Le procès de l'ancien Premier ministre français dans l'affaire «Clearstream» est le prolongement judiciaire d'une haine féroce entre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy. Machinations, manipulations, confidences douteuses: le déballage des coups bas du monde politique français a commencé en France, avant le procès Clearstream, prolongement judiciaire d'une haine féroce entre Nicolas Sarkozy et l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin. Parmi les dernières révélations à faire les délices des commentateurs, un livre de l'ancien patron du ser-vice de police des Renseignements généraux (RG), Yves Bertrand, grand connaisseur de l'arrière-cour du pouvoir, dont le magazine Marianne a publié des extraits. Le livre d'Yves Bertrand couvre les années 1998 à 2003, lorsque l'ancien chef des RG consignait nombre d' «indiscrétions» et de rumeurs sur des affaires politico-financières récentes, la vie privée et publique du Tout-Paris et des hommes politiques. Dans ce jeu de révélations, Yves Bertrand est un allié de Dominique de Villepin et un adversaire du président Nicolas Sarkozy. «Le secret de Sarkozy: la manière dont il vous sert la soupe quand vous lui êtes utile. Quand vous ne le servez plus, il vous ´´tue´´», accuse l'ancien chef des RG, ce service aujourd'hui réformé et souvent assimilé à une sorte de police politique. Son livre, ce n'est pas un hasard, sort à moins de deux semaines de l'ouverture, le 21 septembre, du procès Clearstream, un feuilleton politico-judiciaire à rebondissements qui a fait trembler les sommets de l'Etat et dont Dominique de Villepin sera le prévenu vedette. Il est inculpé de «complicité de dénonciation calomnieuse, complicité d'usage de faux, recel de vol et recel d'abus de confiance». L'affaire, qui a éclaté en 2004, avait pour but de discréditer plusieurs personnalités censées avoir touché des pots-de-vin, via la société financière luxembourgeoise Clearstream, à l'occasion de la vente de frégates françaises à Taiwan en 1991. Nicolas Sarkozy soupçonne Dominique de Villepin d'avoir voulu le faire passer pour un des bénéficiaires des pots-de-vin avec la volonté de le déstabiliser dans la course à la présidentielle de 2007, et apparaître lui-même comme le candidat de la droite. Les deux hommes étaient rivaux, bien que membres du même gouvernement, lorsque Jacques Chirac était président. Nicolas Sarkozy, dont le nom a été ajouté sur un faux listing des prétendus bénéficiaires de ces largesses, versées chez Clearstream, a déposé plainte en 2006 après avoir appris l'information, selon lui, par la presse. Lors du procès, et ce sera une première, ses avocats siègeront au banc des parties civiles, de ceux qui s'estiment les victimes d'une affaire. Selon Yves Bertrand, appuyé par l'ancien ministre de l'Intérieur Charles Pasqua, Nicolas Sarkozy savait dès 2004 qu'une machination était montée contre lui. Il aurait laissé courir pour en tirer par la suite le meilleur bénéfice politique. Le climat tendu qui s'installe avant ce procès a poursuivi Nicolas Sarkozy jusqu'au Brésil, où il était en déplacement lundi. «J'ai toujours dit que je voulais savoir qui avait mis, et pourquoi, mon nom sur cette liste, voilà», a-t-il déclaré. «Il est grand temps que toutes ces combines sous la Ve République, une bonne fois pour toutes, on en soit débarrassé», a-t-il ajouté. Nicolas Sarkozy est servi par des révélations d'un informaticien franco-libanais, Imad Lahoud, ancien employé du groupe Eads. Ce génie de l'informatique vient de reconnaître, après avoir longtemps tergiversé, avoir confectionné les faux-listings, en ajoutant que «la cabale contre Nicolas Sarkozy était montée sous la connaissance de Dominique de Villepin». Ce dernier, quant à lui, crie à l'ingérence du pouvoir dans la justice. S'il sort blanchi de cette affaire, il compte toujours pouvoir «offrir une alternative» à la politique de Nicolas Sarkozy, dit-il.