n'empêche qu'il ne se sépare jamais de son paquet de cigarettes. Il fume depuis l'âge de 18 ans. Un paquet et demi quotidiennement. Il y a deux ans, une crise a failli l'emporter. Il est gravement malade. Quand il va se faire consulter par un pneumologue, ce dernier constate vite que son problème a un lien direct avec la cigarette et l'oriente vers un cardiologue.
Le docteur Idir Reddad qui découvre que le patient a eu un infarctus, s'étonne qu'il soit encore en vie. C'est un miracle, avait-il commenté. Boualem Aguini est tout content de ce qu'il a considéré comme un avertissement de Dieu pour qu'il arrête.
Pendant deux ans, il ne fume pas. Il fait du sport. Il redevient jeune. Il s'en est trouvé même des personnes qui l'ont envié car il devenait plus beau. Mais, un jour sans pouvoir expliquer pourquoi il renoue avec une première cigarette. Et, retour à la case départ! Il est toujours sous traitement. «Je prends mon traitement et je le fais suivre d'une à deux cigarettes», avoue-t-il, impuissant. Il ne cache pas qu'il a peur, trop peur même de mourir. Il pense tout le temps à sa famille. Il a d'autant plus peur car il a un voisin qui est atteint d'un cancer de la gorge à cause de la cigarette. Aujourd'hui, cet homme n'a plus de voix. Il s'exprime avec des gestes, explique Boualem. «Peut-être que cet article me servira d'encouragement et de source de volonté pour encore arrêter», conclut-il.
Amar B. a cinquante huit ans, retraité et père de cinq enfants. Quand il a commencé à avoir des problèmes graves de santé, il est allé consulter le docteur Salhi à Tizi Ouzou-ville. Le médecin a vite reconnu la source de son mal. Il lui suggère d'arrêter de fumer illico presto.
Il lui adjoint un traitement car les dégâts ont commencé. Amar B. a arrêté. L'amélioration a été prompte et visible. Il a changé de look vers le mieux. «J'ai commencé à me sentir bien. Je mangeais avec un grand appétit. C'était formidable», se rappelle-t-il. Mais trois mois plus tard, il reprend la cigarette. Quand il est reparti revoir son médecin, il l'a informé qu'il avait renoué, le toubib l'a convié gentiment à quitter la salle car il ne pouvait désormais lui être utile en quoi que ce soit.
Karim qui a trente-huit ans fume depuis dix-neuf ans. Il arrive à trouver mille et une justifications au fait qu'il fume et qu'il ne peut pas s'en passer. «Quand quelqu'un m'énerve, j'allume une cigarette et ça me calme.» Mais Karim est conscient, fort heureusement, qu'il s'agit d'une illusion. C'est «un système qui s'installe dans ton cerveau. En réalité en fumant, tu fuis la réalité», explique-t-il en utilisant la deuxième personne comme s'il s'adressait à son inconscient. Il avoue son impuissance: «Je ne me sens pas capable d'arrêter. J'ai essayé une fois pendant une année. Ceci a marché puis je ne sais pas ce qui s'est passé en moi et j'ai repris!». Il affirme que le projet d'arrêter existe chez lui depuis...qu'il a commencé à fumer.
Mais entre «vouloir» et «pouvoir», une longue distance semble exister. Notre interlocuteur dit envier les gens ayant réussi à rompre avec ce poison. Comme Karim, il sont des millions à vouloir recouvrer leur liberté. Mais arrêter de fumer, s'il n'est pas impossible, il est en revanche difficile. D'ailleurs, ceux qui réussiront dans ce domaine pourraient bien réussir dans d'autres plus importants.
Les changements positifs sont possibles dans la vie. On peut passer facilement d'un enfer à un paradis et Youcef (le fumeur qui a réussi à arrêter) est bien placé pour le savoir.


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