Au coup de sifflet final, les Constantinois, petits et grands, hommes et femmes, ont, en un laps de temps, investi les rues. L'explosion de joie était indescriptible. Des youyous retentissaient en même temps de toutes les maisons de la ville des Ponts. On vivait un moment extraordinaire, historique, faut-il le répéter. Des cortèges aux couleurs nationales, à perte de vue, sillonnaient les routes. Des jeunes et moins, jeunes drapeaux en main couraient dans tous les sens en lançant des slogans glorifiant la sélection nationale, à sa tête Rabah Saâdane. Au même moment et sur les grandes surfaces des D.j installent leurs matériels et laissent libre cours aux chansons. Comment ne pas fêter cette victoire? Une victoire méritée, notamment après les terribles événements du Caire. L'Algérie a eu sa revanche finalement sur un terrain neutre et a su répondre au langage haineux de ceux qui se font appeler monde civilisé grâce à des hommes cultivés, disciplinés et surtout très sportifs. «Une belle gifle», diront les Constantinois. Le tir à 100 km/h de Anthar Yahia a fait oublier aux Constantinois la pression de quatre jours et l'injustice qui leur a été infligée. Ils se sont levés comme un seul homme pour dire merci à nos joueurs, à Saâdane, à Raouraoua, au président de la République, aux éléments de l'ANP et à Air Algérie. Seïf Eddine, jeune étudiant de 22 ans à l'université de Constantine, dira: «Je n'ai jamais été aussi heureux et fier, je ne suis pas parti au Soudan, et je profite de cette occasion pour dire merci au peuple soudanais pour son soutien et sa sportivité. C'est comme cela que j'aime mon pays, uni et soudé, c'est la plus belle image que puisse refléter le patriotisme de notre nation.» A ses côtés, son frère aîné, Abderahim, 28 ans, juriste ajoute: «Moi ce soir, je veux faire la fête et personnellement, je ne m'abaisserai pas pour répondre aux insultes et aux accusations infondées des Egyptiens. Cela ne vaut même pas la peine. Leur répondre, c'est leur donner de l'importance qu'ils ne méritent pas Laissons place à la joie et à la gloire des Verts.» Un vieux à Saint-Jean qui dansait avec sa canne dira: «Ma fille, vous n'avez pas vécu le jour de l'Indépendance. C'est exactement la même chose et je n'ai rien à ajouter, allez donc faire la fête aussi.» Oubliés le terrorisme, les problèmes sociaux, la grève des enseignants, le moment est à la fête. Depuis mercredi soir, la ville abrite une seule famille, parlant le même langage et sans aucun doute fêtant la victoire de l'Equipe nationale. Et c'est dans cette même ville que des sages ont dit: «Nous n'avons aucune haine envers les autres. De nombreux Egyptiens vivent dans nos quartiers et ils n'ont pas été inquiétés, contrairement aux allégations des médias égyptiens. Ce sont eux qui ont déclenché les hostilités et cela l'histoire s'en souviendra.»